vendredi 19 avril 2024

Rudolf Noureev, portrait France 3. Vendredi 19 décembre 2008 à 23h25

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Rudolf Noureev
Portrait

L’heure du ballet…

France 3
Vendredi 19 décembre 2008
à 23h25

Magazine présenté par Alain Duault.


Faune danseur

Faune sauvage, elfe et éphèbe rebelle... Rudolf Noureev, né en 1938, aurait eu 70 ans, le 17 mars dernier. Pour les 15 ans de sa disparition (le 6 janvier 1993), l’ex directeur de la danse de l’Opéra de Paris inspire ce documentaire où paraissent nombre de figures qui l’ont bien connu. En particulier, celle qui le découvre alors qu’il n’est qu’un membre certes doué mais gênant (en raison de son homosexualité) au sein du Kirov à Saint-Pétersbourg: Jacqueline Ringuier. C’est elle qui ayant repéré le danseur virtuose dans Don Quichotte, le fait venir en tournée en Europe, à Paris où 1961 il demande l’asile politique. Il n’a que 23 ans.

Retour sur sa formation au Kirov qu’il rejoint à 17 ans, ses relations difficiles avec son père, plus tendres avec sa mère. Le style Noureev étonne par son énergie acrobatique, sa prolixité de pas, son placement parfait qu’il doit à une musculature puissante. En Occident, le jeune danseur fait un duo particulièrement remarqué avec la danseuse étoile Margot Fontaine qui est son aînée de 19 ans (42 ans). Tout oppose leur tempérament (droiture intègre et pudique de la danseuse), feu incandescent et énergique, fougueux et sensuel du danseur… or leur entente fait des étincelles dont les incarnations sur la scène, demeurent encore légendaires.
La personnalité de Noureev est évoqué au travers de nombreuses interviews télévisées où l’artiste se dérobe toujours, félin, mystérieux. Homme de culture, il fut ce grand solitaire qui cependant aimait fréquenter la jet set parisienne…
Ses deux grands ballets, réalisés à Paris, Raymonda au moment où il est nommé directeur de la danse, mais aussi La Bayadère quand il n’a plus la tonicité et l’intrépidité de sa jeunesse, alors qu’il est frappé par le Sida depuis 1984, sont évoqués. Raymonda, à la fois « noble et contrasté », est le ballet par excellence exigeant autant des solistes que du Corps de Ballet tout entier; la préparation de La Bayadère, créée le 8 octobre 1992, son oeuvre testamentaire, est plus douloureuse comme en témoigne Charles Jude, qui l’accompagna jusqu’à la fin.

Hors du ballet classique, Noureev, alors qu’il baigne dans le milieu traditionnel du ballet « historique », montre une curiosité visionnaire pour la danse contemporaine: celle de Béjart qui lui écrira Les Chants d’un compagnon errant d’après Gustav Mahler (mars 1971, dansé en duo avec Paolo Bortoluzzi); pour Le Jeune Homme et la mort aussi dont il regrettera que Béjart ne lui est pas offert la création, à la faveur de Mikhail Barichnikov…
En 1987, l’Urss de Gorbatchev qui souhaite « ouvrir » le pays et adoucir le régime en assouplissant le mouvement aux frontières, permet le retour dans son pays du grand exilé russe, jusque là figure de la dissidence russe: les images d’archives montrent le danseur ému de retrouver la terre qui lui a refusé les honneurs et la liberté.
Comme Serge Lifar, Rudolf Noureev est enterré à Sainte-Genneviève des bois, non loin de la tombe de Tarkovski.
Le documentaire est riche grâce aux images du danseur alors à l’apogée de ses possibilités, aux séances des répétitions menées par le directeur de la danse. Son oeuvre reste immense pour l’Opéra de Paris: Nourrev a non seulement structuré le répertoire classique de la Maison, revisitant les grands ouvrages romatniques, mais il a aussi élevé le Ballet à un niveau d’excellence, grâce à son perfectionnisme appris à l’école de la discipline au sein du Kirov… La diversité des témoins ajoute à l’intérêt global de ce portrait que France 3 complète pour les fêtes par la diffusion du ballet Raymonda, filmé en 2008 sur la scène du Palais Garnier en décembre 2008.

Illustrations: Rudolf Noureev (DR). En 1971, dans Les Chants d’un compagnon errant d’après Mahler (DR)

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