Marseille Concerts propose ce 17 décembre 2023, à l’Auditorium du Pharo, l’un des temps forts de sa programmation : un somptueux programme avec la pianiste légendaire Martha Argerich et l’Orchestre Philharmonique de Marseille.
Sonorité d’or liquide, des octaves de feu et des phrasés aériens : Martha Argerich fascine depuis des décennies… Fauve et crépusculaire, d’un onirisme sans égal, la « Lionne du clavier » intrigue par « son tempérament indomptable et son caractère farouche qui en font un personnage unique dans le monde de la musique classique ». C’est une artiste humaniste, fraternelle qui s’est toujours vouée à l’amitié. Proche du pianiste Nicholas Angelich qui nous a quitté trop tôt en 2022, la pianiste argentine lui rend hommage, à quelques jours de son anniversaire avec la complicité de l’Orchestre philharmonique de Marseille dirigé par Lionel Bringuier (lui aussi ami de Nicholas, et récent chef principal du Philharmonique de Nice).
Au programme du concert : Beethoven, le chantre de la fraternité qui était au coeur du répertoire de Nicholas Angelich. Ludwig est aussi l’un des musiciens préférés de Martha qui joue son premier concerto depuis l’âge de 7 ans « et qui écrivait sur ses cahiers d’enfant, Beethoven, le dieu de la musique ». Tout un programme. Portrait : Martha Argerich (DR)
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MARSEILLE, Auditorium du Palais du Pharo
Dimanche 17 décembre 2023, 16h
Plus d’infos : https://www.marseilleconcerts.com/events/martha-argerich-2
Auditorium du Palais du Pharo, 58 Bd Charles Livon, 13007 Marseille
Prochain spectacle de Marseille Concerts : Trio MOREAU, samedi 13 janvier 2024, Palais du Pharo, 20h30. Schubert, Brahms… Plus d’infos et billetterie : https://www.marseilleconcerts.com/events/trio-moreau-1
notre critique du concert
Marseille concerts n’usurpe pas sa réputation cet après midi en permettant auprès d’une large audience marseillaise de partager l’excellence musicale ; accueillir ainsi au Pharo la première dame du piano au monde, est une gageure mémorable… Et une expérience réussie. Le vaste auditorium affiche une salle comble et chauffée à blanc qui, en fin de séquence applaudit à tout rompre, debout, criant sa jubilation, — « on vous aime » à l’appui.
Ovation légitime car ici les notions d’interprétation, d’incarnation, de sublimation… prennent tout leur sens. La reine Martha octogénaire offre sa délectable expérience musicale avec un naturel désarmant, frêle silhouette mais… force poétique colossale.
La Reine Martha à Marseille
De phrasés murmurés, suspendus, enchantés, à une précision jubilatoire qui semble danser, et comme enivrée sur le clavier, la pianiste Argentine à laquelle le Président de la République vient de remettre les insignes de commandeure de la Légion d’honneur,- vendredi dernier [en compagnie de son compatriote et chef Daniel Barenboim], est la poésie incarnée.
Tout coule et se révèle sous ses doigts, à la fois malicieux et d’une souplesse heureuse qui transporte.
Ce qui frappe le plus c’est assurément ses tempos, et son toucher caressant, tendre, rien que suggestif ; l’interprète fait jaillir immédiatement un temps et un espace propres que nourrit un imaginaire fulgurant lequel semble sorti de l’enfance : une couleur irréelle qui désarme et enchante. Écouter ce miracle sonore est un don du ciel que l’on souhaite à tout mélomane de vivre une fois dans sa vie. Est-elle d’autant plus subtile au diapason de ce concert mémorable à Marseille qui est en mémoire de son confrère Nicholas Angelich, pianiste ô combien suggestif lui aussi, récemment décédé… ?
Ce concerto pour piano n°2 de Beethoven, le premier des grands concertos, affirme l’ampleur de la vision beethovénienne, dans le dialogue très équilibré entre le clavier et l’orchestre ; mais ce qu’accomplit alors Martha Argerich, c’est une compréhension profonde de son écriture et de son esprit : le flux mozartien, sa tendresse enivrée, et la puissance de l’ambition beethovénienne, son esprit de conquête et de dépassement.
En première partie, Martha Argerich présente l’une de ses élèves, Akane Sakai, dans le concerto « JeuneHomme » de Mozart,… précision, tempérament, tension calibrée… la jeune pianiste japonaise sait séduire et convaincre. Seule réserve souvent familière des jeunes tempéraments fussent-ils immensément doués, l’énergie forcenée, la précision coûte que coûte, parfois au sacrifice des nuances…. D’autant que sa marraine cet après midi, excelle dans ce registre.
Les deux interprètes se retrouvent à quatre mains dans les épisodes finaux de Ma Mère L’Oye de Ravel… C’est à nouveau le temps du rêve qui s’incarne, la magie couplée à l’enchantement… Les couleurs, la conception sonore, toute l’esthétique qui se dégage des deux seules interprètes, impressionnent, révélant une capacité à égaler en richesse évocatrice, tout l’Orchestre. Tout le mérite en revient la aussi à l’aînée qui a le souci de transmettre le secret de son art. Quatre mains mais une pensée musicale unique qui frappe par la cohérence et la complicité d’une artiste enchanteresse.
Belle leçon de transmission. Et somptueux concert.
Prochain concert présenté par Marseille Concerts : lundi 16 mars 2024, 19h / Quatuor Modigliani : Mendelssohn, Schubert… infos & réservations : https://www.marseilleconcerts.com/events/quatuor-modigliani
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CRITIQUE, concert. MARSEILLE CONCERTS, le 17 décembre 2023 [Pharo]. Mozart, Beethoven / Martha Argerich, Akane Sakai, piano / Orchestre philharmonique de Marseille. Lionel Bringuier, direction
LUDWIG VAN BEETHOVEN
Concerto pour piano n° 2
Martha ARGERICH, piano
WOLFGANG AMADEUS MOZART
Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur, dit « Jeunehomme »
Akane SAKAI, piano
Lionel BRINGUIER, direction
Orchestre philharmonique de Marseille
RENSEIGNEMENTS / RÉSERVATION
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