jeudi 28 mars 2024

Paris. Opéra Comique, le 17 avril 2013. Pauline Viardot : Cendrillon. Marine Thoreau La Salle, piano. Chanteurs de l’Académie de l’Opéra Comique. Mireille Delunsch, préparation musicale.

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L’Opéra Comique se mobilise pour la résurrection de l’opéra de salon écrit par Pauline Viardot en 1904, Cendrillon. C’est l’occasion de retrouver sur scène plusieurs chanteurs de l’Académie de l’Opéra Comique, mais aussi de voir la soprano et metteur en scène Mireille Delunsch sur le sol parisien en tant que préparatrice musicale.


Pauline Viardot charme encore

Pauline Viardot (1821 – 1910) est une figure très spéciale dans le monde musicale du 19e siècle. Formée par Franz Liszt, la cantatrice est créatrice des rôles de Meyerbeer et Gounod, se lie d’amitié avec
l’intelligentsia de son époque, reçoit dans son salon les peintres,
écrivains et compositeurs en vogue ; elle fut aussi toujours admirée et estimée, célébrée même, grâce à son achat du manuscrit du Don Giovanni de Mozart. Il se trouve qu’elle a vendu ses bijoux pour l’acheter et qu’elle le gardait dans un sanctuaire dans son domicile à Paris. C’est grâce à elle que le manuscrit inestimable s’est retrouvé dans les collections de la Bibliothèque National de France!

À 83 ans, Pauline Viardot crée Cendrillon, opéra de chambre pour 7 voix et piano. Il s’agît d’une oeuvre largement inspirée des Cendrillons de Rossini et de Massenet, avec le charme particulier de cette femme remarquable.
Si la mise en scène de Thierry Thieû Niang paraît plutôt banale, elle est sans doute efficace. Nous sommes transportés dans un salon anonyme où règne l’esprit d’une charmante drôlerie. L’économie scénographique permet aux chanteurs et à la musique d’être les véritables protagonistes (dont l’excellente performance de la comédienne Marie Bunel, articulée, élégante).
Les chanteuses sont certainement les vedettes. Cendrillon est interprété par la soprano Sandrine Buendia. Elle fait preuve de dons d’actrice et d’un chant à la belle couleur, plein de charme et de légèreté. Aussi pétillante est la Fée de la soprano Magali Arnault Stanczak. Elle éblouit par ses vocalises virtuoses et inspire les fous rires du public avec un vrai sens de la comédie. L’image de la Fée marraine à la coloratura stratosphérique lors de son ivresse sera difficile à oublier. Les soeurs sont interprétées par la soprano Cécile Achille et la mezzo-soprano invitée Alix Le Saux. Le duo est carrément réussi. La diction est parfaite : elles maîtrisent parfaitement le langage opérette. Lors des duos et trios, elles sont très présentes, Le Saux captivant davantage l’attention avec plus de caractère. Quand elles chantent « El desdichado » de Camille Saint-Saëns pendant le bal, le concert de deux voix captive avec un charme mozartien et une sensualité toute espagnole.

Les hommes de la distribution prennent plus de temps à se mettre à l’aise et à convaincre. Safir Behloul et Ronan Debois participent à la belle comédie ; leurs voix s’accordent bien dans les ensembles. Le ténor François Rougier dans le rôle du Prince Charmant est tout à fait… charmant, avec une certaine exubérance juvénile qui se marie très bien avec la musique pleine d’humour, notamment dans les moments d’inspiration mélodique espagnole. Ils sont tous accompagnés par la pianiste Marine Thoreau La Salle à la réactivité brillante.

Le spectacle qui n’est pas dépourvu d’une certaine nostalgie évoque l’opérette grâce au caractère léger et brillant de la musique. Les traces de Rossini et Massenet sont assumées et d’un éclat évident ; on y retrouve aussi les arômes d’un Chopin, d’un Schumann ou même Wagner ! Tout cela compose une atmosphère proche et digne de Reynaldo Hahn. Saluons la cohésion stylistique de l’Opéra Comique et l’initiative plutôt convaincante de l’Académie de l’Opéra Comique. Vous pouvez voir le spectacle à l’Opéra de Reims le 14 mai et au Théâtre de Cornouaille les 7 et 8 juin 2013.

Paris. Opéra Comique, le 17 avril 2013. Pauline Viardot : Cendrillon. Marine Thoreau La Salle, piano. Chanteurs de l’Académie de l’Opéra Comique. Mireille Delunsch, préparation musicale. Thierry Thieû Niang, mise en scène.

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