samedi 20 avril 2024

Monteverdi, inventeur de l’opéra

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Monteverdi 2017 claudio monteverdi dossier biographie 2017 510_claudio-monteverdi-peint-par-bernardo-strozzi-vers-1640.jpg.pagespeed.ce.FhMczcVnmyARTE, docu «  Monteverdi l’inventeur de l’opéra », Dimanche 18 juin 2017, 23h30. La chaîne Arte poursuit sa programmation musique classique mais en diffusant concerts, docus ou magazines à des horaires de plus en plus « impossibles », aux extrémités de la grille (soit dès 5h le matin, soit au milieu de la nuit…). Evidemment les 450 ans ans de la naissance du grand Claudio… Monteverdi, inventeur de l’opéra tout court (avec l’Incoronazione di Poppea, plutôt que l’Orfeo) ne pouvaient pas passer à la trappe et Arte diffuse un documentaire dont nous n’avons pas encore visionné le contenu à l’heure où nous rédigeons cette annonce.

CLAUDIO MONTEVERDI, INVENTEUR DE L’OPÉRA

Horreur, malheur… Inculture néfaste ou paresse culturelle, le documentaire inédit réalisé par Philippe Béziat, diffusé par Arte n’évite pas le piège relayé depuis des années par une fausse historiographie musicale : le premier opéra de l’histoire n’est pas le premier ouvrage dramatique et musical de Monteverdi, Orfeo, créé à Mantoue en 1607, mais plutôt, – tous les connaisseurs montéverdiens le confirment aujourd’hui : Le couronnement de Poppée, L’incoronazione di Poppea de 1643, œuvre cynique et poétique, sommet de la collaboration de Monteverdi avec l’écrivain noir, pessimiste : Busenello. Car l’Orfeo écrit à l’aube du XVIIè, n’est encore qu’un assemblage d’épisodes madrigalesques et opératiques,  relevant davantage de l’esthétique de la Renaissance que du plein baroque : la conception globale est encore disparate et n’a pas cette cohésion littéraire que déploie Poppea, presque 40 ans plus tard.

 

 

 

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Dans le docu Arte, retour sur un événement « comparable à la naissance du cinéma : la première représentation d’un opéra, l’Orfeo de Monteverdi, le 24 février 1607, en Italie », en l’occurence dans le cercle réservé, élitiste de la cour du Duc de Mantoue, Vincet de Gonzague, le patron ingrat et mauvais payeur de Monteverdi.
Selon l’énoncé diffusé par Arte et présentant le film : « Entre 1550 et 1650, l’Occident opère une mue considérable et incroyablement rapide. La propagation des livres, de la Réforme luthérienne, des théories coperniciennes, la croissance des échanges avec le Nouveau Monde, sont lourdes de conséquences : alors que les paradigmes changent, l’on assiste à l’éclosion des fondements de l’âge moderne. Au tempo de cette Europe du XVIe siècle, Monteverdi inscrit sa musique dans une culture qui découvre Galilée, Montaigne ou Rubens. Avec eux, il revendiquera une nouvelle place pour la création humaine. À travers le parcours initiatique de cet artisan génial dans trois villes italiennes, on découvre les racines historiques de l’opéra. Si le monde de Monteverdi paraît lointain, l’émotion, quatre cents ans plus tard, reste intacte. »
Tout cela est prometteur sur le papier. Il aurait été plus judicieux de rappeler simplement que Monteverdi suit la révolution esthétique opérée par Caravage en peinture, mais 25 ans auparavant : les artistes découvrent alors le réalisme individuel et le sens du sentiment tragique. Quand Caravage peint des portraits et des types humaines incarnés (modèles réels pris dans les rues de Rome, dans les années 1590), Monteverdi, tout au long de ses Livres de madrigaux, révolutionne lui aussi la langue musicale, privilégie une ligne dévolue à l’expression des passions de l’âme, fait surgir un nouveau chant inédit, sensuel, où la voix soliste désormais (monodique) s’extrait du tapis instrumental (basse continue) et chante à la première personne, les affects de l’âme humaine : déchirante prière (Orfeo aux enfers, souhaitant retrouver et délivrer son aimée Eurydice) ; languissant amour d’une barbare royauté, souverain cruel et d’une lascivité choquante (Néron et Poppée dans Le Couronnement de Poppée). Dans les faits, Monteverdi a bien inventé l’opéra baroque ; et sa coopération magicienne avec Busenello annonce un autre duo mythique à l’opéra : Mozart et Da Ponte, au siècle suivant.

 

 

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arte_logo_2013ARTE, « Monteverdi, inventeur de l’opéra », docu 2017. Dimanche 18 juin 2017, 23h30. Inédit. Durée : 1h05

 

 

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