France Musique. Dimanche 25 décembre 2016, 16h. Mozart: Les Vêpres d’un Confesseur K 339. GRÂCE SOLENNELLE DE MOZART A SALZBOURG. Mozart à Salzbourg a 24 ans quand il compose Les Vêpres Solennelles d’un Confesseur, représentées le 30 septembre 1780, le jour de la saint-Jérôme, fête de son patron le prince-archevêque Colloredo. Après une tournée éprouvante à Mannheim, à Paris (où meurt sa mère en juillet 1779), Wolfgang doit revenir dans la cité où il est né et qui l’étouffe. Devenu cependant organiste de la Cour salzbourgeoise, le compositeur écrit plusieurs chefs d’oeuvre sacrés dont la Messe du Couronnement et les Vêpres d’un confesseur, ultime cycle liturgique pour Salzbourg car la rupture avec son employeur est imminente. La solennité de la partition renvoie à son instrumentation spécifique (raffinée) et le confesseur dont il est question rappelle la nature du saint fêté : Jérôme, figure non martyr, qui a « confessé », c’est à dire proclamé sa foi. Le sujet est donc déclaratif, affirmant haut et fort, de façon solennelle (et majestueuse), l’acte de foi de Jérôme. En ut majeur, l’œuvre comprend 5 psaumes, conclut par un Magnificat. L’écriture alterne stile antico et stile moderno; selon le caractère de chaque texte.
Mozart y exprime tout à tour, la puissance divine (processionnel Dixit Dominus, noté allegro : chant de victoire du très fervent et conquérant David : … » que je fasse de tes ennemis ton marchepied ».), les louanges au Seigneur (Confiteor, choeur et solistes dans la partie centrale sur une forme sonate), la jubilation (Beatus dir, allegro), la gloire divine chantée par les enfants en chœurs (fugue dramatique : Laudate pueri, débutant par un canon et conçu comme un épisode austère en style antichoc, mais fugato expressif dans le style de Bach et de Handel) ; enfin l’adoration pour Dieu (Laudate Dominum / Louez l’Eternel…, sublime arioso de la soprano, de caractère enchanteur et suspendu, en forme de sicilienne pastorale) ; enfin la conclusion par le Magnificat traditionnel : la majesté triomphante de la divinité de compassion et de pardon, soit Marie, célébrée dans sa grâce miséricordieuse et humaine s’affirme (trompettes et timbales du dernier Magnificat / Mon âme exalte le Seigneur). A l’évocation du David, d’une juvénile ardeur, le cycle ajoute les couleurs finales du pardon et de la justice (le Seigneur disperse les orgueilleux, a renversé les puissants et élevé les faibles, a nourri les affamés et appauvrit les riches). Mozart soigne la diversité des effectifs, et des formes musicales, selon les images du texte et pour vaincre l’effet de monotonie du cadre officiel. Prolongeant la réussite de la Messe du Couronnement qui précède (juillet 1779), Les Vêpres d’un confesseur illustrent la maîtrise première du compositeur, capable de renouveler l’esthétique plus que conservatrice de son employeur détesté, Colorado. Après ses Vêpres solennelles, Mozart outré par les humiliations répétées fournies à son encontre par le prince-archevêque, donne congé à celui qui ne comprenait rien à sa musique. Et Salzbourg perd ainsi à la faveur de Vienne, le génie musical de son époque.
France Musique. Dimanche 25 décembre 2016, 16h. Les Vêpres d’un Confesseur K 339 de Mozart. La Tribune des critiques de disques. Quelle est la meilleure version enregistrée ?