mardi 29 avril 2025

Richard Wagner: The great Operas from Bayreuth Coffret 33 cd Decca

A lire aussi

Wagner à Bayreuth
(1961-1985)

Superbe voyage à rebours, historique voire légendaire, que nous offre Decca
dans ce somptueux coffret de 33 cd, intitulé « Richard Wagner: The Great
Operas from the Bayreuth Festival ». En puisant dans ses archives de
Bayreuth, la firme discographique distingue quelques perles
incontournables telles les Sawallisch des années 1960 et surtout, les
Böhm, stupéfiants, des années 1970. La Tétralogie s’y impose anthologique comme Tristan und Isolde de 1966 avec le couple Windgassen, Nilsson. Réédition événement. Voici assurément « Le » coffret de votre été 2008 !

L’été apporte sa moisson de perles discographiques. Aux
côtés des coffrets Emi classics, dédiés à Youri Egorov et Dinu Lipatti,
aux côtés du coffret Brendel édité par Philips pour la tournée d’adieux
2008 du pianiste autrichien, , mais aussi l’excellent coffret Puccini
(The complete operas, Sony Bmg), ce coffret Bayreuth s’impose
indiscutablement: versions légendaires et prix cadeau. La boîte de 33
cd est un must absolu. D’autant plus opportun que depuis quelques
années, on sait la chute de qualité du Festival de Bayreuth, que les
meilleures productions wagnériennes ne se voyant plus guère sur la
colline verte mais bien dans les théâtres disséminés de la planète, à
commencer par Aix, qui cet été encore, nous offre un Ring (Siegfried) convaincant… sous la direction de Rattle.

Voici donc une remémoration bénéfique qui dévoile ce que fut Bayreuth entre 1961 et 1985. Oublions les lectures moins immédiatement captivantes: Les Maîtres Chanteurs de Varviso (1974) quand Wieland Wagner mettait en scène. Le Lohengrin
(1962) de Sawalisch, « diminué » par la hideuse Ortrud d’Astrid Varnay
déchirant une lecture pourtant unitaire grâce au duo Jess Thomas/Anja
Silva (Lohengrin/Elsa)… Certains, se crisperont d’autant à l’écoute du Parsifal récent
de James Levine (1985, pour le centenaire de la production), au rythme
tellement ralenti qu’il en devient étale, d’une morne langueur
dévitalisée… mais Waltraud Meier en Kundry y étincelle de son
diamantin mezzo, ardente et palpitante, passionnée et hallucinée,
répondant aux blessures chantantes de Simon Estes (Amfortas) dont la
passion égale la désespérance humaine, le don total de sa partenaire…

Perles Bayreuthiennes: Sawallisch et Böhm

Le noyau superlatif du coffret demeure les lectures de Karl Böhm.
Une direction faite enchantement et embrasement, poésie et épisme d’une
force et d’une finesse rarement atteints. Programme consistant et
d’autant impressionnant: Tristan und Isolde (1966), complété par une Tétralogie anthologique: Das Rheingold (1971), Die Walküre (1967), Siegfried (1971), Götterdämmerung (1967).
L’activité de l’orchestre s’y révèle subjuguante: à l’opposé d’un
Karajan qui recherche le chambrisme fusionnel du son, Böhm s’intéresse
à la diversité des phrasés, aux respirations multiples et ténues,
restituant dans l’écoulement musical, une énergie hypersensible, une
activité impalpable, dont les frémissements organiques emportent
l’action. Et le plateau vocal est l’un des plus solides, chaque
individu défendant sa propre histoire, son individualité sanguine:
Wolfgang Windgassen (Siegfried), Birgit Nilsson (Brünnhilde), Theo Adam
(Wotan/ Der Wanderer), … Même duo ivre et tendre, frappé par la
malédiction pour Tristan und Idolde (Windgassen/Nilsson).

De leurs côtés les apports de Wolfgang Sawallisch (Le Vaisseau Fantôme, 1961 et Tannhäuser,
1962) n’ont pas cette violence poétique, à la fois déflagration et
songe d’un Böhm, grand gagnant devant l’histoire. Mais… les accents
de vive allure, l’intelligence des phrasés de son Lohengrin
restent captivants: lyrisme certes mais âpreté dans la peinture
médiévale… le relief et l’aspérité de Silva et de Jess Thomas
ajoutent encore à l’incise de cette pointe sèche expressionniste. Ni
oie blanche pour l’une, ni icône sirupeuse pour l’autre: tous deux
palpitent avec vérité selon leur désir. A tel point qu’Anja Silva
pourrait bien avoir trouvé en Elsa, « le » rôle de sa carrière.

Certes pour tous les amateurs, les plus éclairés comme aussi les
néophytes, le coffret s’avère propice en compréhension sur la
dramaturgie wagnérienne: à défaut des livrets intégraux, l’éditeur
complète les 33 cd, d’un livret dont le synopsis avec indication des
plages, permet de suivre chaque action… ce qui est loin être inutile
s’agissant par exemple du Ring. Coffret événement.

Richard Wagner (1813-1883): The great operas from the Bayreuth Festival. Choeur et orchestre du Festival de Bayreuth (1961-1985), 33 cd Decca.

cd 1 et 2. Der fliegende Holländer
Anja Silja / Fritz Uhl / Josef Greindl / Franz Crass
Wolfgang Sawallisch

cd 3-5. Tannhäuser
Silja / Wolfgang Windgassen / Eberhard Wächter /
Josef Greindl. Wolfgang Sawallisch

cd 6-8. Lohengrin
Anja Silja / Astrid Varnay / Jess Thomas / Ramon Vinay. Wolfgang Sawallisch

cd 9-11. Tristan und Isolde
Birgit Nilsson / Wolfgang Windgassen. Karl Böhm

cd 12-15. Die Meistersinger von Nürnberg
Hannelore Bode / Jean Cox / Bernd Weikl / Karl Ridderbusch / Hans Sotin. Silvio Varviso

cd 16 et 17. Das Rheingold
Annelies Burmeister / Wolfgang Windgassen / Theo Adam /Gustav Neidlinger. Karl Böhm

cd 18-21. Die Walküre
Birgit Nilsson / Leonie Rysanek / James King / Theo Adam. Karl Böhm

cd 22-25. Siegfried
Birgit Nilsson / Wolfgang Windgassen / Theo Adam
Karl Böhm

cd 26-29. Götterdämmerung
Birgit Nilsson / Wolfgang Windgassen / Josef Greindl /Gustav Neidlinger. Karl Böhm

cd 30-33. Parsifal
Waltraud Meier / Peter Hoffmann / Hans Sotin / Simon Estes. James Levine

Chœur et Orchestre du Festival de Bayreuth

Illustration: Karl Böhm (DR)

Derniers articles

CRITIQUE, opéra. MILAN, Teatro alla Scala, le 27 avril 2025. FILIDEI : Il Nome della rosa. K. Linday, L. Meachem, D. Barcellona, C. Vistoli…...

Voilà une création qui fera date. Pour son troisième opus lyrique, Francesco Filidei a frappé fort, grâce à un...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img