lundi 5 mai 2025

Salvatore Licitra, ténor. Pagliacci, Cavalleria Rusticana (Gênes, 2007) Mezzo, du 9 janvier au 16 février 2008

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Salvatore Licitra (né en 1968)
Ténor

Ruggero Leoncavallo: Pagliacci (Paillasse)

Pietro Mascagni
: Cavalleria Rusticana

Mezzo
Le 9 janvier 2008 à 20h30. Cavalleria à 21h50
Le 15 janvier 2008 à 17h. Cavalleria à 18h20
Le 17 janvier 2008 à 10h. Cavalleria à 11h25

Le 7 février 2008 à 10h. Cavalleria à 11h25
Le 16 février 2008 à 22h45. Cavalleria à 00h10

Opéras fimés au Teatro Carlo Felice de Gênes, février-mars 2007.

Ténor, lirico et spinto

Salvatore Licitra est un ténor que n’a pas peur des défis. C’est lui qui remplace au pied levé Luciano Pavaroti, lors de ses adieux annoncés au Met à New York en mai 2002, dans une Tosca qui signe sa révélation au grand public (11 mai 2002). Le rôle de Mario Cavaradossi, flambeau de l’héroïsme puccinien permet au jeune artiste de 33 ans, de brûler les planches et de conquérir un public plus large à l’échelle mondiale. L’artiste né suisse, à Berne en 1968, de parents d’origine sicilienne, était alors protégé de Ricardo Muti, une jeune étoile scaligène sans rayonnement européen. Aujourd’hui à 38 ans, son aisance scénique n’a pas faibli, ni son timbre, perdu en impériale musicalité: alliant élégance et puissance, articulation et style, avec une aisance dans l’aiguë assez impertinente, l’élève se montre digne de son maître, Carlo Bergonzi. C’est d’ailleurs dans un spectacle des « élèves de Bergonzi » que Licitra fait ses débuts remarqués, à Parme en 1998 (Un Ballo in maschera de Verdi): le graphiste qui travailla un temps pour la mise en page du Vogue Italie, confirme sa passion du lyrique. Muti le remarque et engage le jeune ténor pour Alvaro dans La Forza del Destino. Ainsi commence sa carrière au début des années 2000, comme jeune espoir du chant milanais, trouvant sur la scène de la Scala, un tremplin propice: Cavaradossi (Tosca) aux côtés de Maria Guleghina, Manrico dans le Trouvère de Verdi… C’est d’ailleurs dans cette oeuvre que Licitra, suivant la volonté du maestro Muti, ne chante pas le contre-ut que le public attend, dans son air « Di quella pira » (que Verdi n’écrivit jamais)… Sa prestation « mutilée » fut jugée choquante par le public hystérique de La Scala qui lincha le jeune ténor. Depuis, il s’est rattrapé dans un disque d’airs d’opéras sous la conduite de Carlo Rizzi (Sony Classical) où l’artiste ne fait aucun mystère de ses aigus (et nombreux contre-ut) absolument fascinants. En 2008, Salvatore Licitra chantera Norma (aux côtés de Renée Fleming, Tanglewood. Boston Symphony Orchestra, James Levine), Il Tabarro (Los Angeles Opera), La Forza del destino (versions de concert avec la Philharmonic de Los Angeles, James Conlon), Le Trouvère de Verdi au Metropolitan Opera de New York (nouvelle production).

Scène vériste

Dans les deux opéras en provenance du Teatro Carlo Felice de Gênes (2007), le ténor montre l’ampleur de sa présence scénique et l’intensité vocale de son style: lirico et spinto. C’est un artiste entier qui éclaire la vérité émotionnelle des personnages incarnés, palpable dans la production de Paillasse, dans lequel il est entouré d’une solide distribution, (mis à part Silvio). Licitra donen corps à ce clown triste de la commedia dell’arte, dont la grandeur dérisoire et faible se révèle finalement fatale pour l’inconsciente Nedda. L’oeuvre vériste de Leoncavallo exploite le trouble scène/vie réelle, illusion/réalité: quand Canio chante sur la scène le rôle de Paillasse, mari trompé de la belle Nedda/Colombine qui lui préfère Arlequin, il apprend à ses dépends que la scène reproduit la réalité: Nedda se décide à le quitter pour s’enfuir avec son amant, Silvio. Dans l’opéra, le théâtre dépasse et surpasse la réalité: le jeu de l’acteur n’exprime plus la vérité, il devient l’essence même de la passion humaine. D’ailleurs, le prologue, par la voix de Tonio (autre rival de Canio, dans Paillasse), souligne la fascination trouble du jeu du chanteur: où est la vérité? L’émotion de l’acteur sur les planches n’est-elle pas, en définitive, plus vraie que l’action insignifiante des passants dans la rue? La fascination de l’oeuvre tient à cette ambiguité, favorable à son déploiement scénique et visuel (très bien traité dans la mise en scène gênoise), mais aussi à la puissance à la fois lyrique et tragique de la partition en deux actes…

La production successive de Cavalleria Rusticana de Mascagni
, représentée dans la foulée de Paillasse, est de la même eau: puissante, lyriquement ardente, grâce au duo Santuzza/Turiddu, tendu et passionnel. Sous la direction de maestro Bruno Bartoletti (attentif aux accents dramatiques de chaque drames), Josella Ligi comme Salvatore Licitra portent un bel canto plein de dignité hargneuse, de fierté inflexible, d’autant plus efficace qu’il est servi par deux lignes de chant, articulées et souples.

Opéras filmés en février et mars 2007 au Teatro San Carlo de Gênes. Avec Salvatore Licitra (Canio/Turiddu), Svetla Vassileva (Nedda), Silvio Zanon (Tonio), Bruno Ribeiro (Peppe/Arlechino), Paola Gardina (Lola)… Mise en scène: Sebastiano Lo Monaco. Orchestre et choeur de Teatro Carlo Felice de Gênes. Bruno Bartoletti, direction.

Crédits photographiques: Salvatore Licitra (DR)

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