vendredi 29 mars 2024

LILLE. Junichi Hirokami dirige l’Orchestre National de Lille

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junichihirokamiLILLE, ONL. Le 16 novembre 2017. Brahms, Lalo. Sous le titre lumineux, « lumières du nord, … et du sud », le concert de ce 16 novembre promet un nouveau grand moment symphonique et concertant, où brillent deux tempéraments romantiques majeurs, le Français Lalo et le germanique schumannien, Johannes Brahms. Pour l’occasion, l’Orchestre National de Lille invite deux interprètes le chef japonais, actuel directeur du Kyoto Symphony Orchestra, Junichi Hirokami ; et pour le concerto de Lalo, le violoncelliste Johannes Moser. L’apparent éclectisme du programme, comprenant écritures romantiques française et allemande et partition contemporaine (Corrado) est assurée cependant par la proximité chronologique entre Brahms et Lalo : la Symphonie n°2 du premier date de 1877 ; le Concerto pour violoncelle de Lalo est créé en 1876. L’unité esthétique est aussi résolue grâce à l’engagement des interprètes invités.

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LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle
jeudi 16 novembre 2017, 20h
Lumière du Nord,
Lumière du Sud

RESERVEZ VOTRE PLACEboutonreservation
http://www.onlille.com/saison_17-18/concert/lumiere-du-nord-lumiere-du-sud/

A 18h45, présentation du concert et conférence « Prélude Brahms » par les élèves de l’École Supérieure Musique et Danse de Lille (entrée libre pour les spectateurs munis d’un billet de concert)

Orchestre National de Lille
Direction : Junichi Hirokami
Violoncelle : Johannes Moser

Programme

Corrado : Solo il tempo II / « Le temps effacera les blessures »…
La courte pièce orchestrale, du jeune compositeur italien Pasquale Corrado (né en 1979) se remémore l’effroi et la terreur incarnés par les attentats de Capaci (Sicile, mai 1992) et de Via d’Amelio (Palerme, juillet 1992) pilotés par la mafia. Corrado qui n’était qu’adolescent alors (13 ans) entend fixer le choc traumatique que ces deux événements apocalyptiques ont suscité chez tous les jeunes italiens, atteignant même la conscience de toute la nation italienne. Entre ombre et lumière, l’œuvre rend hommage aux justes tués par ces actes lâches : le juge Giovanni Falcone (tué dans l’attentat de Capaci) et le juge Paolo Borsellino (tué dans l’attentat de Via d’Amelio). C’est une prière aussi à l’adresse de la Sicile, conçu comme un dramma antique, une tragédie grecque (avec la référence au « Prométhée enchaîné d’Eschyle, archétype de la liberté de penser ; référence à Œdipe, effrayé par sa propre destinée de péché et de violence, à Hercule, repoussant les limites humaines et à l’impitoyable Médée, prenant en main son propre destin »). Dans son poème symphonique, le compositeur interroge le destin et la fatalité, le deuil et l’activité des hommes submergés par l’horreur ; il veut croire à l’œuvre du temps qui soulage les souffrances, rassure et apaise… Que pouvons nous faire de plus ? Solo il tempo / Seul le temps (réconforte?). A l’aulne de cette question, la partition cible l’horreur insurmontable qu’il faut pourtant apprendre à affronter. Brûlante actualité au moment où la France encore blessée, célèbre le courage des héros et pleure les victimes des attentats du 13 novembre 2015 – (Création à Rome en 2007 – durée : 17 mn).

Lalo : Concerto pour violoncelle
Mélodiste né et orchestrateur très raffiné, Edouard Lalo compose en 1876, son Concerto pour violoncelle, entre sa Symphonie espagnole et la Rhapsodie norvégienne… : comme dans ses ballets remarquablement dramatique, d’une élégance toute française, la partition saisit par la formidable versatilité et flexibilité d’un orchestre félin ; y brille l’éloquence éclectique de Lalo, pleine de panache et de facétie contrastée (surtout sur le plan rythmique). Pour autant l’oeuvre cultive de très beaux contrastes (langueur sidérante et rêveuse du second mouvement, – Intermezzo noté andantino). La carrure diablement rythmique, les changements incessants d’épisodes expressifs, en particuliers des deux derniers mouvements indiquent la subtilité dont est capable Lalo. On se souvient d’un concert à Venise où c’était le canadien Jean-Guihen Queyras qui savait transfigurer une partition taillée pour les plus grands interprètes : ce soir, même virtuosité intérieure, formidablement inspirée. il faut une entente souple et détaillée entre l’orchestre et le soliste pour rendre toutes les facettes d’un Concerto que beaucoup réduise à un simple exercice de virtuosité démonstrative.

Brahms : Symphonie n°2
Brahms johannes-brahms-1327943834-view-0A l’été 1877 alors qu’il séjourne dans les Alpes, au bord du magnifique lac du Wörthersee (Sud-Est de l’Autriche), Johannes Brahms se laisse inspirer, comme Gustav Mahler, par le spectacle de l’immense et impénétrable Nature. Défenseur de la musique pure, sans trame narrative précise (et réductrice), Brahms développe la notion de Dauerhafte Musik, ou « musique durable », musique intemporelle, « non périssable », déconnectée de tout élément narratif. Ainsi naît en quelques mois la 2è Symphonie. Mais l’absence d’histoire et de prétexte historié, ne veut pas dire que la forme n’exprime rien ; bien au contraire. Le monde sonore de Brahms s’inspire de Beethoven et de son mentor Robert Schumann, dont l’épouse, Clara, fut la grande amie (et plus) du jeune Johannes. La passion intime que sait distiller le compositeur est emblématique de son écriture où perce une évidente pensée musicale, ponctuée d’éléments autobiographique. Les pulsions de mort et de vie, le désir inassouvi et l’espoir à tout craint, la profonde dépression comme l’éblouissement fugace s’y succèdent, sans guère de résolution majeure et stable. Contradictoire mais riche, Brahms écrit : « « voici une petite symphonie gaie, tout à fait innocente » ;  ailleurs à son éditeur, je n’ai « encore rien écrit d’aussi triste ».

Le souffle porté par les cors majestueux qui traversent toute la partition, le tumulte victorieux du premier mouvement, puis la sombre mélancolie du second (Adagio non troppo) ; la tendre espérance du 3è (Allegretto grazioso quasi andantino / mouvement dansant à trois temps inspiré d’un Ländler ou pas à trois temps), l’élan du dernier Allagro (con spirito) ne cessent aujourd’hui de nous fasciner à la manière des symphonies de Beethoven dont Brahms fut toujours un ardent disciple.

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