mercredi 7 mai 2025

Mozart à Paris,France musique, le 25 novembre à 18h

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Mozart à Paris

Querelle des Bouffons
magazine proposé et présenté par
Alexandre et Benoît Dratwicki
Samedi 25 novembre à 18h

A l’occasion du sujet auquel se consacre le magazine « la Querelle des Bouffons », faisons le point sur la présence de Mozart à Paris. Mozart fait trois séjours dans la Capitale.

Premier séjour
De novembre 1763 à avril 1764 : arrivée à Paris, surtout concert d’orgue à la Chapelle Royale de Versailles (1er janvier 1764); puis départ pour Londres, le 10 avril 1764. Mozart n’a que huit ans. Pour l’enfant prodige, Paris n’est qu’une étape au sein d’une tournée démonstrative, exténuante, en compagne de sa soeur Nannerl et sous la conduite de son père, Leopold. Le père et ses enfants qui sont logés à l’hôtel de Beauvais, chez le comte Van Eyck découvrent ce qui reste un objet d’étonnement et l’indice d’un raffinement prisé, le cabinet d’aisance à deux colonnes d’eau (!). A propos d’eau, Leopold laisse un témoignage terrifiant sur l’eau consommée par les parisiens, l’eau de la Seine, pestilentielle et nauséanbonde, qu’il faut bouillir puis laisser reposer pour « qu’elle devienne plus belle« . Les prouesses de l’enfant Wolfgang suscite l’admiration du Baron Grimm qui témoigne de sa capacité à improviser pendant des heures, imaginant plein d’idées savantes et libres, qu’il fait succéder « avec goût et sans confusion ». Lors de leur séjour à Versailles (24 décembre 1763 au 8 janvier 1764), les Mozart sont reçus par Louis XV et la Reine au Grand Couvert ; Wolfgang mange et parle en allemand avec la Souveraine. Concernant le goût français, Leopold exprime sa vive réprobation : trouvant le style local, « vide, glacé et misérable ». A Paris, à leur retour de Versailles, les Mozart visitent la Vieille Pompadour, « extrêmement hautaine et régente tout, actuellement encore... » : la Favorite devait s’éteindre juste avant le départ de la famille autrichienne, le 15 avril 1764. Avant de partir, Leopold prend soin de faire publier les quatre premières sonates de son fils, (K 6 à 9), dédiées à Madame Victoire et à la Comtesse de Tessé, dame de compagnie de la Dauphine.
Les Mozart donnent surtout leur premier concert public, le 10 mars 1764. Carmontelle nous laisse le souvenir de cet instant en couleurs, d’après les portraits de profil gravés par Mechel.

Second séjour (mai à juillet 1766)
Le deuxième séjour parisien est de courte durée : les Mozart reviennent de Hollande où ils ont failli périr du typhus. Un mal qui sera fatal pour leur mère. Mozart pose devant les pinceaux du peintre Ollivier, au clavecin dans la salon du Prince de Conti. Grimm laisse là encore un témoignage admiratif.

Le troisième séjour (mars à septembre 1778)
« Ma vie est ici tellement contraire à mon génie, mon plaisir, mon savoir et mon bonheur » : le constat de Mozart au cours de son dernier séjour parisien est sans appel. La France n’a pas sû reconnaître le plus grand génie de son temps, qui voulait sincèrement se fixer à Paris. Que l’on songe à l’offre du corniste Rodolphe qui obtient pour lui, le poste d’organiste à Versailles pour une pension de 2000 livres annuelles. Mais Mozart déclinera cette proposition. Il semble qu’il ne se voyait pas vivre à Versailles. La ville royale lui rappelait-elle Salzbourg?
Pourtant, tout commençait sous les meilleurs auspices.

Depuis août 1777, où il a reçu son congé de son patron, l’infâme et tyrannique archevèque Colloredo, Mozart rêve d’émancipation et de liberté : il veut conquérir l’Europe et trouver sa place. A 22 ans, accompagné de sa mère, il prend le départ vers Munich et Manheim pour rejoindre Paris, la capitale où tout semble possible. Il arrive dans la cité parisienne, le 23 mars 1778. Grimm est toujours là pour apporter son fidèle soutien. Pendant que sa mère se porte mal et se fait saigner en juin, Mozart compose le ballet « les petits riens (K 299 b), qui est joué à la suite des oeuvres des compositeurs célébrés alors, Piccinni et Anfossi.
Si sa correspondance offre une surabondance combien précieuse sur les oeuvres qu’il fait jouer – la symphonie parisienne aux Tuileries, le 18 juin-, aucune mention sur l’architecture du Palais, l’urbanisme, le style de la ville. Il se montre étonnamment muet sur le cadre des espaces traversés et fréquentés, comme d’ailleurs il le fait pour les autres cités habités, Salzbourg, Vienne ou Prague.

Avec le recul, ce troisième et dernier séjour s’avère catastrophique : le jeune adolescent s’est-il fabriqué de faux espoirs ? Il a changé. Le joli garçon est devenu impatient voire impossible. Conscient de sa valeur, celle qui fut en 1763/1764 et 1766, tant admirée et révérée, il exige et se montre d’un égocentrisme irascible : lors d’une visite à la Duchesse de Chabot (mai), Mozart indisposé, se plaint d’avoir été contraint d’attendre dans une pièce froide et glaçante pour ses doigts… Mais insoumis et sensible, l’enfant prodige souffre beaucoup.

Le Paris d’alors, où souffle la querelle des Gluckistes et des Piccinnistes, n’a que faire d’un Autrichien venu démontrer son génie. Sans appui véritable, Mozart ronge son os et n’obtient guère de poste ni de place à sa mesure. Visite capitale : il rencontre Jean-Chrétien Bach, chez le Duc de Noailles à Saint-Germain (19 août).
Mozart, comme son père, se montre d’une dureté surprenante vis-à-vis du goût de ceux dont il attendait tant : « les Français sont et restent des ânes ; ils sont incapables… » Son ambition est de composer un opéra, le seul genre qui le stimule au plus haut point, et dans lequel il a déjà montré sa valeur, dans le buffa comme dans le seria. Mais, sous le coup de la déception, il se plaint encore du Français : « si seulement cette maudite langue n’était pas si misérable pour la musique ! C’est abominable – la langue allemande semble divine en comparaison! Et puis les chanteurs et les chanteuses…(…) braillent à plein gosier, du nez et de la gorge ! ».

Sombre séjour, qui voit la mort de sa mère, le 3 juillet, décédée du typhus. Le lendemain, la dépouille d’Anna Maria Mozart est inhumée au cimétière Saint-Eustache. Mozart attend le 9 juillet pour annoncer la mort de sa mère, à son père.
Le 8 septembre au Concert Spirituel, ses deux symphonies parisiennes sont jouées (K 297 et 311 A, perdue).
Le climat parisien s’effondre : Mozart se brouille avec Grimm qui l’enjoint à partir, ce qu’il fait le 26 septembre. La ville qui l’a adulé à ses huit ans, l’a bel et bien oublié, voire trahi.

Approfondir
Mozart à Paris », catalogue de l’exposition présentée au Musée Carnavalet, à Paris (novembre 1991-février 1992), éditions Van de Velde. Contributions de H.C Robbins Landon, Brigitte Massin, Geneviève Geffray, Marc Fumaroli, Bernard de Montgolfier, …

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