lundi 5 mai 2025

Paris. Salle Pleyel, le 26 février. Berliner Philharmoniker. Sir Simon Rattle, direction. Mitsuko Uchida, piano. Barbara Hannigan, soprano

A lire aussi
Le Berliner Philharmoniker se présente à Paris avec son directeur, Sir Simon Rattle. Pour leur premier concert, ils sont accompagnés par la grande pianiste Mitsuko Uchida et la soprano Barbara Hannigan. La Salle Pleyel est comble, spectacle à guichet fermé. Il s’agît peut-être d’une précipitation prématuré des mélomanes vers leur chef préféré suite à sa déclaration officielle du mois de janvier parlant de la non-extension de son contrat à partir de 2018. Il se peut que cela soit aussi la glorieuse pianiste Mitsuko Uchida, dont la clarté et le sentiment ne vont jamais contre sa virtuosité ni sa musicalité. Dans tous les cas, c’est l’occasion pour le public parisien de voir en concert l’un des meilleurs orchestres du monde.


Beauté et clarté sans éclat

Le programme commence avec le Concerto pour Piano et orchestre n°3 en ut mineur op. 37 de Beethoven, achevé en 1802. Il s’agît du concerto le plus mozartien du maître de Bonn, interprété en l’occurrence par une idole… mozartienne. Mitsuko Uchida a un jeu cristallin d’une noble beauté. Si elle est toujours maestosa, elle est aussi pleine de brio et de vivacité. Pendant le largo central, la pianiste rend justice au Beethoven des bagatelles avec son immense sensibilité. Le Berliner Philharmoniker est réactif sous la houlette de Rattle, il se concerte très bien avec la pianiste et s’il est souvent brillant, le groupe des cordes notamment, il nuance merveilleusement l’expression, montrant avec dignité le chiaroscuro beethovenien, développement naturel d’un type de concerto pour piano de Mozart, le concerto militaire.

Ensuite la soprano canadienne Barbara Hannigan chante les Correspondances pour soprano et orchestre du compositeur français Henri Dutilleux, né en 1916. Nous sommes immédiatement transportés en un monde lointain et abstrait grâce à l’impressionnante masse sonore de l’orchestre et le chant expressionniste de la soprano. Dans les 5 morceaux de la composition, créée en 2003, l’Orchestre est évocateur et atmosphérique, aux timbres quelque peu exotiques. Hannigan est à l’aise dans le sombre chant douloureux du 3e morceaux comme dans l’impressionnante virtuosité abstraite du dernier.

Le concert s’achève avec la Symphonie n°3 en mi bémol majeur op. 97 « Rhénane » de Robert Schumann, crée en 1851. Largement inspiré de la 6e symphonie de Beethoven, elle est aussi en 5 mouvements et propose la représentation des états de l’âme, de l’homme dans la nature, en l’occurrence c’est une sorte d’ode au Rhin. Elle commence avec les cordes brillantes et les cuivres étonnants de l’orchestre représentant toute la grandeur et la beauté du fleuve, puis devient murmure en un mouvement central très modéré et pleinement chambriste. Dans le 4e mouvement, – cérémonial-, les vents impressionnent davantage et débordent de gravité. La partition finit par une célébration musicale con brio et con moto où l’orchestre entier est éclatant et ravit l’auditoire.

Pas de bis ce soir ni de très forts sentiments non plus, mais nous sortons du concert complètement émerveillés par la clarté et l’excellence des musiciens du Berliner Philharmoniker.

Derniers articles

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img