Piotr Iliytch Tchaïkovski
Eugène Onéguine, 1879
Paris, Palais Garnier
Du 6 au 11 septembre 2008
Drame psychologique
La production parisienne en trois actes et sept tableaux vient du Théâtre Bolchoï de Moscou (direction: Alexander Vedernikov), la scène où l’oeuvre fut créée en 1881. L’opéra de Tchaïkovski sur un livret de Constantin S. Chilovski (d’après Alexandre Pouchkine), est l’un des chefs d’oeuvres de l’opéra romantique russe. Le compositeur a 39 ans quand il assiste à la création de l’ouvrage.
Entre 1877 et 1878, l’écriture de l’opéra est interrompue par le mariage catastrophique de l’auteur avec Antonina Milukova (6 juillet 1877) et la tentative de suicide de la part de l’époux malheureux, qui suivit. La partition sera achevée lors d’un séjour en Italie. Si Tchaïkovski adapte librement l’action inspirée de Pouchkine, il suit néanmoins avec beaucoup d’efficacité les étapes clés de l’intrigue (lettre de Tatiana, monologue d’Onéguine, grand air de Lenski, duo final des deux protagonistes…). La sélection qu’il opère renforce avec éclat et intensité, l’intigue psychologique, insistant sur la déflagration intérieure et solitaire de Tatiana (abandonnée par Onéguine) puis d’Onéguine, confrontée à Tatiana à la fin de l’ouvrage, qui mariée, ne peut se résigner à le suivre… Ici, la violence des sentiments intérieurs remplace tout effet spectaculaire. Cultivé, génie du théâtre, et grand amateur de Pouchkine, Tchaïkovski se montre fidèle au drame originel, ambassadeur singulier et inimitable de l’âme russe.
D’abord créé à Moscou par les éléves du Collège impérial de musique, le 29 mars 1879, Eugène Onéguine fut représenté à l’Opéra Impérial de Moscou, au Bolchoï, le 23 janvier 1881.
Intrigue
Les deux filles de Madame Larina sont deux natures opposées: Tatiana, lectrice assidue des romans sentimentaux, est secrète, réservée, sensible quand Olga, déborde de vitalité. Lorsque paraît le fiancé d’Olga, Lenski, celui-ci présente un ami, Onéguine qui venant de Saint-Petersbourg, a décidé de s’installer à la campagne. Tatiana est saisie par l’allure de l’inconnu qui lui rappelle la silhouette de ses héros imaginaires. Après le départ des deux hommes, Tatiana n’y tenant plus, écrit une lettre à Onéguine où elle exprime son amour.
Mais Onéguine ne prend pas au sérieux ce mouvement d’humeur féminin et quoique aimablement, recommande à Tatiana plus de réserve à l’avenir, tout en lui expliquant qu’il ne peut s’engager dans aucune relation durable. La jeune femme est blessée. Au cours d’une fête de famille, Onéguine, provocateur et aussi désabusé, séduit par dérision Olga. Lenski le provoque en duel. Le jour de la confrontation, les deux amis se retrouvent: Onéguine tue Lenski.
Tatiana épouse le prince Grémine qui fait de sa jeune épouse, la reine des soirées mondaines de Saint-Pétersbourg. Enfin sereine avec elle-même, Tatiana a trouvé le réconfort et le respect qu’elle souhaitait. Or Onéguine paraît à l’une de leurs soirées. Saisi par la beauté de la princesse Grémine, il comprend qu’il aime la jeune femme. Mais ses déclarations restent vaines: l’amour de Tatiana bien que toujours vivant, lui est écarté pour toujours. Tatiana restera fidèle au Prince.
Illustration: Piotr Iliytch Tchaïkovski, portrait (DR)