vendredi 19 avril 2024

Sergueï Prokofiev, Ivan le terrible France 3, Samedi 17 mars 2007 à 00h50

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Sergueï Prokofiev
Ivan le terrible

France 3
Samedi 17 mars 2007 à 00h50

Chorégraphie : Yuri Grigorovich. Costumes : Simon Virsaladze. Avec : Nicolas Le Riche, Ivan ; Eleonora Abbagnato, Anastasia ; Karl Paquette, Kurbsky. Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, Direction musicale : Vello Pähn. Réalisation : Thomas Grimm. Enregistré à l’Opéra National de Paris en décembre 2003. 1h44mn. TDK a publié en dvd cette production de l’Opéra de Paris.

En deux actes et dix-huit tableaux, le ballet de Yuri Grigorovich qui reprend la production initiale d’Ivan le terrible réalisé au cinéma par Eisenstein en 1944 d’après la musique de Prokofiev, a été l’objet d’un spectacle mémorable à l’Opéra National de Paris (quatorze représentations en 2003). L’action privilégie certes les scènes collectives (80 danseurs sur scène dans certains tableaux!), expressionnistes, hallucinées sur le rythme trépignant, martelé de Prokofiev mais elle s’intéresse aussi à l’évolution du personnage d’Ivan qui n’a pas usurpé son qualificatif de « Terrible ». Si l’homme voue une passion sensuelle à Anastasia, il se montre d’une ambition sans limites, incarnation du despote et de la terreur.

Grigorovitch reste la figure emblématique de l’âge d’or du Bolchoï. Pendant trente ans, le chorégraphe a conçu des productions esthétiques remarquables d’après les musiques de Khatchatourian, Prokofiev ou Chostakovitch. Dans chaque ballet, il a su trouver un point d’équilibre entre vérité, passion, énergie. Cette version d’Ivan le Terrible a été créé en 1975 à Moscou. Plongeant au coeur d’un XVI ème siècle sombre et tourmenté, l’intrigue et la dramaturgie imaginent la violence et le mouvement des scènes de foule (omniprésentes) comme contrepoint des tumultes tout aussi ravageurs, qui assiègent l’esprit possédé d’Ivan. L’unification du pays dont il est l’initiateur, ne va pas sans atrocités commises sur le peuple. Intransigeant et cruel, Ivan massacre les boyards , accable ses proches, maltraite tout ceux qu’il n’admire pas.

L’excellence de la prestation du Ballet de l’Opéra de Paris
vient de l’incarnation que donne le danseur étoile Nicolas Leriche du personnage principal. L’agilité est souveraine; l’acteur, intense et mesuré; son visage, sculpté dans la lumière, en contrastes aigus, eux aussi expressionnistes, confère à Ivan, son âme habitée, ses excès, ses dérapages entre délices et folie.
Ainsi, le despote sait encore s’émouvoir à l’apparition de la belle Anastasie dont Eleonora Abbagnato donne cet éclat solaire et humain, dans une fresque lunaire et déshumanisée.
De son côté Karl Paquette (Kurbsky), double d’Ivan, ami puis rebelle, (rongé par l’envie et la jalousie, il aime lui aussi Anastasia) souligne le brio de son personnage qui rehausse comme en un trio de protagonistes, le couple sublime incarné par Leriche/Abbagnato. Avec Ivan le Terrible, le Ballet de l’Opéra de Paris a sublimé une perle chorégraphique qui met en évidence les excellentes dispositions de ses solistes comme la cohérence de son corps de ballet. Incontournable.

Crédit photographique
Ivan le terrible, Fedor Chaliapine (DR)

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