mercredi 2 juillet 2025

Niccolo Piccinni: Atys, 1780. Le Cercle de l’HarmonieParis, Bouffes du Nord, le 24 septembre 2012, 20h

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Niccolo Piccinni

Atys, 1780
d’après Quinault

Paris, Théâtre des Bouffes du Nord
Lundi 24 septembre 2012, 20h

extraits, version de concert

Les années 1780 sont en France, propices à une renouvellement considérable du genre lyrique et tragique. D’après le livret que Quinault écrivit pour Louis XIV et Lully, l’italien Piccinni s’approprie le mythe tragique du berger Atys, aimé malheureux de Cybèle auquel il apporte ses mélodies les plus suaves: en outre, à la virtuosité prenante, le compositeur invité à la Cour de France, sait caractériser chacun des quatre profils majeurs de l’action: Cybèle et Atys, Sangaride et Cœlénus… il en résulte une partition classique, italianisante, surtout romantique avant l’heure dont les attraits entendent dix années après les opéras de Gluck, marquer les esprits et conforter les avancées du parti des Italiens contre celui des allemands, à la Cour de Marie-Antoinette.
Dans cette nouvelle adaptation d’une tragédie lyrique initialement conçue pour le Versailles de Louis XIV, l’arrangement et la transcription signifient-ils romantisation du mythe légué par le Grand Siècle ? Outre les rapports aigus entre les styles français, italiens et germaniques à la veille de la Révolution, il s’agit aussi d’une époque critique dont le regard sur les anciens (ceux du XVIIème) est à la fois empli de respect admiratif mais aussi de distanciation régénératrice… Le directeur comme les critiques assidus (Grimm…) entendent favoriser l’idée d’une rivalité ardente entre les écritures: Paris comme Versailles ne peuvent se dispenser de joutes esthétiques qui chauffent les esprits et galvanisent les auteurs… Avec Didon, Atys marque le sommet de la courte carrière du Napolitain Piccinni en France. Nouvelle production présentée par extraits en version de concert

Chantal Santon, Sangaride
Mathias Vidal, Atys
Aimery Lefèvre, Cœlenus
Marie Kalinine, Cybèle
Les Solistes du Cercle de l’Harmonie
Julien Chauvin, violon et direction

Spectacle précédemment présenté à Venise, le 23 septembre 2012 lors du week end inaugural du festival « Antiquité, mythologie et romantisme ».

L’opéra français dans les années 1780

Piccinni à Paris

Niccolo Piccinni, officiellement soutenu par la Du Barry, est particulièrement demandé par Louis XVI pour rivaliser avec l’héritage réformateur du théâtre de Gluck, le favori de Marie-Antoinette. Le Napolitain est engagé pour 3 ans devant livrer à chaque saison, un opéra nouveau. Il s’agit d’atténuer les apports de Gluck en démontrant les séductions du style italien. L’opposition Gluck et Piccinni devait éclater dès 1776 avec le Roland mis en musique par chacun des deux compositeurs; mais Gluck refusa nettement une telle confrontation sur un même sujet: les spectateurs purent cependant distinguer leurs qualités respectives avec Roland de Piccinni (1778) et Armide de Gluck; à partir d’un même livret de Quinault, les deux dramaturges devaient surenchérir par la force et la violence de l’orchestre, la précision expressive de leur déclamation, l’invention mélodique, l’architecture des enchaînements… Les Gluckistes reconnaissaient chez le Chevalier une maîtrise inégalable qui se rapprochait de… Corneille; cependant que les Piccinnistes revivaient grâce à l’Italien, le grand souffle élégant et sensible de l’immense Racine…

Tous s’accordent sur le génie de Piccinni, égal à Gluck et tout aussi admiré par Marie-Antoinette. La rivalité esthétique opposant Italiens et Allemands, nouveaux champions désignés contre l’indétrônable Chevalier Gluck, redoubla encore en 1782 et 1783 avec l’arrivée de nouveaux italiens à la Cour: Sacchini puis Salieri.

Ce climat de rivalités supposées arrangeait fort les intérêts du directeur de l’Académie Royal, Devisme du Valgay (1778-1779), toujours soucieux d’enflammer les esprits pour créer événements, faux scandales, toute situation propre à susciter l’attention sur la programmation de l’Opéra. Ainsi les commandes passées à Johann Christian Bach (Amadis, 1779), ou Andromaque (1780)… autant de nouveaux ouvrages destinés à relancer toujours la question: y a t il un compositeur supérieur à Gluck dans le genre tragique et pathétique?
Cependant 1779 s’achève sur un événement de taille: malgré le succès de son Iphigénie en Tauride, Gluck, éprouvé par le désaveu d’Echo et Narcisse, quitte définitivement Paris.

L’Iphigénie en Tauride de… Piccinni (1781) allait ainsi occuper les planches, après celle de Gluck. Et son Atys de 1780, plein de chant, de grâce et de tendre douceur, confirmait sa totale domination sur la scène lyrique française… jusqu’à ce qu’on trouve son rival, lui aussi napolitain, Sacchini. En vérité, Piccinni vouait une amitié sincère à son confrère et compatriote, et il soutint pendant les répétitions (houleuses) Sacchini pour réussir Renaud ou La suite d’Armide…
Même physiquement diminué, Piccinni continue d’imposer son talent en France.
La reprise d’Atys de Piccinni en 1783 bénéficie de l’exceptionnelle Mademoiselle Saint-Huberty dans le rôle de Sangaride. Ce furent des soirées mémorables qui allaient préfigurer le triomphe d’une autre oeuvre de Piccinni : Didon, également servie par la Saint-Huberty. Atys, Didon… les deux plus grands succès français de Piccinni marquaient aussi les bornes de sa courte carrière en France.

Illustration: Niccolo Piccinni (DR)
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