samedi 3 mai 2025

Maurice Ravel, Ma mère l’Oye (1912)France Musique, le 28 mars 2007 à 15h

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Maurice Ravel
Ma mère l’Oye
, 1908-1912

Le 28 mars 2007 à 15h

Prima la musica. Concert donné le 10 mars 2007, Salle Olivier Messiaen Maison de Radio France à Paris. Valérie de la Rochefoucauld, conteuse. Orchestre Philharmonique de Radio France. Myung-Whun Chung, direction

Maurice Ravel est resté enfant
Nostalgique d’un monde imaginaire et poétique, jamais remis aussi de la perte d’une mère adorée, et peut-être pas assez chérie. Dans L’enfant et les sortilèges, il peint la tyrannie cruel d’un petit être délaissée par sa maman pour mieux indiquer la voie de la sagesse et de l’humanité chez un petit homme encore inachevé. Comme chacun, à tout âge, l’enfant doit mériter l’estime et l’amour qu’il veut susciter. Pour les enfants de ses amis Godebski, Jean et Marie, le compositeur invente les pièces enfantines de Ma mère l’Oye, pour piano à quatre mains, en 1908. Le climat propre à l’enfance le conduit aussi à ce qu’il aime ciseler, dans sa manière personnelle, l’épure, l’allégement, la concision suggestive, la finesse presque arachnénenne, la mécanique de précision. Ravel revisite les mondes enchantés et oniriques de Charles Perrault, de la Comtesse d’Aulnoye, de Madame Leprince de Beaumont. Et naturellement, ce sont des enfants qui créent la suite de cinq tableaux, le 20 avril 1910, à Paris, salle Gaveau. Le musicien réalisera en 1911 une orchestration, étoffant son canevas originel d’un prélude et d’un ballet supplémentaire (la Danse du rouet), tout en perfectionnant la continuité des scènes entre elles par de nouveaux intermèdes. Cet état ultime est créé en 1912.

Les 7 tableaux de la version orchestrale

Le Prélude (1) et ses bruissements de cordes énigmatiques est un lever de
rideau mystérieux qui suscite la curiosité et l’envie de découverte
pour ce qui va suivre. La Danse du Rouet (2) imagine la princesse Florine,
victime de s’être piqué le doigt sur la pointe d’un rouet. Chute de la
jeune femme et lamentation des suivantes. La Pavane de la Belle au bois
dormant (3)
: la vieille femme dont le rouet fatal a causé la mort de la
princesse, se dévoile: c’est la fée Bénigne. Les Entretiens de la Belle
et de la Bête (4)
: le chant de la clarinette exprime la Belle qui succombe
peu à peu à la beauté morale de la Bête. Petit Poucet (5) fait paraître le
groupe des garçons dans la forêt où se font entendre, presque lugubres,
le chant des oiseaux dont le cri du coucou à la flûte. Laideronnette,
impératrice des pagodes (6)
impose le talent du Ravel, génie de
l’orchestration. D’après Le Serpentin vert de la Comtesse d’Aulnoye, la
texture de l’orchestre, portant en avant les couleurs du célesta, de la
harpe, du xylophone, développe un raffinement plastique porteur
d’étrangeté et d’exotisme. Pour boucler la présentation des contes,
Ravel imagine une fin qui en assure l’unité poétique: dans Le jardin
féerique
(7),
le prince charmant ressuscite la princesse, acclamés par tous
les personnages précédemment évoqués. Les cordes transmettent
l’activité de ce pays des merveilles qui témoignent de la fascination
constante et intacte de Ravel pour le monde de l’enfance. L’enfance
telle que peut seul la voir un adulte ne serait-elle pas, dans un
mouvement rétrospectif, l’appel irrésistible à l’éveil, à
l’enchantement, à l’insouciance, à la propice rêverie, autant de
sentiments perdus, de facultés de l’âme évanouies, que tout créateur
tente d’approcher dans son oeuvre?

Illustration
Mignard, l’enfant au savon (DR)

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