Gioacchino Rossini
Le Barbier de Séville, 1816
Les 24, 26, 28 septembre puis 1er, 3 et 5 octobre 2010
Les 13, 15 et 17 octobre 2010
Giuseppe Grazioli, direction
Frédéric Bélier-Garcia, mise en scène
Champion du genre seria, Rossini, dans l’Italie sous occupation
autrichienne, après s’être attaqué en réformateur et concepteur d’une
nouvelle virtuosité vocale, entend dans les années 1810, rehausser l’art
du Buffa. Après deux « turqueries » (pour s’échauffer), l’Italienne à
Alger puis Le Turc en Italie, sa verve géniale trouve un nouveau point
d’accomplissement dans Le Barbier de Séville, perle buffa créé à l’Argentina à Rome en 1816 d’après Beaumarchais (1775).
Le comte Almaviva, de retour à Séville où son ancien serviteur est devenu Barbier, entend séduire et conquérir la belle Rosine… Or celle-ci est séquestrée par son tuteur, le docteur Bartolo qui a entrepris de l’épouser ni plus ni moins. Avec la complicité de Figaro, Almaviva (déguisé en Lindor puis Alonzo) réussit son projet: après moult péripéties et rebondissements nourrissant l’action des 2 actes, le jeune séducteur peut épouser la jeune femme car il renonce à sa dot: et Bartolo plus vénal que romantique se laisse amadouer dans ce jeu où l’argent fait tout.
Le jeune compositeur frappe très fort: il se souvient de la psychologie mozartienne (celle des Noces également inspirée de … Beaumarchais), mais aussi des ensembles ébouriffants de Mozart; surtout Rossini égale sinon surclasse le précédent Barbier sévillan de… Paisiello, gloire européenne adulée de l’Empereur, et depuis sa création en 1782, (à Saint-Pétersbourg), réputé… inégalable.
Malgré le scandale et la cabale orchestrés par les partisans de Paisiello venus détruire le nouveau chef-d’oeuvre, le Barbier rossinien s’impose dès la seconde et remporte un triomphe avec la troisième représentation romaine. Rossini y démontre sa séduction mélodique, son intelligence dramatique, la fine caractérisation des personnages, un geste lyrique qui dépasse tous les buffas napolitains connus jusque là. Monsieur crescendo (écoutez l’air de la calomnie réservée au maître de musique de Rosina, Basilio; mais aussi tout le final trépidant du I), concepteur d’une vocalità éblouissante qui développe le tempérament des caractères (air de Rosina, une voce poco fa)…
Rossini dévoile son génie grâce au Barbier.

Illustration: photographie de Maleonn dont l’oeuvre accompagne l’identité visuelle de la nouvelle saison 2010 – 2011 d’ Angers Nantes Opéra