LIVRE, événement, critique. BRUNO WALTER, un monde ailleurs (Notes de nuit)

A ne pas rater

Couverture du livre Bruno Walter, Un monde ailleursLIVRE, événement, critique. BRUNO WALTER, un monde ailleurs (Notes de nuit). Après un remarquable essai biographique sur Klemperer, l’éditeur Notes de Nuit édite en français une biographie du chef et compositeur Bruno Walter né à Berlin en 1876 rédigée à deux mains américaines, celles d’Erik Ryding et Rebecca Pechsky. Formé au Conservatoire Stern, Walter affirme très tôt un vrai talent de pianiste et découvre sa vocation de chef en écoutant Wagner: il ne sera jamais invité à Bayreuth (et pour cause la directrice Cosima étant ouvertement antisémite); mais la vocation est active et le jeune maestro n’a de cesse de diriger dès lors les orchestres, en particulier à Cologne, à peine âgé de 17 ans. Sa plus grande rencontre humaine reste celle de Mahler lui-même venu à Hambourg diriger sa Symphonie n°1 : le choc est total et Gustav Mahler, exigeant, jusqu’auboutiste, demandant et obtenant tout des instrumentistes, devient le modèle à suivre…
Nourri et enrichi à cette source idéale, Walter évolue entre Vienne et Munich, juste avant l’effondrement de l’Empire Habsbourg ; favori de Mahler à Vienne (son « bras droit »), et donc fervent défenseur des œuvres de son mentor (qui est aussi directeur de l’Opéra) : Walter, en fidèle des fidèles, crée à partir de 1912, à Vienne les 8è puis 9è symphonies, sans omettre le Chant de la terre (dans une version jamais reprise, pour deux voix masculines). Mais l’envol du maestro se réalise surtout à Munich dans la capitale bavaroise où il programme ce qu’il souhaite, avec une intelligence et une cohérence rares, certainement héritée de Mahler…
Le texte précise comment le chef passionné de culture allemande fut obligé de quitter l’Autriche et l’Allemagne nazifiée ; rejoint les USA, la côte newyorkaise et californienne (Los Angeles, Monterey), incarnant une certaine tradition de la direction, mesurée, détaillée… « mozartienne » : Wolfgang reste le compositeur qu’il sert le mieux (avec les oeuvres de Mahler).
Les deux auteurs décrivent par le détail le quotidien d’une activité continue, celle du chef principalement ; nommé « generaldirektor » à Munich (1913-1915), où il défend Korngold et créée la première bavaroise de la Femme sans ombre de R Stauss (1919, avec Delia Reinhardt en Impératrice, soprano qui compta de plus en plus alors) ; aux USA à partir de 1923; puis emblème de la république berlinoise 1925 – 1929, aux côtés de Furtwängler ; nommé Kapellmeister au Gewandhaus de Leipzig (1929-1933) ; l’exil du chef célèbre nomade aux USA (1933 – 1936), un départ forcé hors d’Allemagne qui passe par Salzbourg où il dirige le premier Wagner dans l’histoire du festival fondé par R Strauss, Tristan und Isolde à l’été 1933. Entre New York et Los Angeles, de 1939 à 1947, Walter mène de front tous ses nouveaux défis américains… L’exilé rayonne par son charisme, sa force de travail, et ce sens de la finesse en tout. A partir des lettres de l’intéressé, des rapports critiques de la majorité des ses concerts, le texte rend vie à cet infatigable lettré, humaniste et fraternel, soucieux du sens profond des œuvres… plus humain que Toscanini, plus élégant que Furtwängler… en somme, la réincarnation du général Coriolan qui trouva hors de Rome, … « un monde ailleurs ». Le sien, où se croise les plus grands interprètes, les compositeurs du début du XXè, de Korngold, R Strauss à Berg, Schöenberg, Casella.…, quelques chefs aussi, tenus à distance et rivaux, Furtwängler, Toscanini déjà cités, sans omettre Weingartner… Ainsi les éditions Notes de Nuit consacrent le 5ème titre de leur collection, « La beauté du geste », à Bruno Walter (Berlin, 1876 – Beverly Hills, 1962). Le parcours force l’admiration et suscite l’intérêt du lecteur de page en page.

CLIC D'OR macaron 200LIVRE événement, critique : Bruno Walter. Un monde ailleurs par Erik Ryding & Rebecca Pechefsky – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Blandine Longre.
Format : 150 x 225 mm – 550 pages environ – éditions NOTES DE NUIT, collection « beauté du geste » – Prix : 25 € – SBN : 979-10-93176-16-1 ISSN : 2425-4029 – Parution : 21 novembre 2019 – CLIC de CLASSIQUENEWS décembre 2019

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 18 avril 2024. SIBELIUS : symphonie n°7 [1924] – BEETHOVEN : « GRAND CONCERTO » pour piano n°5 « L’Empereur » [1809]....

SUITE & FIN DU CYCLE SIBELIUS... La 7ème est un aboutissement pour Sibelius pour lequel l'acte de composition est...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img