chroniques d’été
Le néoclassicisme renaît en Europe… Signe des temps, hasard du calendrier esthétique et musical, ou signe fort en un temps d’incertitude et de crises répétitives… ? Le Palazzetto Bru Zane diffuse à l’été 2012, une première vague de concerts « néoclassiques », en juillet et août, de Nuremberg à La Côte Saint André, de Namur à Liège… préludes prometteurs à son prochain festival vénitien débutant en septembre prochain…
Avant de lui consacrer un festival entier à Venise à partir du 22 septembre: « Antiquité, mythologie et romantisme » du 22 septembre au 4 novembre 2012, le Palazzetto Bru Zane Centre de musique romantique française a déjà commencé le cycle de ses événements néoclassiques, quand les romantiques français ressuscitaient l’Antiquité; l’histoire de l’art a connu de nombreux regains d’intérêt pour la noble harmonie des proportions hérités de la civilisation gréco-romaine; le culte de la colonne antique, la tragédie et le sublime pathétique ont pour source les auteurs anciens d’Euripide à Virgile…
Héros, déesses mais surtout spectaculaire et violence dramatique font ici les délices des auteurs soucieux de renouveler les genres musicaux. La figure du héros transcendant, bras armé et délirant contre la fatalité mais aussi la grandeur de Rome, mythes et légendes qui tendent à la poésie voire au pur enchantement, -trace persistante du merveilleux hérité de l’opéra baroque-, tout cela alimente un nouveau type de spectacle, un nouveau genre de développement musical qui à l’époque romantique font siennes, les figures antiques, nouvelles torches de la modernité à naître et faire croître.
Avant Berlioz et ses immenses Troyens, son prédécesseur Méhul fut l’élève direct de Gluck dont le théâtre lyrique demeure un modèle et une source toujours revisitée depuis les années 1770. Le Palazzetto Bru Zane vient de ressusciter l’opéra Adrien (1799; version de concert présentée à Budapest, Palace of Arts, le 26 juin 2012) où Etienne-Nicolas Méhul, dramaturge efficace, certes harmoniquement peu audacieux mais doué d’un sens immédiat de la situation, adopte la nouvelle langue néoclassique. Espace spectaculaire, choeurs omniprésents, solistes portés par ce sublime pathétique et héroïque illustrant le tragique ou l’extase sacrificielle… tout s’y mêle, habilement associé, en un équilibre revivifié.
Avant le festival vénitien dont nous avons parlé (« Antiquité, mythologie et romantisme », du 22 septembre au 4 novembre 2012), plusieurs autres événements jalonnent l’été 2012 comme des préludes d’autant plus passionnants qu’ils mettent à l’honneur sur la thématique choisie, compositeurs, oeuvres ou figures antiques… trop méconnus:
7 juillet 2012
Namur
13 juillet 2012
Salle Philharmonique de Liège
Grandeurs et décadence
récital symphonique et lyrique
Airs d’opéras de Salieri, Lemoyne, Gluck, Méhul, Hérold, Spontini… Jennifer Borghi, mezzo soprano
Les Agrémens. Guy Van Waas, direction
programme repris le 22 septembre, pour le concert inaugural du festival à Venise: « Antiquité, mythologie et romantisme » du 22 septembre au 4 novembre 2012
A l’époque romantique, les héroïnes tragiques de l’Antiquité gagnent une profondeur psychologique exacerbée: vrai défi expressif et vocal pour l’interprète
23 juillet 2012
Nuremberg, Staatstheater
Les Praguois à Paris
Dussek, Gluck, Reicha
Oeuvres concertantes, symphoniques et lyriques
Nürnberger Philharmoniker
Marcus Bosch, direction
26 juillet 2012
Nuremberg, Staatstheater
Johann Christoph Vogel
La Toison d’or, 1784
version de concert
Le Concert Spirituel
Hervé Niquet, direction
Marie Kalinine, Médée
Jean-Sébastien Bou, Jason
Judith Van Wanroij, Hisiphile
Jennifer Borghi, la Sybille
29 juillet 2012
Château de Montjoux (France)
Epigraphes antiques
Debussy, Busser (Hercule aux jardins des Hespérides), Mel Bonis (le songe de Cléopâtre), Ravel…
Sanja et Lidija Bizjak, piano
Programme repris le 22 septembre lors du week end inaugural du festival à Venise:
« Antiquité, mythologie et romantisme » du 22 septembre au 4 novembre 2012
30 août 2012
La Côte Saint-André
Symphonie Urbs Roma de Saint-Saëns
Cléopâtre et Benvenuto Cellini (ouverture) de Berlioz
Anna Caterina Antonacci, soprano
Orch National de Lorraine
Jacques Mercier, direction
Réservez vos concerts !

