jeudi 28 mars 2024

Lyon, 1er Concours International d’Orgue Du 19 au 26 avril 2009

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1er Concours International d’Orgue à Lyon
Epreuves publiques, concerts associés (ONL, œuvres de Thierry Escaich ; Requiem de Duruflé…),
Du dimanche 19 au dimanche 26 avril 2009

La fête à l’orgue lyonnais : l’association « Orgue en jeu » met en scène le 1er Concours International de cet instrument dans une Cité riche en patrimoine XIXe-XXe comme en interprètes, et l’inscrit dans une série de concerts associés où on pourra entendre – entre autres – des œuvres de Maurice Duruflé (Requiem) et de Thierry Escaich (La Barque Solaire, avec l’O.N.L.: orchestre national de Lyon)


Le sens d’Orgue en (Pleins) Jeu(x)

Une semaine de fête aux claviers, au pédalier, à la tribune, à la console, et en toutes ces sortes de « lieux » où s’inscrit l’orgue : on sait que Lyon n’en est pas avare, du moins pour les instruments romantiques, post-romantiques et leur descendance moderne. Entre Rhône et Saône, on a aussi une bonne illustration du fait que si l’instrument à tuyaux « orne » surtout des lieux de culte chrétiens, il peut aussi être présent – et en force acoustique – dans des salles de concert ou en domaine de pédagogie. D’où l’idée surgie pour 2009 d’un « événement exceptionnel qui rassemble plusieurs des grands acteurs de la vie musicale lyonnaise, explique l’organiste Louis Robilliard, président de l’association « Orgue en Jeu » : un Concours International qui permettra d’entendre sous les doigts de 12 concurrents sélectionnés et venant de plusieurs continents quelques uns des plus prestigieux instruments de notre ville. » Louis Robilliard, qui a enseigné au Conservatoire de Lyon, organiste prestigieux dont les interventions au disque ont été décisives pour révéler des partitions importantes (qu’attend-on pour rééditer son Schoenberg et son Ballif, naguère chez ARION ? et en tout cas, on peut accéder chez FESTIVO à ses récents et actuels « romantiques » – Liszt, Brahms, Mendelssohn)et « modernes » (Fauré, Widor, Vierne, Franck, Duruflé..) souligne le fait que de nouvelles générations d’interprètes (par son enseignement conservatorial, il en connaît un bon nombre !) ont pris une relève qui a investi les tribunes : « Certes, la particularité du rite liturgique lyonnais a très longtemps interdit l’usage de l’orgue dans les offices, ce qui contribue à expliquer ici une absence étonnante d’instruments « anciens ». Mais depuis le milieu du XIXe, quelle richesse d’instruments ! Il s’y est ajouté récemment des « inspirés de l’esthétique baroque allemande » qui permettent le travail dans ce domaine. En tout cas notre association « Orgue en jeu », fondée en 2005, coordonne bien des efforts qui seraient restés plus dispersés, et nous a permis de réaliser en 2007 et 2008 deux mini-festivals qui ont tout même rassemblé 2000 puis 3000 auditeurs. Et puis il nous a semblé qu’un concours de portée internationale mettrait en valeur la diversité stylistique des instruments lyonnais à travers les interprétations. En même temps la semaine s’articulerait avec des événements de concerts demandant même l’orgue à titre symphonique. »


Naviguer avec une Barque Solaire


Il y aura donc, après sélection sur dossiers, une douzaine de candidats – 2 Français, 10 étrangers -, « jugés » par un jury lui aussi international – les Français Michel Bouvard, Susan Landale et François Espinasse, le Russe Slava Chevliakov, l’Allemand Wolfgang Zerer, le Suisse Lionel Rogg -, qui « s’exprimeront » en public sur l’Allemagne XVIIe-XVIIIe, Mozart, Mendelssohn, Vierne, Escaich …et des libres propositions. Le « maxima laude » suprême aura aussi l’honneur de jouer en prélude au concert de l’ONL. (samedi 25 avril) où seront données – sur l’étonnant instrument-spectacle de l’Auditorium – des œuvres de Thierry Escaich. Voilà le second volet de ce polyptique « orgue à Lyon » : le concert de la saison 2009-Auditorium et ONL où le compositeur en résidence, Thierry Escaich donnera, en tant qu’auteur et valeureux interprète…de soi-même, la création française de sa Barque Solaire. Après le 2e Concerto pour orgue (2006), c’est un nouvel exemple de ce qu’un instrument théâtral comme celui de l’Auditorium peut contribuer à l’inspiration d’un compositeur pleinement habitué aux particularités du « symphonique » héritier du XIXe, et qui de surcroit s’y meut avec un visible plaisir. Cette Barque est celle du dieu de la mythologie égyptienne, Râ, qui « chemine sur la voûte céleste, dans le cycle éternel de la naissance, de la vie et de la mort ». La musicologue Claire Delamarche, notant qu’ici « le son est travaillé à pleines mains, d’une manière presque charnelle », souligne aussi l’originalité esthétique et surtout spirituelle de cette nouvelle composition par rapport aux concertos, plus expressionnistes , et en face de Messiaen, pourtant si admiré par Thierry Escaich : « Messiaen est mu par une foi sereine, et sa musique est baignée d’une lumière radieuse qu’on pourra nommer Espérance…La quête de transcendance est (ici) beaucoup plus agitée. L’homme est en proie au doute, et les angoisses qui le tenaillent l’aspirent vers les ténèbres plus que vers la lumière. Sa musique met en scène une lutte intérieure permanente, qui se traduit dans la frénésie et l’instabilité du rythme, dans un caractère souvent obsessionnel. Elle est avant tout mouvement, élan, elle se déploie dans de grands gestes formels au déroulement inéluctable. » Victor Hugo, dont les virtuosissimes Djinns – du climax : « Cris de l’enfer ! voix qui hurle et qui pleure ! » à la coda « L’espace / efface / le bruit » – avaient inspiré le tryptique des Nuits Hallucinées (en création mondiale à l’ONL en 2008), pourrait revenir dans la Barque Egyptienne au terme du voyage, lui qui aurait eu en mourant cette superbe description : « C’est ici le combat du jour et de la nuit. Je vois de la lumière noire. » En cette même soirée où Jun Märkl dirige « son compositeur-résident », on entendra aussi le Poème des Eaux Natales – encore une substance pour que glisse mieux la Barque…- , un des Trois Poèmes adaptés par T.Esca ich « en symphonie », et une Sonate pour orgue de Mendelssohn, en miroir de la « 3e Symphonie » où l’auteur allemand célèbre l’Ecosse, mais aussi et surtout « des eaux natales » où se mêlent nostalgie du voyage et splendeur harmonieuse de la mélancolie.


