lundi 7 octobre 2024

LILLE. Jean-Claude Casadesus dirige le Requiem de Verdi

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verdi-requiem-casadesus-lille-stade-pierre-mauroy-juillet-2017-annonce-classiquenewsLILLE, Requiem de Verdi : ONL / Jean-Claude Casadesus, le 12 juillet 2017, 21h. Ecrin décuplé aux proportions étonnantes, le stade Pierre Mauroy à Lille, est devenu familier des grands rendez vous classiques ; en juin, il s’agissait d’accueillir le concert des Prodiges et de la plus grande chorale du monde, retransmis sur France 2 (LIRE notre compte rendu complet de ce direct cathodique mémorable du 2 juin 2017, présenté par l’excellente Marianne James). Ce 12 juillet, à l’échelle du colossal toujours (le stade Pierre Mauroy accueille jusqu’à 30 000 spectateurs comme ce fut le cas précédemment), Jean-Claude Casadesus chef fondateur de l’Orchestre National de Lille interprète le Requiem de Verdi, l’une des partitions spirituelle les plus bouleversantes écrites sur le thème de la mort. Colère divine, prière pour le salut des défunts… la partition convoque les tourments et l’espérance des hommes face à la faucheuse, sollicitant la miséricorde divine au moment du Jugement dernier. C’est donc en séquences clairement définies, alternant solos, duos, quatuors de solistes, somptueuses et fracassantes vagues chorales un opéra sacré à l’échelle du collectif comme de la prière individuelle.

Vague verdienne en juin 2014A l’origine, Verdi compose son Requiem pour la mort du poète italien Alessandro Manzoni (l’auteur adulé, admiré d’ i Promessi sposi) en 1873. La partition est plus qu’un opéra sacré : c’est l’acte d’humilité d’une humanité atteinte et saisie face à l’effrayante mort ; l’idée du salut n’y est pas tant centrale que le sentiment d’épreuve à la fois collective (avec le formidable chœur de fervents / croyants), et individuelle, comme l’énonce le quatuor des solistes (prière du Domine Jesu Christe). Le Sanctus semble affirmer à grand fracas la certitude face à la mort et à l’irrépressible anéantissement (fanfare et choeurs) : mais la proclamation n’écarte pas le sentiment d’angoisse face au gouffre immense.
D’abord entonné en duo (soprano et alto), l’Agnus dei témoigne du sacrifice de Jésus, prière à deux vois que reprend comme l’équivalent profane/collectif du choral luthérien, toute la foule rassemblée, saisie par le sentiment de compassion. Enfin en un drame opératique contrasté, Verdi enchaîne la lumière du Lux Aeterna, et la passion d’abord tonitruante du Libera me (vagues colossales des croyants rassemblés en armée), qui s’achève en un murmure pour soprano (solo jaillissant du choeur rasséréné : Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua lucaet eis / Donne-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière brille à jamais sur eux) : ainsi humble et implorant, l’homme se prépare à la mort, frère pour les autres, égaux et mortels, à la fois vaincus et victorieux de l’expérience de tous les mourants qui ont précédés en d’identiques souffrances.
Il faut absolument écouter la version de Karajan (Vienne, 1984) avec la soprano Anna Tomowa Sintow et le contralto d’Agnès Baltsa pour mesurer ce réalisme individuel, – emblème de l’expérience plutôt que du rituel, pour comprendre la puissance et la justesse de Verdi. Acte de contrition (Tremens factus sum ego -1-) chanté par la contralto d’une déchirante intensité, prière en humilité, le chant ainsi conçu frappe immédiatement l’esprit de tous ceux qui l’écoute ; au soprano revient le dernier chant, celui d’une exhortation qui n’écarte pas l’amertume et la profonde peine ; entonnant avec le chœur rassemblé, concentré, ému, les dernières paroles du Libera me, la soprano exprime le témoignage de la souffrance qui nous rend égaux et frères ; en elle, retentit l’expérience ultime ; son air s’accompagne d’une espérance plus tendre, emblème de la compassion pour les défunts, tous les défunts.

Croyant ou non, l’auditeur ne peut être que frappé par la haute spiritualité de ce Requiem élaboré à l’échelle du colossal et de l’intime, où les gouffres et les blessures nés du deuil et de la perte expriment de furieuses plaintes contre l’injustice criante, puis s’apaise dans l’acceptation, conquise non sans un combat primitif et viscéral.

 

 

RECONCILIER GIGANTISME ET SINCERITE D’UNE PRIERE individuelle et collective. Dans un dispositif accoustiquement ajusté, Jean-Claude Casadesus et son orchestre (le National de Lille) abordent le Requiem de Verdi avec cette maîtrise des grands effectifs et des plans étagés, précédemment démontrée, et convaincante dans, par exemple, son superbe disque de la Symphonie Résurrection de Gustav Mahler / CD enregistré en novembre 2015, CLIC de CLASSIQUENEWS 2016… Rien n’égale les proportions du stade Pierre Mauroy à Lille : le Requiem de Verdi aux proportions impressionnantes (choeur de 100 chanteurs, orchestre philharmonique, 4 solistes) et qui dure près de 2h semble idéal pour une telle célébration collective. Le Dies irae entre autres séquences chorales, impose une fureur égale au Requiem de Berlioz, fracassant, impétueux, déchirant par son réalisme tragique et tourmenté. Il s’agit certes de la colère divine (évocation du Jugement dernier) mais surtout de la force volcanique et éruptive d’un choeur déchainé. L’expérience tentée par l’Orchestre National de Lille et son chef fondateur réunit 300 participants, c’est la 3è de ce type, alliant le pharaonique et l’intense ferveur d’une œuvre qui frappe par sa justesse et sa force tragique.

 

 

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REQUIEM DE VERDI
Le 12 juillet 2017, 21h
LILLE, Stade Pierre Mauroy

Orchestre National de Lille,
Chœur régional Nord-Pas-de-Calais
Chœur Nicolas de Grigny – Reims,
4 solistes lyriques
Jean-Claude Casadesus, direction

RÉSERVEZ VOTRE PLACE

Carré Or : 60€
Cat.1 : 45€
Cat. 2 : 30€
Cat. 3 : 20€
Cat. 4 : 10€

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(1) Tremens factus sum ego, et timeo, dum discussio venerit, atque ventura ira / Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir (partie la plus déchirante du Libera me final)

 

 

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Illustrations : Jean-Claude Casadesus © Ugo Ponte / Orchestre national de Lille 2016

 

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