mardi 29 avril 2025

Marcel Marnat: « Venise, faute de mieux » (Editions Zurfluh, collection « Les romans d’Auguste »)

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Les éditions Zurfluh, pour qui a visité le dernier salon Musicora 2008 (du 4 au 6 avril 2008), a marqué le champs de l’édition musicale de ce début d’année en lançant une nouvelle collection prometteuse de « biographies romanesques » ou « romans historiques », « les romans d’Auguste« , dédiés chacun, à la figure d’un compositeur.
Dans « Venise, faute de mieux« , Marcel Marnat parle au nom de Claudio Monteverdi. Faisant partager au lecteur, la pensée souvent contrariée d’un génie en son époque mésestimé, voire accablé par une mauvaise fortune. Longtemps en quête d’un patron digne de son art, le fondateur de l’opéra moderne s’est épuisé en maintes requêtes, et innombrables tentatives… De Crémone à Mantoue où le musicien de la Cour de Francesco Gonzaga tout en créant son divin Orfeo (1607), dans la salle des miroirs du Palais ducal, désespère d’une gloire légitime, tout au moins d’un meilleur régime, ne désarme jamais sur la scène de l’invention, de la modernité, de l’expérimentation. Le talent de l’auteur nous fait revivre cette nécessité de dépassement créateur qui pousse toujours plus loin le compositeur vers davantage de décantation, d’expressivité, de vérité.
Passionnant le chapitre consacré au contexte de composition de l’Orfeo, mais aussi de ces autres ouvrages pour la scène lyrique. A Venise, on comprend comment, le compositeur enfin estimé à sa juste mesure, aidé de ses aides, Ferrari et Cavalli entre autres, façonne le théâtre de l’avenir, avec grâce à la complicité du librettiste Badoaro (Ulisse), surtout avec le poète et avocat Busenello (Poppea). Même âgé, Monteverdi s’inscrit dans la lignée des plus novateurs: âme exigeante et audacieuse dont le souci de réalisme opère même dans son ultime opéra, Le couronnement de Poppée (1642/1643), un renouvellement stupéfiant de l’intelligence scénique, inspirée par le cynisme poétique alors partagé par les deux auteurs. Marcel Marnat indique clairement comment pour chaque opéra nouveau, les choix esthétiques du texte comme de la musique résonne par réaction avec les faits de l’actualité politique. Cette interaction entre l’oeuvre et le climat intellectuel contemporain, reste constamment captivant.
Le principe de la narration subjective, où l’auteur fait parler Monteverdi à la première personne donne parfois des résultats contestables, où la pensée de Claudio Monteverdi est ainsi restituée au style direct, mais l’écriture et la vivacité des évocations rendent prenant l’intérêt de cette contribution romanesque qui s’appuie cependant sur des faits authentiques. A défaut d’être musicien à Rome où le pape Paul V demeure sourd à ses offres de service, c’est Venise, patrie de la modernité qui accueille le plus grand génie du XVIIème musical. Le dernier chapitre restituant Monteverdi dans « sa » ville, est le plus réussi. En plus d’un portrait troublant d’un vieillard habité jusqu’à la fin par l’idée d’une oeuvre parfaite, l’écriture évoque aussi la ville et les moeurs vénitiennes à son époque. Lecture passionnante.

Marcel Marnat: « Venise, faute de mieux« . Editions Zurfluh, collection « les Romans d’Auguste« , 188 pages.

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