En couverture, un Puccini désabusé, à tout le moins distancié, fumant jusqu’à la fin … malgré son cancer de la gorge diagnostiqué. Aux côtés des biographies déjà nombreuses, le texte publié par Actes Sud se distingue par la pertinence de son approche; l’originalité de certaines analyses, en particulier dans la partie intitulée « Pucciniana »: collection d’articles thématiques sur certains aspects essentiels de la création puccinienne.
On comprends pourquoi Puccini est bien un auteur à part, qui prend ses distances avec le vérisme comme avec la giovane scuola. Sûr de sa différence, celui qui a bien révolutionné l’opéra italien en lui apportant un sens réactivé du drame comprenant de vrais effets, proche en cela de Verdi, se dévoile pourtant ici dans son cynisme solitaire et sur la fin, désespéré, voire suicidaire s’il n’était l’amour/amitié de sa muse et confidente Sybil Seligman.
On croise le thème central du mensonge, de la mort, de la duplicité, de l’absence de rire et d’humour… autant de valeurs structurantes qui nourrissent l’étoffe d’un théâtre lyrique hors du commun où a toujours flotté l’ombre inspiratrice, impressionnante de… Wagner…
En complément au récit chronologique, l’auteur développe donc une série de textes thématisés (questions de voix, de paysages, de livrets, présence à Bayreuth, composer après Verdi, et même … analogies flaubertiennes…), un court exposé des dates clés, une non moins courte mais essentielle discographie.
Sylvain Fort: Puccini. Collection Classica. Editions Actes Sud. Parution: octobre 2010. 152 pages. 16 euros.