Marcos Portugal
L’oro no compra amore (1804)
Lundi 10 décembre 2012, 20h
Opéra de Rio de Janeiro, Brésil
Bruno Procopio, direction
Orchestre Symphonique du Brésil
Défricheur et grand expert des sonorités sur instruments d’époque, le chef Bruno Procopio poursuit sa carrière musicale au service d’un génie de la veine comique, après Cimarosa, avant Rossini: Marcos Portugal. Avec L’oro no compra amore (1804),
le compositeur portugais élève le genre léger au niveau des meilleurs
Haydn et de Mozart: facétie, subtilité, action et raffinement, tout
indique un tempérament à redécouvrir d’urgence. Le 10 décembre à l’Opéra de Rio …
Grand retour de Marcos Portugal au pays de tous ses succès lyriques et sacrés les plus éclatants; génie dramatique éduqué en Italie, puis sommité musicale portugaise (à Lisbonne, il est directeur musical du Teatro Sao Carlos de 1800 à 1807) au début du XIXè, le compositeur s’embarque pour le Nouveau Monde, participant très étroitement à l’aventure de l’Empire brésilien nouvellement né : il y devient le premier musicien de culture européenne, diffusant l’excellence lyrique dans le style de Cimarosa, Paisiello, Rossini; et sera fait citoyen brésilien en 1824. La partition que ressuscite Bruno Procopio rétablit Marcos Portugal (1762-1830) dans sa place: celle d’un génie mélodiste, orfèvre bel cantiste de 42 ans, immensément doué au point que Rossini soi-même n’hésitera pas à lui emprunter certaines formules demeurées célèbres, en particulier pour son Barbier de Séville de 1816. Il est temps de réhabiliter un immense musicien classique et romantique, entre l’ancien et le nouveau monde, entre Portugal et Brésil…

L’oeuvre de Marcos Portugal renaît aujourd’hui grâce à l’engagement du jeune chef d’orchestre Bruno Procopio, d’origine brésilienne et résident en France. Le maestro fait à l’Opéra de Rio, ce 10 décembre 2012, un passage événement, dévoilant toute l’exquise finesse d’une comédie conçue par Marcos Portugal et célébrée dans les principaux théâtres européens au moment des premiers succès de Rossini. Bel cantiste affûté, Marcos Portugal ressuscite ainsi sous la baguette exigeante d’un jeune maestro familier des répertoires baroques, de Couperin à Rameau. Le jeune chef d’orchestre connaît d’autant mieux l’écriture entre Portugal et Brésil de Marcos Portugal, qu’il vient de ressusciter dans sa version pour orgue concertant, l’ineffable Missa Grande, monument sacré d’un compositeur encore jeune mais au début des années 1780, déjà maître d’une écriture bel cantiste, virtuose et raffinée: voir nos reportages de la Missa Grande de Marcos Portugal, Paris, cathédrale Saint Louis des Invalides, février 2011, puis festival de Cuenca, Espagne, mars-avril 2012.
Perle buffa au Brésil
Bruno Procopio vient de diriger l’Orchestre de Jeunes Simon Bolivar du Venezuela à l’été 2012 (l’orchestre qui avait révélé Gustavo Dudamel), dans un programme ambitieux dédié aux opéras de Rameau: une occasion exceptionnelle pour les instrumentistes sur instruments modernes de se confronter au jeu particulier, à l’esthétique sonore et musicale, qu’exigent les partitions du XVIIIème siècle. C’était même la première fois que Rameau, compositeur de la monarchie française à l’époque de Louis XV, était joué outre-Atlantique !
Un prochain enregistrement discographique fixera le travail d’analyse et d’approfondissement pionnier entrepris par Bruno Procopio à Caracas avec le SBYOV (Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela): jouer Rameau à Caracas (session d’avril 2011).
En décembre 2012, Bruno Procopio à la tête de l’Orchestre Symphonique du Brésil (Orquestra Sinfonica Brasileira) défend un répertoire qu’il maîtrise à la perfection: l’opéra. De Rameau à Marcos Portugal, le chef déploie la même attention à la vitalité organique des partitions, l’entrain et l’allant pulsionnel, la cohésion et l’énergie dramatique des œuvres choisies. Avec L’Oro no compra amore, comédie en italien créée au Sao Carlos de Lisbonne en 1804, Marcos Portugal poursuit l’oeuvre lyrique de Cimarosa tout en se rapprochant du jeune Rossini. Musicien entre les deux mondes et les deux cultures, familier de l’esthétique française en particulier sur instruments d’époque, comme des idiomes brésiliens, Bruno Procopio devrait faire scintiller toutes les facettes particulières d’une partition aussi légère et comique que subtile et mordante (dans la tradition buffa de Haydn et des Napolitains). Recréation événement.

avec trois autres solistes d’exception souligne l’invention expressive
de ce nouveau dispositif instrumental qui fait de Jean-Philippe Rameau,
un défricheur visionnaire… Pièces de clavecin en concerts de
Jean-Philippe Rameau par Bruno Procopio, clavecin, avec Philippe Couvert, violon; François Lazarevich, flûte allemande; Emmanuelle Guigues, viole de gambe. Reportage vidéo exclusif

qu’a conduit partout dans le monde le dynamique et si charimastique
Gustavo Dudamel… La phalange qui joue sur instruments modernes n’était
guère sensibilisée jusque là à la manière baroque.