1918-1991
Candide,
version de 1989
Vlaamse Opera, Opéra des Flandres
Anvers, du 15 au 31 décembre 2009
Gand, du 9 au 17 janvier 2010
Yannis Pouspourikas, direction
Nigel Lowery, mise en scène
Tendre satire
D’après Voltaire, Candide prend ses quartiers à l’Opéra des Flandres pour la période des fêtes de fin d’année.
Bâtard d’ascendance noble, Candide (Michael Spyres) grandit en Westphalie. Le précepteur Pangloss (Graham Valentine) enseigne à Candide et à Mademoiselle Cunégonde (Jane Archibald) qu’ils ‘vivent dans le meilleur des mondes’. Enrôlé de force sur les champs de bataille, Candide passe toutefois de ce paradis à la dure réalité. C’est le début d’une quête, qui le conduira à faire le tour du monde à la recherche de sa Cunégonde. Il se rend de Lisbonne à Paris, en passant par Buenos Aires, le Surinam et Venise. Durant sa quête initiatique autour du monde, il rencontre les personnages les plus dépravés … Il est le témoin de meurtres, d’autodafés, d’escroquerie et de tremblements de terre ; rien ne peut cependant le départir de son optimisme béat. L’homme est-il trop naïf, crédule, bonne pâte?
Aidé par Martin le sceptique (joué aussi par Graham Valentine), Candide apprend à affûter son esprit critique. Il retrouve sa Cunégonde, devenue une vieille édentée. Candide l’épouse et se consacre à la méditation sur le sens profond de la vie en cultivant son jardin. Ainsi Voltaire exprime-t-il avec un regard tendre et cynique à la fois, sa propre vision des hommes et l’essence de son attitude philosophique.
Au centre de l’opéra de Bernstein, se love le ressentiment des auteurs contre la menace du puritanisme politique, ce MacCarthysme qui censure la liberté et l’impertinence des libres penseurs et des artistes engagés. Bernstein et son librettiste Tant Hellman avaient bien conscience du danger que fait peser l’autorité politique sur l’invention créative. Ils s’emparent de Candide de Voltaire en soulignant volontiers sa charge satirique. Le compositeur convainc l’écrivain de faire du texte original de Voltaire, un roman d’aventures musical d’après l’exemple satirico-critique de Voltaire. Dans les références plus ou moins prononcées de l’opéra buffa, de l’opérette, du comic opera, celui de Gilbert et Sullivan, ou des opérettes cinglantes de Gershwin, Bernstein retrouve cette légèreté piquante qui fait tout le sel et l’impertinence juste de sa partition.
Musicalement, Candide profite de l’écriture contemporaine de West Side Story (l’autodafé à Lisbonne reprend les mêmes phrases convulsives entrecoupées de West Side entre les deux bandes rivales).
De même, le célèbre duo d’amour ‘One Hand, One Heart’ et la musique de ‘Gee, Officer Krupke’ de West Side Story étaient initialement destinés à Candide. Le numéro ‘O Happy We’ de Candide avait quant à lui été écrit pour West Side Story.
L’Opéra des Flandres a choisi la version tardive de 1989, sur le nouveau livret de Hugh Wheeler, validé par Bernstein.
Chaque épisode du roman flamboyant de Voltaire, est prétexte à une idée
compte rendu
Candide,
anti héros trop innocent et naïf s’entête à vivre ici bas comme s’il
s’agissait du meilleur des mondes. Aveugle aux souffrances et à
l’injustice qui frappent ses semblables, il reste étonnamment passif et
contemplatif. A Barcelone (où sévit un tremblement de terre… que
Voltaire avait vécu avec horreur), à Paris (capitale du sexe et de la
prostitution), à Venise (et son casino trompeur ruinant chaque
visiteur)… Candide est confronté à la barbarie ordinaire. Même au
paradis de l’Eldorado, il sait encore s’émerveiller malgré
l’exploitation des indigènes par un autocrate colonialiste…
scénique facétieuse, décalée, fantasque dont la première scène est la
plus réussie: les protagonistes chanteurs (en particulier Pangloss,
Candide et Cunéguonde) y paraissent dans un théâtre de marionnettes,
auquel il ne manque pas l’âne ni le boeuf de notre crêche
traditionnelle: immédiatement, le spectateur est confronté à un théâtre
faussement enchanté, illusoirement innocent, dont l’action symbolique,
fait le procès de l’humanité… Lire la suite de notre compte rendu Bernstein: Candide. Satire pétaradante par Alexandre Pham