Maria Callas (1): 1923-1947
Apprentissage et premiers succès italiens
Rien ne semblait destiner Cecilia Sophia Anna Maria Kalogeropoulos, née à New York le 2 décembre 1923 à devenir l’une des plus grandes voix du siècle. Surtout pas son physique d’adolescente, enveloppée et myope. Serait-ce que le timbre spécifique de La Callas, si troublant et émouvant, d’une âpreté pénétrante, doive son grain particulier aux efforts incessants que la jeune femme a dû mener et réussir coûte que coûte pour prendre à ses yeux, forme humaine? … faire craquer la gangue d’une adolescence ingrate pour devenir la femme et l’artiste accomplies, alliant féminité et expression, style et rayonnement… La voix de Callas exprime assurément cette conquête impossible en apparence, longue et radicale métamorphose de son propre corps, puis de sa silhouette, et jusqu’à son visage qui la fit devenir radieuse et rayonnante, d’une beauté inoubliable… La voix de Callas est la voix d’un corps métamorphosé qui s’est reconstruit par la force d’une âme surhumaine.
A Long Island, la jeune Maria souffre de n’être pas assez belle aux yeux de sa mère qui lui préfère sa soeur aîné, Cynthia, rebaptisée « Jackie »… un prénom qui lui fera encore de l’ombre au moment où elle n’attendait que d’être épousée par l’armateur Aristote Onassis…
Pour l’heure, radiophile, la jeune femme s’impose dans son cercle et vis à vis de sa mère, en chantant les mélodies à la mode. Aucun doute, Maria a une voix. Pour s’en convaincre, mère et filles décident de rejoindre la terre familiale. En 1937, à 14 ans, Maria découvre la Grèce et le… chant au Conservatoire d’Athènes sous la férule de son professeur, Elvira de Hidalgo.
Tosca, Gioconda
L’apprentissage ne tarde pas à porter ses fruits. Agée de 18 ans, Maria Kalogeropoulos, remplaçant la chanteuse initialement prévue, chante Tosca à l’Opéra d’Athènes, le 4 juillet 1941. Premier succès. C’est un rôle taillé pour son art: elle l’abordera à de nombreuses reprises, devenant comme l’emblème de sa « passion scénique ». Immédiatement le tempérament et la puissance dramatique de sa voix fascinent l’audience.
1945, retour à New York. Elle y retrouve son père, qui de Yorgos Kalogeropoulos s’est rebaptisé « Georges Callas ». Ainsi, la vie de Maria est ponctuée de renaissances et de métamorphoses. Maria devient Maria Callas et à ce titre passe audition sur audition, sans cependant décrocher le moindre engagement… New York la boude. Le destin se nomme Italie. Repérée par le directeur des Arènes de Vérone, Giovanni Zenatello, la jeune cantatrice en quête de rôles, est embauchée pour y chanter… La Gioconda de Ponchielli.
A Vérone, à l’été 1947
Maria Callas trouve un public, naturellement amoureux de tempéraments tragiques et intenses comme le sien. La soprano y rencontre le chef Tullio Serafin et le 30 juin de la même année, celui qui allait être un pilier affectif structurant, Giovanni Battista Meneghini. Il a 50 ans. Elle n’en a que 24 ! Qu’importe, le courant passe entre les deux êtres. Riche, Meneghini outrepasse l’embonpoint de la jeune chanteuse. Il décèle chez elle, ce talent qui ne demande qu’à croître. Après un séjour à Venise, Meneghini devient le confident, l’amant, surtout l’impresario de Maria Callas.
Crédits photographiques
Maria Callas (DR)