vendredi 19 avril 2024

Rossini: Le Comte Ory (Benini, 2011)2 dvd Virgin Classics

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dvd, critique, comte rendu
Rossini: Le Comte Ory au Metropolitan Opera de New York, live avril 2011

Chef d’oeuvre de finesse à la française, Le Comte Ory créé au Metropolitan par ce live pétillant convainc de bout en bout, conservant sa malice intimiste, son format de miniature cocasse malgré la scène new yorkaise et sa démesure déformante.

Scéniquement, les tréteaux de bois rétablissent le vrai format de l’oeuvre et concentre le jeu impeccable des acteurs chanteurs dont le tempérament et la complicité font évidemment les délices de la production. 3 stars lyriques actuelles, toutes détentrices d’un authentique savoir faire bel cantiste, en particulier rossinien (donc bienvenu ici) offrent une plus value étonnante à l’ouvrage créé en 1828 à l’Académie royale de musique: puissance, subtilité, intelligibilité et facétie évidemment car nous sommes selon les propres mots de la présentatrice de charme, René Fleming soi même, dans un sommet de farce française.



Saveur et subtilité françaises

Le chef Maurizio Benini, très inspiré par le répertoire, sait relancer constamment la légèreté trépidante à l’oeuvre dans l’ouvrage qui se joue de toute la convention du genre lyrique: ouverture fracassante avec choeur mordant et lumineux auquel répond l’apparition du faux mage providentiel venu prêcher la bonne parole à l’assemblée des femmes esseulées depuis le départ des maris soldats, partis pour la croisade: Juan Diego Florez étonne dès son premier air par la finesse des phrasés, la précision de la langue, le jeu comique d’une saveur toute filigranée: quel chanteur et quel acteur!
En comte Ory, le ténor péruvien est bien ce rossinien de grande classe qui se délecte à colorer chaque nuance lyrique, exploitant toutes les ressources des nombreux travestissements liés à son personnage.
De son côté, déjantée et troublante, Diana Damrau fait une comtesse Adèle séduisante mais elle n’a pas le chien, l’assise ni surtout la perfection linguistique d’une Annick Massis, interprète indétrônable du rôle, entre dignité et fantaisie, pour qui l’a vue sur scène, à l’Opéra Comique entre autres…
Un grand oui pour l’Isolier plein d’astuces et de joie scénique de l’impeccable Joyce DiDOnato dont l’ardeur drôlatique surenchérit dans la finesse celle de Florez! Stéphane Degout fait un Raimbaud sûr et percutant; Michele Pertusi même en fin de carrière, brille lui aussi par son intelligence vocale; seule la Ragonde de Susanne Resmark (dès la première scène) inflige dans cette arène éloquente, une langue inconnue parfois riche et très grave.
Le dernier opéra comique de Rossini créé à Paris en 1828, ne pouvait rêver plateau plus complice, convaincant, lumineux. Aux délices vocaux, répond l’intelligence des situations théâtrales parfaitement restituées ici.

Gioachino Rossini: Le Comte Ory. Opéra en deux actes créé à l’Académie Royale de Musique, Paris, le 20 août 1828. Livret de Eugène Scribe et Charles-Gaspard Delestre-Poirson.

Le Comte Ory: Juan Diego Flórez
La Comtesse Adèle: Diana Damrau
Isolier: Joyce DiDonato
Raimbaud: Stéphane Degout
Le Gouverneur: Michele Pertusi
Ragonde: Susanne Resmark
Alice: Monica Yunus

Choeurs et orchestre du Metropolitan Opera de Neww York. Direction: Maurizio Benini. Mise en scène: Bartlett Sher. Enregistrement live réalisé au Met (New York), le 9 avril 2011. 2h33 mn. 2 dvd Virgin classics

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