La tendresse humaine d’un Requiem


Un autre concert important est « inclus » dans la semaine d’Orgue, celui du Chœur d’Oratorio Lyonnais dirigé par Bernard Tétu et Catherine Molmerret, où les voix solistes (l’alto Sarah Jouffroy, le ténor Jean-Baptiste Dumora) s’unissent à l’orgue ( Yves Lafargue, successeur de Louis Robilliard au Conservatoire de Lyon). On y écoutera deux œuvres du sacré français où la tendresse pour l’humanité l’emporte sur les ombres de la nuit. Du disciple bien aimé par Debussy, André Caplet, la Messe à trois voix est « adaptation très personnelle de certains procédés grégoriens ou médiévaux, qui porte en épigraphe un verset du Psaume 19 : « Dans le soleil j’ai posé ma tente ». Quant au Requiem (1947) de Maurice Duruflé, il s’inscrit dans l’esprit d’un Fauré qui, 60 ans plus tôt, se refusait à la vision « religieuse » violente d’une mort regardée comme un spectacle tragique : l’anti domination du Dies Irae, de Berlioz ou de Verdi, en somme… Et l’orgue n’y joue pas le rôle d’un partenaire complice d’agitation terrifiée quand il s’agit de regarder en face la Camarde : plutôt un compagnon du chemin où se disent apaisement et espérance, en une matière sonore dont l’Introït est aussi et déjà fluctuation liquide sans menace. Dans cette partition dédiée par Maurice Duruflé à la mémoire de son père, neuf temps-refuges – selon la belle expression de Joël Wissotzky – , « dont l’écriture procède d’éléments simples, à la fois traditionnels et empreints de liberté : contrepoint, recueillement, chant intérieur…, on hésite à commenter – trahir ? – la fragile trajectoire de l’œuvre, à l’accueillir autrement que par le silence ». A Chambéry aura également lieu un concert orgue (Michel Bouvard) et cuivres, de Bach à Widor, tandis que la cathédrale Saint-Jean de Lyon « fera l’ouverture » de la session, avec les organistes Vincent Bernhardt et L.N.de Camboulas dans Haendel et Mozart, et que le CNSM présentera en conférence-et-pratique l’orgue du XXe (François Sabatier, Emmanuel Ducreux), et des classes de maître par Lionel Rogg et W.Zerer, que l’Auditorium mêlera les percussions de G.Itier au clavier de T.Escaich (Bach, Eben, Glenworth). Et encore qu’on inaugurera l’instrument de l’église Saint-Augustin, avec Gabriel Marghieri et l’ensemble Vox Laudis (L.J. de Pommerol), et que Susan Landale donnera récital (Franck, Mendelssohn, Tournemire) à Bourgoin-Jallieu, tout comme Michel Bouvard à Chambéry.


Semaine d’Orgue en Jeu, du dimanche 19 avril 2009 au dimanche 26. Epreuves publiques (CNSM, Temple Lanterne, Eglises Saint Vincent, Saint-François, Auditorium ) 21, 22, 23, 24 et 25 avril.
Concerts : Cathédrale Saint-Jean de Lyon (19 avril, 18h). Eglise du Saint-Sacrement (mardi 21, 20h30) : André Caplet (1878-1925), Messe à 3 voix ; Maurice Duruflé (1902-1986), Requiem. Auditorium,( samedi 25 avril, 18h, avec prélude par le lauréat du concours ; même programme le jeudi 23, 20h30) : F. Mendelssohn (1809-1847), 3e Symphonie ; T. Escaich (né en 1968), Barque Solaire. Bourgoin-Jallieu (38), jeudi 23, 20h30 ; Cathédrale de Chambéry (73), jeudi 23, 20h30 ; Lyon, Saint-Augustin, dimanche 26, 17h.
Renseignements et réservations : T. 06 15 32 94 13 | www.orguenjeu.com; Auditorium T. 04 78 95 95 95 ; Solistes de Lyon/Tétu , T. 04 72 98 25 30 ; http://www.solisteslyontetu.com
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