joue
Olivier Messiaen
Paris, Opéra Bastille
Lundi 12 avril 2010 à 20h
Melanie Diener, soprano
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Pierre Boulez, direction
Messiaen
Chronochromie
Et expecto resurrectionem mortuorum
Poèmes pour Mi
Diffusion France Musique,
en direct, lundi 12 avril 2010 à 20h
En mars 2010, Pierre Boulez né en 1925 à Montbrison (Loire), fête ses 85 ans. Dès 1944, il rejoint à Paris, au Conservatoire, la classe d’harmonie et de composition d’Olivier Messiaen, ainsi que celle de technique dodécaphonique de René Leibowitz. Fervent défenseur comme chef et comme compositeur de l’écriture contemporaine, Boulez dirige en 1946, la musique de scène de la Compagnie Renaud-Barrault, puis fonde en 1953, les concerts du Petit Marigny, cycle des musiques actuelles qui prend le nom de Domaine Musical que Pierre Boulez dirige jusqu’en 1967.
Le compositeur ne tarde pas à s’affirmer aussi comme chef d’orchestre: il succède à Leonard Bernstein en 1971, en prenant la direction du Philharmonic de New York, jusqu’en 1977, et devient dans le même temps, directeur permanent du BBC Symphony Orchestra à Londres, de 1971 à 1975.
C’est en 1975 également que Boulez fonde l’Ensemble Intercontemporain (EIC) dont il assure la présidence. Les années 1970 sont celles de la consécration: il dirige la production de la Tétralogie à Bayreuth pour le centenaire du Théâtre fondé par Wagner en 1876. Le Ring de 1976, mis en scène par Patrice Chéreau, est resté celui des Français, en un duo depuis consacré qui réalise de fait une production légendaire heureusement enregistrée au dvd: après un succès de scandale, elle s’est imposée comme une approche exemplaire dans l’histoire de la Colline wagnérienne.
Après l’EIC, Boulez fonde l’Ircam (1977), institut de recherche et coordination acoustique/musique, qu’il dirige jusqu’en 1992.
85 ans de Pierre Boulez
La relation de Pierre Boulez et de l’Opéra national de Paris est riche et compte de nombreuses réalisations lyriques, chorégraphiques, symphoniques: Wozzeck (entrée au répertoire de l’Opéra, 1963), Le Sacre du printemps, Renard et Noces (chorégraphies de Maurice Béjart, 1965), concert pour le 70e anniversaire d’Olivier Messiaen (1978), Lulu (première mondiale de la version intégrale, 1979), concert Gustav Mahler avec Yvonne Minton et Jon Vickers (1981), concert Stravinsky/ Debussy/ Dvořak, gala organise pour le centenaire de l’Institut Pasteur avec Mstislav Rostropovitch (1987), concert Stravinsky/ Messiaen/ Bartók à l’Opéra Bastille (2004), concert Debussy/ Tchaïkovski avec Valery Gergiev et l’Orchestre du Mariinski au Palais Garnier (2005)… Il a enregistré Lulu (DG) et Wozzeck (Sony) avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Le 12 avril 2010 permet d’écouter le chef dans un répertoire qu’il a très tôt défendu, celui de son professeur Messiaen, figure paternelle et visionnaire dont il s’est très vite détaché sur le plan de l’écriture musicale. La soprano allemande née à Hamboug, Mélanie Diener, qui devrait chanter le rôle d’Ursula dans Mathis le Peintre de Paul Hindemith, opéra programmé en novembre et décembre 2010 à l’Opéra de Paris, participe à ce concert Messiaen/Boulez dans Poèmes pour mi…
Chronochromie et Poème pour mi
Pour le commanditaire Heinrich Strobel qui ne souhaitait ni piano, ni ondes Martenot, Messiaen compose entre 1959 et 1960, à l’occasion du festival de Donaueschingen (Allemagne), une partition monumentale pour très grand orchestre: très décriée et même huée à sa création, le 16 octobre 1960, sous la direction de Hans Rosbaud, Chronochromie s’impose cependant comme une fresque majeure de la musique orchestrale du XXè, à la fois synthèse et prélude à un nouveau cycle créatif. Le titre « couleur du temps » souligne dans le processus créateur, la valeur matricielle des deux unités de temps et de couleurs: « les mélanges de sons et de timbres, très complexes, restent au service des durées, qu’ils doivent souligner en les colorant », précise le compositeur. Messiaen y aborde le principe de la permutation symétrique, déduite d’une série chromatique de 32 durées. L’instrumentarium comprend entre autres: 25 cloches-tubes chromatiques, 3 gongs, cymbales suspendue, chinoise, et tam tam…).
Foisonnante et flamboyante, la partition, fidèle à la passion scientifique du Maître pour l’ornitologie, intègre aussi plusieurs citations de chants d’oiseaux (suédois, japonais, français et mexicains…) mais aussi des bruits naturels comme le grondement d’une cascade et celui d’un torrent notés lors d’un séjour dans les Alpes…
Des Alpes au Dauphiné…
Si les massifs alpins colorent Chronochromie, le motif naturel vécu en plein air dans le Dauphiné inspire évidemment Poèmes pour Mi, autre partition, mais ici lyrique et poétique écrite pour soprano et orchestre, entre 1936-1937. Le compositeur en a rédigé les textes et les dédie à sa première épouse Claire Delbos: son prénom est allusivement exprimé dans le vocable « Mi ». Il s’agit d’un volet qui appartient au triptyque des oeuvres pour soprano, avec Harawi et Chants de Terre et de Ciel. Fidèle à son art des combinaisons, Messiaen y intègre des éléments de la métrique grecque antique, de la rythmique hindoue. L’oeuvre est créée à Paris, le 4 juin 1937, Salle Gaveau à Paris, sous la direction de Roger Désormières (avec la soliste: Marcelle Bunlet).
Concert Pierre Boulez joue Messiaen. Mélanie Diener, soprano. Orchestre de l’Opéra National de Paris. Olivier Messiaen: Chronochromie, Et expecto resurrectionem mortuorum, Poèmes pour Mi. Lundi 12 avril 2010 à 20h, Paris, Opéra Bastille. Renseignements, informations, réservations sur le site de l’Opéra National de Paris.
Diffusion en direct sur France Musique, lundi 12 avril 2010 à 20h.