Ludwig van Beethoven
Intégrale des Symphonies
10h
Le lundi 8 janvier 2007
Le mardi 9 janvier 2007.
Le mercredi 10 janvier 2007,
à 10h et à 20h
Orchestre du XVIII ème siècle
Franz Brüggen, direction
Brüggen, orfèvre du timbre
Voilà plus de 20 ans déjà, que Franz Brüggen enregistrait pour Philips, son intégrale des symphonies de Beethoven (le premier enregistrement, la symphonie n°1, le fut dès 1984). Beethoven avec instruments du XVIII ème siècle? Ne s’agit-il pas d’une boutade rétrograde, usant de factures d’instruments historiques voire passéistes d’autant inopportuns pour le compositeur de l’avenir? Qu’a le compositeur à gagner dans ce retour systématique à la sonorité dite « d’époque »?
A y regarder de plus près, « réconcilier » Beethoven avec le XVIIIème n’est pas en soi incorrect : tout son bagage doit à Haydn et Mozart, les maîtres du classicisme viennois dont le maître de Bonn est un disciple naturel. Ses Symphonies n°1 et 2 ont ce classicisme mesuré qui d’ailleurs, a fait qu’elles ont été mises de côté, correspondant, dans le goût des admirateurs, bien peu à l’énergie romantique et passionnelle des autres opus…
Brüggen s’est expliqué sur sa démarche en mettant en avant dans chaque symphonie beethovénienne, la notion du timbre. Beethoven pense la musique par famille d’instruments. Chaque grain, chaque couleur d’instrument constitue son vocabulaire. Et le compositeur les agence selon sa conception. L’importance de l’instrument est d’autant plus frappante dans les deux premières symphonies qui sont en étroite parenté avec celle de Haydn.
Avec Beethoven, la singularité de l’instrument acquiert ses lettres de noblesse : les timbales deviennent solistes, et les bois ne se bornent pas simplement à doubler les cordes. D’ailleurs, un témoin de la deuxième symphonie s’étonna de « l’emploi immodéré des vents ». Chaque timbre est associé à une couleur spécifique de sentiment. La force de l’orchestration impose Beethoven comme le fondateur de l’orchestre romantique. Le musicien élabore une totalité douée désormais de sa personnalité propre. C’est une action abstraite mais expressive, féconde, et foisonnante grâce à la qualité de sa palette de timbres.
La marque de Brüggen en « osant » jouer Beethoven avec son Orchestre du XVIII ème siècle, se révèle gagnante en ce qu’elle dévoile la richesse expressive de la texture, des combinaisons et des alliages instrumentaux. Brüggen éclaire l’une des composantes clés de l’esthétique beethovénienne.Avec d’autant plus de pertinence que son approche articule la tenue rythmique, la dynamique et la « dramaturgie » des partitions. Cette intégrale enregistrée en décembre 2006 à Paris (théâtre des champs élysées) apporte un éclairage original sur le testament de l’un des génies symphonistes de l’histoire.
CD
Franz Brüggen, intégrale des symphonies de Beethoven. Coffret 5 cd, Philips 1994 (notre photo).
Illustrations
Beethoven (DR)
Franz Brüggen (DR)