Orchestre National de France
Par notre envoyé spécial Raphael Dor
L’intégrale symphonique de Beethoven par Daniele Gatti à la tête de l’Orchestre National de France s’est naturellement conclue par la Symphonie n°9, couplée à une création de Bruno Mantovani.
Cette série de concerts à été l’occasion pour Radio France de passer commande auprès de grands compositeurs français, aux styles aussi variés que Guillaume Connesson ou Bechara El-Khoury. Pour faire écho à la Neuvième symphonie de Beethoven, c’est Bruno Mantovani, directeur du CNSM et compositeur très reconnu, qui a été chargé de la création. Il a donc présenté la deuxième partie de sa Cantate n°3 (qui sera créée dans son intégralité à Donaueschigen) utilisant comme l’œuvre de Beethoven des textes de Friedrich Schiller. Ces extraits de poèmes structurent une œuvre découpée en plusieurs séquences. Chaque séquence possède un traitement particulier de l’écriture chorale et orchestrale : parfois la ligne mélodique est fragmentée dans les différents pupitres, d’autres fois le chœur chante a cappella, ou forme comme un tapis vocal au dessus duquel plane la voix d’une soliste… Et de même pour l’orchestre, qui alterne entre de longs accords aux cordes ponctués de saillies de percussions, et des mélodies sinueuses aux cordes à l’unisson, ou des gammes ascendantes et descendantes qui se croisent chez tous les instruments… Une écriture riche et complexe, mais qui ne révèle malheureusement qu’une palette très réduite de couleurs. Intéressant mais austère, très peu séduisant. Le public lui réserve, comme l’on pouvait s’y attendre, un accueil très froid.
Ce que toute la salle attendait, c’était évidemment la Neuvième symphonie de Beethoven, clou du spectacle et dernière pierre du cycle ! L’Orchestre National de France, malgré ses imperfections, rend honneur à ce monument de la musique. Certes, l’on notera quelques soucis de mise en place, des bois parfois trop en retrait ou aux phrasés peu soignés… Mais la vision d’ensemble est magistrale.
Dans le dernier mouvement, le compositeur arrive à créer une extraordinaire attente du fameux thème de l’Ode à la joie et imagine un long crescendo avec un enchaînement de mouvements de plus en plus rapides. Suspense, tension, surprise… C’est en premier lieu dans sa musique symphonique que Beethoven se révèle être un immense dramaturge. Daniele Gatti, grand chef d’opéra, l’a bien compris et exploite cette fibre grâce à l’incroyable énergie qui l’anime. Il parvient à donner vie à l’orchestre et à en tirer le meilleur. Une leçon de direction.
Paris. TCE, le 15 novembre 2012. Beethoven : Symphonie n°9. Bruno Mantovani, Cantate n°3 (création). Orchestre National de France. Daniele Gatti, direction. Compte-rendu rédigé par Raphaël Dor