Jadin dévoilé …
Nous ne présentons plus Gabriel Fauré (1845-1924) dont le corpus pianistique est important, varié sans être figé dans une seule et unique vision, et permet à l’interprète de pouvoir aller dans des sentiers neufs. Les oeuvres choisies par Jean Claude Pennetier pour son récital sont empreintes de nostalgie et en même temps prennent un ton et une sonorité intimiste qui entrainent l’auditeur sur la voie de la méditation; Fauré qui se montrait éxigeant avec ses interprètes l’était tout autant avec lui-même, surtout lorsqu’il composait pour le piano. Proche de son public, Jean Claude Pennetier prend le temps d’annoncer les oeuvres qu’il va jouer.
En revanche, Hyacinthe Jadin (1769-1800) est quasiment inconnu et sans la douzaine de recueils d’oeuvres (sonates pour piano, trios et quatuors pour instruments à cordes et deux concertos pour piano…) qui nous sont parvenus, le compositeur mort à seulement 31 ans serait resté dans l’ombre comme tant d’autres musiciens. Néanmoins, la sonate qu’interprète Pennetier est un grand moment de musique grâce à un jeu tout en finesse; Jean Claude Pennetier fait entrer son auditoire dans un monde qui se situe entre ciel et terre; la partition fraîche et guillerette mérite largement d’être ainsi dévoilée.La première partie du programme consacrée à la musique française nous permet de nous plonger dans deux univers très différents mais complémentaires: Jadin annonce déjà ce que sera la musique pianistique à l’époque romantique.
Liszt tout en simplicité
En seconde partie de ce récital, c’est bien sûr Franz Liszt dont nous célébrons le bicentenaire cette année et dont Jean Claude Pennetier a choisi d’interpréter quatre oeuvres de la fin quand le Hongrois s’est consacré à la musique religieuse en transcrivant les oeuvres de compositeurs de l’époque baroque notamment. Jean-Claude Pennetier prend un réel plaisir à jouer ces quatre oeuvres composées ou transcrites alors que Liszt avait reçu, après en avoir manifesté le souhait lors de son séjour romain, les quatre ordres mineurs. Tout au long de cette seconde partie, Pennetier alterne recueillement et jubilation sans tomber dans une religiosité excessive, lourde ou pâteuse. L’énergie du pianiste alors qu’il exécute ces oeuvres est un régal d’autant que la vie qu’il leur insuffle coule tel un fleuve s’écoulant en cascade. Et le tourbillon dans lequel le public est entrainé est accentué par la magie du cadre.
Saintes. Abbaye aux dames, le 21 mai 2011. Hyacinthe Jadin (1769 1800) : Sonate op.4 n°2 en fa dièse mineur; Gabriel Fauré (1845 1924) : 5ème impromptu, 3ème barcarolle, 5ème barcarolle, 13ème nocturne; Franz Liszt (1811 1886) : Pater Noster, Ave Maria, Bénédiction de Dieu dans la solitude (extrait des Harmonies poétique et religieuses), variations sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen »). Jean Claude Pennetier, piano. Par notre envoyée spéciale Hélène Biard.