Pygmalion, 1748
C’est l’oeuvre en un acte (acte de ballet) créé en 1748, parmi les plus réussis de Rameau: le sculpteur Pygmalion tombe sous l’enchantement de la statue féminine qu’il vient de terminer (Galatée). L’Amour paraît et confie aux Grâces l’éducation de la statue devenue vivante: elle est initiée au plaisir et à la vie. En moins de 8 jours, comme Fragonard, le peintre fulgurant, Rameau compose la musique du ballet, commande de cour et créé à Versailles le 27 avril 1748. Le compositeur aurait pu relever le défi de la rapidité grâce au réemploi de matériel déjà écrit. L’oeuvre connaît un succès immédiat et permanent (reprise en 1751, puis jouée pendant la Querelle des Bouffons). Rameau y développe avec génie, ses idées dramatiques d’une rare diversité: l’ouverture fait entendre les coups du sculpteur (martèlement), le premier air de Pygmalion (Fatal amour) exprime l’empire de l’amour qui saisit le corps et l’âme de l’artiste face à sa création… Emoi de l’ingénue qui naît à la vie (simplicité de ses premières paroles destinées à la danseuse Puvigné, créatrice du rôle de la statue); mais c’est la danse, brillante sarabande, qui exprime la vitalité de la statue et aussi le plus haut degré de la civilisation versaillaise. Au coeur de l’ouvrage, Rameau place donc une leçon de danse: celle qui apprend à la statue, les secrets du mouvement et de la grâce. Ce qu’il faut donc maîtriser avant toute autre chose… les âmes bien nées savent danser.
Enfin, la partition exige du ténor qui incarne Pygmalion, la dextérité d’un Jélyotte dans son fameux air particulièrement éclatant: « Règne Amour, lance tes traits »…
France Musique. Dimanche 27 février 2011 à 14h
Illustration: Pygmalion et Galatée (Normand, 1896)