lundi 5 mai 2025

Poitiers. TAP, le 10 avril 2012. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonie N°39; symphonie N°40; symphonie N°41 « Jupiter ». Orchestre des Champs Elysées; Philippe Herreweghe, direction

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Par notre envoyée spéciale, Hélène Biard

Après avoir donné avec succès un concert consacré aux symphonies N° 5 et N°7 de Ludwig Van Bethoveen en tout début de saison, l’Orchestre des Champs Elysées et Philippe Herreweghe, son chef et fondateur, reviennent au Théâtre Auditorium de Poitiers pour donner en deux concerts les trois dernières symphonies de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791).

Un Mozart jupitérien qui éblouit sur instruments d’époque
La musique de Mozart est ici servie par un orchestre de premier ordre dirigé par un chef dont la réputation n’est plus à faire.

Excellent musicien, au répertoire riche et varié, Philippe Herreweghe mène son orchestre tambour battant sans jamais tomber dans la facilité tant la musique de Mozart est complexe, vivante et où l’on trouve de multiples facettes pas toujours évidentes à déceler. Il faut se souvenir que le compositeur fourmille d’idées qu’il couche sur la partition d’un jet avec une aisance qui en a souvent déconcerté plus d’un au fil du temps.

L’important corpus de musique instrumentale de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) n’est pas sans laisser songeur, quand on se souvient qu’il n’avait que tente cinq ans quand il est mort, tout en forçant l’admiration et le respect face à la facilité qu’a toujours eu le jeune génie pour atteindre presque immédiatement l’expression juste.

Des trois dernières symphonies, c’est la N°40 qui, grâce à son premier mouvement a pris le pas sur ses « soeurs » dans la mémoire collective; cependant les deux autres symphonies, la N°39 et la N°41 « Jupiter », données en ce 10 avril s’imposent tout autant par leur invention constante, leur maitrise formelle, la très haute et profonde inspiration qui les a faut naitre.

Philippe Herreweghe dirige son orchestre d’une main ferme, avec une sûreté de métier peu commune, dès les premières notes de la symphonie N°39, le chef donne une dynamique et une impulsion qui apportent à la musique de Mozart des couleurs toujours renouvelées et chaque fois réinventées. Nous constatons également avec plaisir que Philippe Herreweghe dirige avec un bonheur évident l’Orchestre des Champs Elysées et la complicité qui lie le chef et ses musiciens transparait pendant toute la soirée;

Les musiciens répondent au doigt et à oeil du chef charismatique : sa battue précise et nerveuse, détaillée et souple réalise un travail d’orfèvre;
C’est cependant l’interprétation de la symphonie N°40, pilier de la soirée puisqu’elle est donnée à chacun des deux concerts, qui permet à l’orchestre de démontrer son talent avec éclat. La symphonie N°41, l’ultime symphonie de Mozart, qui clôt la soirée est jouée par l’orchestre avec la même rigueur et le même bonheur; et Herreweghe qui connait parfaitement son sujet donne là aussi une vision fort belle et dynamique d’une oeuvre qui, de par son surnom, « Jupiter » peut faire penser au Dieu romain ou à la planète selon le point de vue que l’on privilégie. On ne s’étonnera pas, non plus, que les trois oeuvres données lors des deux concerts de mardi soir rejoignent par certains aspects l’oeuvre lyrique de Mozart étant donné qu’elles ont suivi de peu la création de Don Giovanni (octobre 1787 à Prague; mai 1788 à Vienne) et qu’elles sont aussi l’ aboutissement d’une expérience acquise pendant toute sa courte vie, et sans cesse chatouillée par une curiosité toujours en éveil. Même si l’on ne connait pas les circonstances exacte dans lesquelles les symphonies ont été composées et créées pendant l’été 1788, on ne peut qu’être séduit par cette juvénilité conquérante et miraculeuse dont le souffle et la sincérité sont portés le feu de la maturité.

De ce bouillonnement émotionnel souvent irrépressible si magistralement servis par les instruments d’époque, allaient bientôt surgir la musique purement romantique…

Quoi qu’il en soit, Philippe Herreweghe donne une vision toute personnelle et très séduisante des trois dernières symphonies de Mozart. Nous aurions néanmoins préféré que les oeuvres soient données dans un seul et même concert plutôt que de les voir présenté ainsi; certes la très belle symphonie N°40 est superbement interprétée mais il y aurait eu de la place pour une quatrième oeuvre et la salle aurait certainement été plus remplie qu’elle ne l’était, surtout pour le concert de 19h qui s’est donné devant un auditorium à moitié plein.
D’autant que l’approche interprétative de bout en bout captivante n’a pas eu l’honneur du disque: les affinités mozartiennes de l’Orchestre des Champs Elysées ne peuvent être écoutées qu’au concert… Jusqu’à quand?

Poitiers. TAP, le 10 avril 2012. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonie N°39; symphonie N°40; symphonie N°41 « Jupiter ». Orchestre des Champs Elysées; Philippe Herreweghe, direction. Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale Hélène Biard

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