Orchestre Symphonique Région Centre Tours
Saison 2008-2009
Johannes Brahms
Arnold Schönberg
La nuit transfigurée
Symphonie n°1
Samedi 23 mai 2009
Dimanche 24 mai 2009
Tours, Grand Théâtre
Concert repris le 29 mai 2009 à Epernon (28), Espace Les Prairiales
Composée pour sextuor à cordes en septembre 1899, la partition est une oeuvre majeure dans la forme musique de chambre, comme le sont aussi les crépusculaires et énigmatiques Métamorphoses de Richard Strauss. Schönberg toutefois réalise deux versions pour orchestre de cordes en 1917 et 1943. L’auteur créée la première d’entre elles en 1919. Inspirée par le poème de Richard Dehmel, cette nuit pour cordes illustre la première période tonale de l’auteur, qui laisse un autre chant lyrique d’une aussi grandiose perfection (les Gurrelieder). Ancrée dans l’action d’un drame amoureux, la musique ne décrit pas un déroulement enchaîné mais se concentre plutôt sur la ligne des sentiments et des émotions des protagonistes. C’est de la « musique pure » comme le précise Schönberg. Architecte subtil et précis, le compositeur structure le cycle en deux parties (ré mineur puis ré majeur), évitant souvent l’accord parfait pour mieux entretenir le mystère de la brume et des accords suspendus. Pour exprimer le conflit intérieur et les rebonds de la psyché malmenée, éprouvée, accablée, l’auteur n’hésite pas à miser sur l’audace et l’expérimentation en osant insérer des éléments diatoniques dans l’univers chromatique.
Première Symphonie brahmsienne
C’est l’aboutissement de près de 20 ans de recherche et de travail! Créée à Karlsruhe le 4 novembre 1876, puis à Vienne (où elle est applaudie par Hanslick), la Symphonie n°1 est amorcée en 1854, peu après la rencontre de Brahms et de Schumann à Dusseldorf. L’auteur reprend sa partition et la complète jusqu’à la terminer en 1874-1876. Le compositeur immerge immédiatement l’auditeur dans le coeur de l’action émotionnelle: un drame se répand sans prélude, à son paroxysme. L’Andante qui suit après une certaine aridité s’épanche dans une instrumentation ronde, souple, raffinée qui place le violon solo au premier rang comme s’il s’agissait d’un mouvement final de Concerto. Au lieu d’un Scherzo, Brahms préfère une pause légère, poétique, enlevée dans le ton de la bémol majeur. Le finale est ample, puissant, vaste et d’une écriture très complexe qui se souvient de la monumentalité extatique de Bruckner, tout en citant aussi Beethoven (thème de l’Ode à la joie est presque littéralement cité): n’a-t-on pas dit et redit que la première de Brahms était la 10è de Beethoven? A l’euphorie et à l’ivresse préliminaires, répond infine un pur sentiment de reconnaissance et de joie triomphale.
Illustrations: Schoenberg et Brahms (DR)