OPERA DU RHIN. CAVALLI : La Calisto. Du 26 avril au 14 mai 2017. Venise invente dès 1637, l’opéra public : un spectacle total qui aime à mêler les genres tragiques, héroïques, pathétiques, comique surtout, souvent dans un effectif instrumental réduit qui permet au texte d’être articulé, projeté, habité. Véritable théâtre en musique (dramma in musica), le genre inventé à Florence trente années auparavant, a gagné en puissance dramatique, en diversité formelle, en justesse et profondeur psychologique. Dans les années 1640, Monteverdi saisit par sa sensualité et son expressivité. Dans sa suite, Cavalli ajoute l’ivresse et la frénésie de situations riches et délirantes qui cultivent les quiproquos et les travestissements, mêlant aussi impertinence et tragédie. Jamais l’opéra baroque ne fut plus riche et flamboyant : La Calisto (1651, Sant Appollinare) appartient à un cycle d’opéras particulièrement réussis où la séduction formelle sert l’acuité d’un discours d’une justesse et d’une vérité profondes. La production superlative réalisée par Herbert Wernicke (1993), à l’époque dirigée par René Jacobs, (présentée en France, – après Bruxelles, à Lyon, jamais proposée à Paris) avait démontrer le génie de Cavalli en maître du théâtre des passions humaines.
Venise, 1651
L’Opéra national du Rhin a donc bien raison d’afficher un drame fort et féérique qui est aussi un spectacle d’une rare sensualité. A travers la séduction qu’opère Jupiter auprès de la nymphe Calisto, Cavali et son librettiste propose un catalogue des états amoureux et du désir : amour charnel (Jupitérien), amour chaste (celui de Diane), amour heureux, amour malheureux, amour joyeux, amour languissant, amour loyal, amour perfide, conjugal (Junon), et même l’amour homosexuel, car Jupiter se déguise en femme divine, Diane, pour abuser de Calisto.
Inspirée des Métamorphoses d’Ovide, l’histoire de la nymphe Calisto, transformée en ourse par Junon jalouse et haineuse, puis élevée au rang de constellation par Jupiter coupable… croise le chemin de personnages moins prestigieux mais tout aussi émouvants : le berger Endymion (aux airs et lamenti parmiles plus développés de l’opéra), du dieu Pan, de Mercure, de la vieille nymphe Lymphée qui veut enfin connaître un homme, du petit Satyre lubrique… La comédie vénitienne telle qu’elle paraît sur la scène lyrique au XVIIè anonce déjà par sa richesse et ses contrastes aussi déchirants que mordants, la Comédie de Balzac. Cavalli n’a pas la lame incisive, au scalpel du Français – fin analyste des rouages pervers de notre société, mais Venise a le goût de la satire et de la parodie, de la tragédie et du comique bouffon dont il fait une fresque irrésistible, en particulier dans Calisto.
____________________
Nouvelle production
Francesco Cavalli : La Calisto
Dramma per musica en trois actes avec prologue
Livret de Giovanni Faustini
Créé au Théâtre San Apollinare de Venise, le 28 novembre 1651
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène : Mariame Clément
La Calisto: Elena Tsallagova
Eternità Diana: Vivica Genaux
Giove: Giovanni Battista Parodi
Mercurio: Nikolay Borchev
Endimione: Filippo Mineccia
Destino, Giunone: Raffaella Milanesi
Linfea: Guy de Mey
Satirino: Vasily Khoroshev
Natura, Pane: Lawrence Olsworth-Peter
Silvano: Jaroslaw Kitala
2 Furies: Tatiana Zolotikova, Yasmina Favre
Les T. Lyriques
Durée totale du spectacle : 3h00 environ
Entracte après l’Acte II
STRASBOURG, Opéra
me 26 avril, 20h
ve 28 avril, 20h
di 30 avril, 15h
ma 2 mai, 20h
je 4 mai, 20h
MULHOUSE, La Sinne
ve 12 mai, 20 h
di 14 mai, 15 h
RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operanationaldurhin.eu/opera-2016-2017–la-calisto-opera-national-du-rhin.html