chef d’orchestre
A 77 ans, le chef français Michel Plasson, ardent défenseur de la musique française poursuit une carrière exemplaire. Après avoir dirigé et ouvragé amoureusement l’Orchestre du Capitole de Toulouse, de 1968 à 2003, le maestro vit de nouvelles étapes marquantes en 2010: il dirige pour la première fois à l’Opéra Bastille (Werther de Gounod), est nommé chef principal invité de l’Orchestre national de Chine… En novembre 2010, Emi classics réédite en un coffret incontournable, les perles discographiques d’un legs inestimable.
Il vient de diriger Dialogues des Carmélites à l’Opéra de Nice (mise en scène Robert Carsen, en octobre 2010), – un opéra avec lequel il faisait ses débuts au Met en 1977-, le chef d’orchestre, fondateur et acteur principal de l’Orchestre du Capitole de Toulouse, Michel Plasson, n’a jamais tant aimé et mieux défendu la musique française: répertoire souvent délaissé au profit des germaniques mais répertoire pourtant riche en joyaux chambristes et symphoniques. Né parisien en 1933, d’une mère qui fut chanteuse légère chez Messager, il dirige aujourd’hui comme chef principal invité, l’Orchestre national de Chine, 3 mois par an: il a été nommé à ce poste en 2010. Le maestro, gardien vigilant d’une sonorité perlée à la française, qui cherche tant à donner une âme au son, répète avec ses musiciens extrêmes-orientaux dans le vaste National Centre for the performing Arts dont l’allure de goutte d’eau en titane, serti de son lac liquide, a été dessinée par l’architecte français Paul Andreu.
Ce qui a porté depuis ses débuts Michel Plasson, c’est son amour viscéral, entier pour l’art français, musique symphonique et opéra, patrimoine si délaissé par les français eux-mêmes. Le chef s’entend dès ses premiers enregistrements à faire briller les couleurs françaises, impressionnistes, à la façon de Charles Munch sous la direction duquel il a joué, comprenant alors le sens profond de la musique, son mystère. Comme il a saisi la poésie magicienne de la musique à l’opéra, en assistant à une représentation de Rosenkavalier de Strauss sous la baguette enchanteresse de Carlos Kleiber.
Celui qui vient de diriger en 2010 et pour la première fois, dans la fosse de Bastille à Paris, un Werther de Gounod captivant (le dvd paraît en novembre chez Decca) a enregistré tous les jalons de la musique française chez Emi. Un coffret incontournable de 37 cd est édité en novembre 2010 chez Emi classics (Michel Plasson et la musique française: Gounod, Saint-Saëns, Lalo, Fauré, Roussel, Bizet, Berlioz, Honegger… Orchestre national du Capitole de Toulouse. Michel Plasson, direction. 37 cd Emi classics).
Le coffret réunit les grandes oeuvres restituées par le disque quand le Parisien était chef principal de l’Orchestre du Capitole de Toulouse, de 1968 à 2003. Dédié à la musique française, le coffret comprend les fameuses bandes berlioziennes (Symphonie Fantastique de 1989, Harold en Italie de 1991, mais aussi les mélodies version choeur et orchestre telles Sara la baigneuse, Ophélie… dans une magnifique prise de son de Frédéric Briant en 2003: un must absolu; sans omettre, la peu connue Mort d’Orphée, même date, même preneur de son). Saluons les Gounod (Symphonies 1 et 2 de 1979; Mors et Vita de 1992), Franck (Symphonie en ré mineur de 1985), le poème Rédemption de 1994), Lalo (Symphonie espagnole et concerto pour violon avec Augustin Dumay, de 1998 et 1989), Camille Saint-Saëns (Symphonie n°3; les trois tableaux de La Foi, de 1995; Le Carnaval des animaux de 1992), Bizet (L’Arlésienne de 1985; suite de Carmen et les Jeux d’enfants ou Petite Suite de 1992; les deux Symphonies: en ut et Roma, de 1993).
Au mérite d’un chef pionnier et visionnaire, reviennent d’aussi subtils accomplissements pour Chabrier (Gwendoline, Habanera, trois valses romantiques, Suite pastorale), Fauré (Pelléas, masques, Shylock, 1980, ce dernier avec Nicolaï Gedda: Caligula également de 1980; Requiem, cantique de Jean Racine, de 1984) ou Chausson (Soir de fête, Viviane, Symphonie en si bémol)…
Le symphoniste engagé s’exprime particulièrement ici dans des compléments convaincants: D’Indy (Symphonie n°2, 1978), Ropartz (Symphonie n°3, 1985), Magnard (Symphonies 1 à 4, enregistrées de 1983 à 1989), ou encore Debussy (Trois nocturnes, Prélude à l’après-midi d’un faune, Printemps, La Mer… 1987-1988), Satie (Gymnopédies dans l’orchestration de Debussy; Parade, La Belle excentrique, Cinq grimaces… 1988).
Enfin pour le XXè, outre Debussy dont Plasson exhume aussi la Fantaisie pour piano et orchestre avec François René Duchâble, 1995), soulignons l’apport de ses Ravel incontournables (La Valse, le Boléro, Pavane pour une infante défunte, valses nobles et sentimentales, Ma Mère l’oye, mais aussi les cantates pour le Prix de Rome: Alyssa, Alcyone, Myrrha; le Concerto pour piano en sol majeur avec le soliste: François-René Duchâble); mais encore Honegger (Symphonies 1 à 5, les Forains, Tableaux de Paris, de 1977). Duruflé (Requiem, Messe « cum jubilo », 1999), Dutilleux (Métaboles, The Shadows of time, Symphonie n°2, 1998-2001) complètent ce formidable parcours.
A noter quelques autres perles: L’Apprenti sorcier de Dukas, Le Chasseur maudit de Franck, Lénore de Duparc… Seul regret, au chapitre Albert Roussel, pourtant immense symphoniste, le coffret ne nous offre que Evocations opus 15 et le Prélude symphonique Résurrection opus 4… quand ses Symphonies auraient été si appréciées, mais la réalisation est au delà de notre attente. Coffret événement de novembre 2010.
Michel Plasson et la musique française: Gounod, Saint-Saëns, Lalo, Fauré, Roussel, Bizet, Berlioz, Honegger… Orchestre national du Capitole de Toulouse. Michel Plasson, direction. 37 cd Emi classics.