Mozart: Don Giovanni
Bilan discographique
Jardin des critiques
Don Giovanni est
un second accomplissement lyrique pour Mozart, orchestré avec Lorenzo
da Ponte (après Les Noces, avant Cosi fan tutte).
Dans la carrière du
compositeur, Don Giovanni marque le deuxième grand pari réussi,
orchestré avec Lorenzo da Ponte. Ils viennent de triompher à Prague avec
les Noces (fin 1786), un opéra exaltant sur un sujet totalement neuf
(Beaumarchais). Enivrée par la musique de Mozart, Prague commande un
nouvel ouvrage : or, en choisissant Don Giovanni, dont l’histoire n’est
pas des plus originales à l’époque… depuis Tirso da Molina et Molière ou
encore Gazzaniga qui a mis en musique l’histoire du Dissoluto dès 1782,
le compositeur trouvera une étrange conjonction d’événements entre la
couleur de l’ouvrage, réflexion sur la mort, le système social qui
s’érige contre toute entrave à l’énergie vitale de l’homme libre, et les
épisodes tragiques de sa propre vie : il perd le père adoré Leopold (28
mai 1878), son ami, le comte Hartzfeld ; doit se séparer de la
cantatrice Nancy Storace – la créatrice de Susanna- ; et c’est encore le
décès du bien aimé docteur Barisani.
Mozart compose une partition
grandiose et tendre, où souffle un pur esprit tragique : l’homme mis au
défi par lui-même en un tête-à-tête radical ne peut se consumer que dans
l’horreur. Cynisme, vérité, mort. Mais aussi humanité, car la musique
indique que l’auteur a de la tendresse pour sa créature. Et si Don
Giovanni pourfend l’ordre établi et s’il menace l’équilibre social, sa
grandeur héroïque le sauve de l’infamie dégradante : il n’est pas un
lâche. Il meurt en héros. Goethe et Schiller y reconnaîtront l’étoffe
d’un modèle.
Le 29 octobre 1787, les Praguois acclament le nouvel
opéra de Mozart. Ils auront vu, avant Vienne qui boudera l’œuvre, lors
de sa création dans la capitale impériale, le 7 mai 1788, – malgré la
défense qu’en fit Haydn-, la fulgurance d’un génie contemporain : à la
gravité métaphysique du sujet et de la partition, correspond aussi cette
vitalité ensorcelante d’un compositeur capable dans l’urgence, de
composer toute l’ouverture, la veille ou l’avant-veille de la première.
De sorte que les musiciens de l’orchestre la déchiffrèrent presque au
moment de la création… certes sous la direction de l’auteur.
Wolfgang Amadeus Mozart
(1756-1791),
Don Giovanni (1787)
Il dissoluto punito
Dramma Giocoso
en deux actes (1787)
Livret de Lorenzo Da Ponte
France Musique, le jardin des critiques. Bilan discographique de Don Giovanni de MozartDimanche 8 avril 2012 à 14h