lundi 28 avril 2025

La Rochelle. La Coursive, le 23 novembre 2012. Sibelius; Schubert. Sergei Krylov, violon; Orchestre National de Lille. Jean Claude Casadesus, direction.

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Fondé en 1976 par Jean Claude Casadesus, l’Orchestre National de Lille est devenu, au fil du temps, incontournable dans le paysage musical français. le répertoire riche et varié de la phalange lilloise lui permet d’aborder tous les styles jalonnant plus de quatre cent ans d’histoire de la musique. Pour la tournée automnale de l’Orchestre, Jean Claude Casadesus a programmé deux oeuvres, certes très différentes mais complémentaires l’une de l’autre. Le violoniste russe Sergei Krylov qui rejoint l’Orchestre National de Lille pour l’occasion.


Le National de Lille à la Coursive

La soirée débute par le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur opus 47 de Jean Sibelius (1865-1957). Sibelius a composé la première mouture de son concerto entre 1903 et 1904. Il le remet cependant sur le métier en 1905, année au cours de laquelle il est créé à Berlin. Le violoniste russe Sergei Krylov est un musicien; et connaissant parfaitement son sujet, Jean Claude Casadesus, qui fait montre d’une maîtrise parfaite comme d’une rare sureté de métier, accompagne le violoniste avec simplicité sans jamais surjouer ni forcer le trait. La musique de Sibelius, dont par ailleurs l’interprétation n’est jamais figée, emplit la salle de concert. Le jeu de Sergei Krylov est parfois un peu sec, mais la technique est quasi parfaite. Il défend d’ailleurs l’unique Concerto pour violon du compositeur finnois avec talent et conviction. A mi chemin entre Giuliano Carmignola et Isabelle Faust, le violoniste russe marque les esprits et défend une voie personnelle.

Au retour de l’entracte, l’Orchestre National de Lille se lance dans l’interprétation d’un monument symphonique du début du XIXe siècle: la 9ème de Franz Schubert (1797-1828). Le compositeuri n’a vécu que 31 ans mais il a laissé une oeuvre, tant vocale qu’instrumentale, importante au sein de laquelle on trouve pas moins de dix symphonies. Dans ce corpus, c’est la neuvième, composée en 1825, qui a été donnée vendredi. Le chef lillois prend la partition à bras le corps et mène son orchestre la où il le souhaite avec une souplesse et une fermeté inégalables. On en peut qu’être admiratif en voyant l’énergie inépuisable de Casadesus : âgé de 77 ans, le maestro donne une impulsion très forte à ses musiciens qui suivent avec une précision métronomique. Il fait montre d’une rare intelligence de jeu, cherchant toujours les nuances et les tempi les plus justes. Cependant, le « vieux lion » ne se contente pas de simplement faire jouer les notes; il les cisèle avec un art et une maîtrise inégalables tel l’orfèvre exécutant ses plus belles pièces. Dans chaque page, sur chaque mesure, la partition et explorée à la loupe et les musiciens s’attachent à rendre à Schubert ce qui lui appartient. En effet, il aura fallu attendre 1838, soit dix ans après le décès du compositeur, pour que la symphonie soit créée. L’oeuvre a été mal accueillie par les musiciens qui la jugeaient trop difficile à exécuter. Lors de sa création, les premiers exécutants l’ont moqué et ont fait preuve de mauvaise volonté pour la jouer tant pendant les répétitions qu’au moment des concerts. L’Orchestre National de Lille rend justice de manière éclatante à Schubert. Dans le quatrième et dernier mouvement de cette neuvième symphonie, le chef et l’orchestre atteignent des sommets.

Voilà un concert de haute volée où s’imposent sans lourdeur deux oeuvres qui gagnent à être connues et sont défendues sans réserves. Le violoniste Sergei Krylov séduit par un jeu alerte, vif, malicieux malgré des passages laissant, ici et la un petit arrière gout de sècheresse. Dans l’ensemble, l’interprétation du concerto pour violon et orchestre de Sibelius marque par sa fraicheur et son dynamisme. Quant à la 9e symphonie, « la grande » de Schubert, Jean Claude Casadesus y brille grâce à son interprétation inspirée, continûment irréprochable.

La Rochelle. La coursive, le 23 novembre 2012. Jean Sibélius (1865-1957) : concerto pour violon et orchestre en ré majeur opus 47; Franz Schubert (1797-1828) : symphonie N°9 en ut majeur « la grande ». Sergei Krylov, violon; Orchestre National de Lille. Jean Claude Casadesus, direction. Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale Hélène Biard

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