Saison 2009-2010
Michel Musseau
Le Concile d’Amour, 2009
(création mondiale)
Nantes, Théâtre Graslin
Du 5 au 10 novembre 2009
Angers, Grand Théâtre
Les 13 et 14 novembre 2009
Après une Manon de Massenet dévoilant la grâce juvénile et tendre d’un duo particulièrement convaincant, celui formé sur les planches par Burcu Uyar et Marc Laho, Angers Nantes Opéra poursuit sa nouvelle saison lyrique 2009-2010 avec une création très attendue, acide, engagée, surtout poétique et délirante: ouvrage atypique et cru dont la violence déstabilise les esprits (trop) bien pensants… Le Concile d’Amour du compositeur Michel Musseau (né en 1948), programmé en création mondiale à partir du 5 novembre prochain.
D’après la pièce d’Oskar Panizza écrite en 1895, le nouvel opéra présentée en création à Nantes puis Angers est une tragédie séditieuse et « céleste » qui fut dévoilée en France par les Surréalistes et André Breton en 1964. La pièce ne sera jouée dans l’Hexagone… que 5 ans plus tard (en 1969, dans une mise en scène de Jorge Lavelli). Avec le metteur en scène Jean-Pierre Larroche, le compositeur Michel Musseau, qui a étudié l’écriture avec Evelyne Andreani à Vincennes, puis a travaillé avec Luc Ferrari au sein de La Muse en circuit (1983-1993), transpose en musique, pour la scène théâtrale, ce chef d’oeuvre inclassable, loufoque et acide, qui est d’abord un formidable défi scénique.
A l’origine l’auteur du texte originel, Oskar Panizza (1853-1921) est un auteur maudit, qui après avoir été emprisonné (pour blasphème) à cause de son texte scandaleux, finit dans un asile (après avoir été interné pendant 15 ans, dès l’âge de 53 ans). Le Concile d’amour valut donc à son géniteur des déboires tragiques. Penizza y maîtrise une prose à la fois savante et juste qui souligne combien dans la vie terrestre tout est menacé par le mal et la dérision. Proie d’une mère huguenote et puritaine qui le rêvait pasteur, Panizza multiplie en réaction, des textes engagés et mordants contre le pouvoir (Guillaume II), l’église, le pape… il fustige l’absurdité des croyances, la suprématie du péché originel.
Derrière l’excès et la violence des images de Penizza, Breton reconnut l’emblème d’un vrai tempérament délirant et poétique. L’auteur attaque tout les fondements théoriques (et dogmatiques) de notre société, fondé sur le mensonge et l’hypocrisie… La charge du texte, véritable bouffonnerie parodique, dénonce les dérives aliénantes d’une société de plus en plus conformiste et passive: pensée unique contre liberté critique…
Dans Le Concile d’amour paraissent 46 personnages, « figures subtiles et caricaturales » dont Dieu le père, Marie, Jésus, le Diable… et le Pape Alexandre Borgia, adepte à la fin du XVème siècle (1495) des sensualités interdites et du poison libérateur. Chacun y anime une fresque satirique contre toute les formes d’autorité et de censure, contre les tyrannies et les dogmes. Panizza imagine que Dieu convoque Satan afin de punir les hommes de leur frénésie au sexe: ils les enchaînent à la dévotion à Salomé, divine séductrice qui dévoile davantage les faiblesses maladives et fatales…
Pour donner corps à ce texte délirant, pluriel, foisonnant, le compositeur et le metteur en scène inventent « une forme opératique, un théâtre musical, cinématographique et radiophonique » où la diversité des formes adoptées et leur spacialisation indiquent le lieu du délire et la richesse vertigineuse de la dénonciation orchestrés, comme un cri déchirant et l’expression d’une solitude désespérée par Panizza. « Notre Concile : nous le rêvons tranché, éclaté, grotesque, râpeux, chantant, ironique, brut, malin comme le diable, roué comme la Vierge Marie, multiple et saturé comme la guitare électrique, tragique et violent comme la fureur de Panizza … » précisent Jean Pierre Larroche et Michel Musseau. Il y aura donc des marionnettes et des machineries en plus des voix et des instruments. Mais aussi la bande préenregistrée du choeur, comme une guitare électrique, un trombone ténor, un violon… autant d’instruments qui peuvent se prêter aux déplacements sur la scène… C’est un univers inédit qui ose se confronter à l’irreprésentable. Production événement, défendue dès ce 5 novembre 2009 sur la scène du Théâtre Graslin de Nantes…
Michel Musseau: Le Concile d’Amour, 2009
Création mondiale
Scénographie et mise en scène Jean-Pierre Larroche
Dramaturgie et adaptation Frédéric Révérend
Costumes Marguerite Bordat
Lumière Jean-Yves Courcoux
Son Matthieu Parmentier
Marie, Dalila Khatir
Dieu le Père, Frédéric Caton
Le Diable et percussions, François Bedel
Guitare électrique, Julien Desprez
Trombone, Fidel Fourneyron
Violon, Rebecca Gormezano
Acteurs manipulateurs, Anaïs Durin, Michaël Chouquet
Manipulateur, François Fauvel
Choeur d’Angers Nantes Opéra enregistré sous la direction de Xavier Ribes
[Opéra en français]
Tournée 2009-2010
Créée à Nantes et à Angers en novembre 2009, la production du Concile d’Amour se déplace ensuite à Meylan (Hexagone, le 24 novembre, dans le cadre des 38è Rugissants), Quimper (Théâtre de Cornouailles, les 10 et 11 mars 2010), Besançon (Théâtre musical, les 25 et 26 mars 2010), puis à Toulouse (Théâtre national, les 26, 27 et 28 mai 2010). Soit 15 représentations pour le nouvel opéra composé par Michel Musseau et présenté par Angers Nantes Opéra.