vendredi 25 avril 2025

Paris. Athénée Théâtre Louis Jouvet. Le 14 décembre 2009. Récital de Juliana Steinbach, piano. Beethoven, Bartok, Schubert/Liszt, Liszt… Saison Blüthner en France

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Nouvelle muse du clavier

Superbe tenue de clavier, défendue par l’un des tempéraments les plus attachants de la jeune génération: le récital parisien de Juliana Steinbach, d’origine brésilienne, reste une révélation. L’artiste a entre autres appris auprès de Maria Joao Pirès. La maîtrise de la tension, la concentration optimale, canalisée avec un sens aigu de l’impact sonore saisissent d’emblée, outre la prodigieuse digitalité de l’interprète.
La Waldstein de Beethoven est un préliminaire plein d’entrain, d’énergie nerveuse et passionnante: une démonstration préalable des formidables possibilités du piano Blüthner joué pour l’occasion (modèle de concert n°1), et mis aussi à l’honneur lors de cette seconde étape de la Saison Blüthner en France 2009-2010. Les prochains concerts viendront en mars 2010.
Pour l’heure, l’audace et la musicalité si personnelle de la pianiste font mouche ensuite dans un Bartok tendu et incantatoire. Le morceau de bravoure demeure la Sonate de Liszt qui se fait crépitement crépusculaire, ivresse des sens, cheminement nourri de tendresse, de vertiges, de rebonds là aussi négociés entre nervosité rugueuse et sommets extatiques. Le jeu s’enflamme, mais reste continûment fin, élégant, idéalement habité… comme on aime cet engagement de tout le corps, et sous les doigts d’une nouvelle muse romantique, l’expression directe, sans mièvrerie aucun, de chaque sentiment et de son vertige…

En bis, Villa-Lobos évidemment présent – origines obligent mais aussi occurrence naturelle pour son anniversaire (le mois de novembre 2009 a marqué les 50 ans de la disparition du compositeur brésilien), mais aussi Moussorsgki et une page, subtile et suggestive extraites des Tableaux d’une exposition... vélocité enfantine, enchantée de la Ballade des poussins dans leurs coques...

L’engagement est extrême. L’interprète sait s’abstraire de la musique, en prenant appui sur le silence et la résonance. Du feu, de la passion, une volonté qui sait souvent être captivante… voilà les caractères interprétatifs de la pianiste qui est aussi passée par le CNSMD de Paris (classe de Jacques Rouvier … comme Hélène Grimaud et Arcadi Volodos), et par la Jiulliard School de New York (classe de Joseph Kalichstein). Les Pianos Blüthner ont bien raison de l’avoir élue telle une ambassadrice de charme et de choc pour porter la saison musicale Blüthner en France. Talent captivant, évidemment à suivre.

Paris. Athénée Théâtre Louis Jouvet. Le 14 décembre 2009. Récital de Juliana Steinbach, piano (Blüthner, modèle de concert n°1). Saison Blüthner en France. Beethoven: Sonate en ut majeur opus 53 « Waldstein ». Bartok: Sonate Sz 80. Schubert/Liszt: Der Doppelgänger. Liszt: Sonate en si mineur.

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