les programmes, les lieux et les offres spéciales abonnements (package
avantageux comprenant 3, 6, 12 concerts au choix sur l’ensemble de la
saison) sur le site du Palazzetto Bru Zane à Venise.
Informations et réservations au + 39 0415211005; par e-mail:
[email protected]. Par fax: + 39 0415242049
Consultez tous les concerts et programmes défricheurs dans la brochure en ligne désormais accessible

ouvre très officiellement les festivités, à l’automne 2012 (22
septembre 2012): la thématique rayonne à Venise et ailleurs (en fait, la
programmation commence par exemple dès ce 26 juin à Budapest avec
Adrien de Méhul, 1799, puis La Toison d’or de Vogel (1784) le 26 juillet
à Nuremberg…). Berceau et canal des passions exacerbées, le
romantisme a su aussi se nourrir des motifs légués par l’idéal
gréco-romain, à l’époque du premier XIXè napoléonien puis à l’extrémité
de la période romantique, au début du XXè, les compositeurs français
s’approprient les formes antiques. Figures du héros, grandeur romaine,
mythes et légendes… évidemment, les thèmes explorés alimentent la
question de la scène et du drame lyrique. A ne pas manquer: le premier week-end inaugural
(qui mêle grandes formes et chambrisme pianistique): à Venise, récital
de Jennifer Borghi, mezzo soprano dévoilant fureurs et extases lyriques
signés Salieri, Lemoyne, Gluck, Paisiello, Méhul, Hérold, Spontini, le
22 septembre et programme « épigraphes antiques » (Diane et
épigraphes antiques de Debussy, avec des oeuvres de Busser, Bonis, Ravel
par les soeurs Sanja et Lidija Bizjak, piano); extraits d’Atys de
Piccinni (1783), le 23 septembre à Venise, le 24 à Paris…

entre autres… Renaud ou La Suite d’Armide, 1783 d’Antonio Sacchini,
le 19 octobre à Versailles, le 21 à Metz); programme « à l’heure du Debussysme »
(oeuvres de Séverac, Dubois, Schmitt autour des Six épigraphes
antiques, Masques, L’Isle Joyeuse de Debussy) par David Violi, piano, le
19 octobre à Venise; Thésée de Gossec (1782), le 11 novembre à Liège,
le 13 novembre à Versailles; Programme A l’ombre du Vésuve (Les derniers
jours de Pompéi de Joncières, Herculanuum de Félicien David), le 4
novembre à Venise… Festival du 22 septembre au 4 novembre 2012.
Palazzetto Bru Zane
Centre de musique romantique française
saison 2012-2013
(4ème saison)
Rayonnement culturel, diversité des approches. Le
Centre établi à Venise continue de faire rayonner la musique romantique
française dans le monde. Programmation, recherche, livres, disques,
concerts et festivals… les facettes de son action exemplaire montrent
un engagement unique à ce jour dans l’illustration et la diffusion de la
culture romantique française sur la planète.
A ce titre, emblème d’un défrichement patient dévoilant d’indiscutable
trésors oubliés, le dernier festival de la saison passée, « Théodore Dubois et l’art officiel » (avril et mai 2012) a
mis en lumière le romantisme élégantissime de monsieur Dubois
(1837-1925), sensibilité néo classique préservant l’idéal académique à
l’époque de Massenet, Debussy et Ravel…