vendredi 19 avril 2024

Livre, critique. Correspondance de Paul Dukas par SIMON-PIERRE PERRET (Actes Sud)

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DUKAS-paul-correspondance-actes-sud-critique-livre-review-par-classiquenews-sept-2018Livre, critique. Correspondance de Paul Dukas par SIMON-PIERRE PERRET (Actes Sud). UN COMPOSITEUR VISIONNAIRE… Voici donc le premier volume des lettres écrites par Paul Dukas, compositeur postromantique et contemporain de Ravel et Debussy dont il loua le premier dans un article critique fabuleux, le génie de Pelléas. Ce premier corpus présenté, annoté regroupe la correspondance entre 1878 et 1914.
Paul Dukas, né en 1865 et mort en 1935, est un compositeur à part, difficile, exigeant qui comme Leonard de Vinci se laisse dicter par le seul idéal : pas d’oeuvre achevée si elle n’est « parfaite » : il en découle un catalogue restreint mais d’une qualité exceptionnelle. Dukas écrit dans tous les genres : musique de chambre et symphonie, opéra et concert sans omettre le poème symphonique dont L’Apprenti sorcier est resté sa partition la plus justement célèbre (reprise au cinéma par Walt Disney qui dans le film Fantasia, création visionnaire entre classique et cinéma) grâce au personnage de Mickey en a exprimé / exalté, le souffle dramatique, à la fois onirique et fantastique.
La correspondance réunie ici commence à l’âge de 23 ans (sans un an à peu près avant qu’il ne s’intéresse et se dédie totalement à la composition musicale)… précocité épistolaire qui peut paraître étonnante, mais est naturelle dans la famille Dukas car le père déjà cultivait l’art de la correspondance. Les 704 lettres dévoilent dans l’anecdote, la vie intime, amicale, sociale du compositeur, ami de Fauré. On y retrouve les étapes de sa carrière jusqu’à l’aube de la cinquantaine : l’étudiant au Conservatoire de Paris, le candidat malheureux au Prix de Rome (dont la cantate Velléda en 1889, est un chef d’oeuvre de raffinement orchestral et vocal). Exclu du Prix de Rome, malgré le soutien de Saint-Saëns, Dukas est trop bouillonnant et raffiné pour le style alors défendu par le jury qui a souvent démérité, préférant descendre les candidats qui n’étaient officieusement soutenus par certains membres ; ainsi Gounod fit tout pour exclure le jeune Dukas, favorisant un autre « élu » plus méritant ; les lettres éclairent tout autant, le compositeur avisé, redoutable, et aussi le critique visionnaire, analysant comme peu l’évolution de la musique au tournant du XXè. Révélation, Dukas fut le témoin aussi de son époque politique : il pressent l’horreur et la barbarie de la guerre, avec une humanité et un discernement admirables. Rare les musiciens aussi curieux de son époque et des évolutions de la société. Dukas clairvoyant et génial en tous points.
Lecture indispensable.

 

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DUKAS bio Xpress. DUKAS, PAUL (1865-1935)
DUKAS paul portrait classiquenews  Paul_DukasPianiste ès mérite, Paul Dukas se voue à la composition dès 1879 : il entre au Conservatoire de Paris en 1881 dans la classe d’harmonie de Théodore Dubois (l’ultra classique parmi les auteurs académiques). Élève de Mathias (piano) et de Guiraud (contrepoint et fugue), le talentueux apprentis se présente au Concours du Prix de Rome, lourde machine au fonctionnement pesant et rétrograde mais qui laisse entrevoir reconnaissance et commandes d’état.
D’abord, Dukas subit deux échecs : un second prix en 1888 pour Velléda ; aucune récompense en 1889 pour Sémélé, malgré le soutien de Saint-Saëns. Dukas est cependant installé comme compositeur et aussi critique musical.
Son service militaire achevé (1891), il fait créer par les Concerts Lamoureux l’ouverture Polyeucte (janvier 1892) et publie un compte rendu du Ring de Wagner, donné à Londres. La Symphonie en ut majeur (1896) puis L’Apprenti sorcier (1897) affirme sa reconnaissance … internationale. Dukas a le génie de croiser comme personne le grand symphonisme germanique et le principe de la variation, selon le modèle baroque (d’un Rameau par exemple dont il a le culte avec son ami Saint-Saëns, et avec lequel il s’engage pour une nouvelle édition complète des œuvres du Dijonais). Son opéra Ariane et Barbe-Bleue, commencé dès 1889, est créé à l’Opéra-Comique en 1907 ; le poème ballet La Péri est créé au Châtelet en 1912. Enfin, Dukas fut aussi un pédagogue célébré et admiré au Conservatoire de Paris : pilotant la classe d’orchestration (1910), puis celle de composition (1928).

 

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Livre, critique. Correspondance de PAUL DUKAS par SIMON-PIERRE PERRET / vol. 1 : 1878-1914 – Co édition Actes Sud et Palazzetto Bru Zane – parution : septembre, 2018 / 16,5 x 24,0 / 704 pages – ISBN 978-2-330-10912-7 – Prix indicatif : 45 €
https://www.actes-sud.fr/catalogue/musique/correspondance-de-paul-dukas

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