L’homme en quête de son salut. Tannhäuser a goûté au Venusberg, le poison des plaisirs. Revenu dans le monde réel, il prend conscience de l’étendue de sa faute par le chagrin qu’il inflige à Elisabeth, la nièce du Landgrave. Peut-il être sauvé ? Le regret efface-t-il le poids de la culpabilité ? Sur le sujet d’un pardon improbable, Wagner a composé et écrit le livret d’un opéra en trois actes : Tannhäuser, créé à la Cour de Dresde le 19 octobre 1845. La production diffusée cet été par Mezzo permet d’écouter une wagnérienne éblouissante : Waltraud Meier.
Créé à la cour de Dresde le 19 octobre 1845, l’œuvre illustre la légende médiévale tout en offrant le théâtre musical romantique. Ni historique ni sentimental mais humain, profondément humain. Le compositeur approfondira encore la psychologie des caractères et l’impossibilité du rapport homme/femme avec Lohengrin (1848). Peu à peu, se précise le nouveau théâtre lyrique allemand, depuis Mozart (L’Enlèvement au sérail), Beethoven (Fidelio), surtout Weber (le Freischütz). Wagner donne enfin un théâtre musical digne des aspirations littéraires des grands romantiques, tel Goethe qui avait reconnu dans l’Enlèvement au sérail de Mozart, ce théâtre de l’avenir, porteur des espoirs pour une poésie devenue musique.
Dans Tannhäuser, Wagner expérimente déjà les grands thèmes de la dramaturgie à venir, celle qui est à l’oeuvre dans l’Anneau du Nibelung puis de Parsifal. La malédiction du héros trouve une ultime rédemption grâce à l’amour d’une femme, ici Elisabeth permet au chevalier de se défaire de la fatalité et des ensorcellements de Vénus. Femme pure et femme vénéneuse. Plus tard, dans Parsifal, Kundry fusionne les deux aspects. Elle est la figure pêcheresse qui absorbe jusqu’à la mort le péché des hommes. Wagner avait déjà abordé le thème de la femme rédemptrice dans le Vaisseau Fantôme, faisant de Senta, celle qui permet également au voyageur errant de se libérer du cycle de la solitude maudite. Seul Elsa, dans Lohengrin qui suit Tannhaüser, marque un échec entre homme et femme. L’amoureuse ne peut donner sa confiance à celui qui lui est apparu.Et ce dernier, repart finalement, la laissant morte au terme d’une véritable initiation dont elle n’a pas compris le sens.
Malédiction ou rédemption, vénalité ou vertu, désir de meutre ou aspiration mystique, le théâtre de Wagner porte une exceptionnelle énergie de dépassement des cadres classiques de l’opéra. Avec lui, musique et théâtre fusionnés redéfinissent la notion de dramaturgie. Opéra romantique, opéra de l’avenir, son oeuvre allait marqué de façon indélibile l’histoire du genre lyrique en Europe.
Paris accueillera après Dresde l’ouvrage dans une version révisée par le compositeur lui-même et portée sur la scène en 1861 en suscitant un scandale mémorable. La version choisie par Mezzo est des plus intéressantes. Filmé en 1995, le plateau réunit quelques excellents wagnériens, Waltraud Meier (Vénus) et René Kollo (Tannhäuser) en tête. Sous la baguette active de Zubin Mehta, l’orchestre de Bavière déploie une ivresse de sons totalement efficace, accentuant le dilemme du chevalier ménestrel entre l’attrait du désir et le renoncement. Frénésie, repentir, tel est bien l’épopée du héros wagnérien.
Richard Wagner : Tannhäuser (1845)
Orchestre de Bavière, chœur et ballet de l’Opéra de Bavière, direction : Zubin Mehta. Avec : Jan-Hendrik Rootering (Hermann) ; René Kollo (Tannhäuser) ; Waltraud Meier (Vénus) ; Nadine Secunde (Elizabeth) ; Bernd Weikel (Wolfram).
1995, 3h15. Réalisation: Brian Large
diffusions
le 5 août à 20h50
le 6 août à 13h45
le 15 août à 15h30
le 19 août à 2h50
le 25 août à 15h45
illustrations
Le concours de chant à la Wartburg
Tannhäuser dans la grotte de Vénus
décor peint, château de Neuschwanstein.
Waltraud Meier (dr).