mardi 29 avril 2025

Julia Varady, soprano

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Julia Varady,
Portrait

Apprentie chanteuse en Roumanie

Julia Varady, est née le 1er septembre 1941 à Oradea (Roumanie). Sa formation musicale a lieu à l’École de musique de Cluj puis au Conservatoire de Bucarest avec le professeur Arta Florescu. Méthode, concentration, rigueur. La jeune femme a la chance de pouvoir écouter des enregistrements de Callas et de… Dietrich Fischer-Dieskau dont elle admire déjà le style, l’articulation, la présence vocale.
A l’Opéra de Cluj, elle chante ses premiers opéras dès 1962: Liu dans Turandot de Puccini, ses premiers Mozart (Cherubino et Dorabella). L’amplitude de sa tessiture, soprano dramatique et mezzo la fait aussitôt remarquer. Mais sa carrière est limitée aux frontières roumaines, sévèrement fermées sous l’ère Ceaucescu.
Déterminée, passionnée par le chant dont elle veut faire son métier, elle n’hésite pas à changer de non et modifie « Tözser » pour Varady, son nom de scène, désormais promis à une reconnaissance internationale. Grâce à la complicité du directeur de l’Opéra de Cluj, Julia Varady peut traverser la frontière et se consacrer à son art hors de la Roumanie. Elle est immédiatement engagée en 1968 à l’Opéra de Frankfort, par Christoph Van Dohnanyi. Puis gagne l’Opéra de Munich, sa seconde maison.

L’envol Munichois

Dès lors, elle adopte le répertoire allemand et élargit l’éventail de ses rôles. Très vite mise au devant de la scène munichoise, la cantatrice aborde de très nombreux personnages (près d’un trentaine!) dont la diversité et les contrastes de tempérament indiquent sa capacité dramatique et son appétit vocal: Vitellia (La Clémence de Titus), Lady Macbeth (Macbeth), Elettra (Idomeneo), Santuzza (Cavalleria Rusticana), Cio-Cio-San (Madame Butterfly), Liu (Turandot), Violetta (La Traviata), Leonora (La Forza del Destino), Elisabetta (Don Carlo), Aïda et Senta (Le Vaisseau Fantôme). A Munich, pendant les répétitions du Manteau de Puccini, en 1974, sous la baguette de Sawallish, elle rencontre le baryton Dietrich Fischer-Dieskau qu’elle épousera en 1977. Dès lors, DFD devient son mentor et supervise la suite de sa carrière.
Chanteuse au Deutsche Oper de Berlin, à Covent Garden de Londres, au Wiener Staatsoper, à La Scala de Milan, au Met de New York, Julia Varady paraît aussi aux festivals d’Edimbourg et de Salzbourg et chante la Comtesse des Noces de Figaro, Desdemona d’Otello (Verdi), Vitellia (La Clemenza de Tito), Donna Elvira (Don Giovanni), Sieglinde et Brünnhilde (Tétralogie), Tatiana (Eugène Onéguine), Judith (Château de Barbe-Bleue de Bartok), Micaëla (Carmen), le seul rôle français qu’elle a interprété… Julia Varady décide de quitter la scène en 1998, à l’âge de 57 ans.

Vocalità éruptive

Quelques mois avant de faire ses adieux, Julia Varady chante Abigaille (Nabucco) à l’Opéra Bastille, en 1998. Un rôle inattendu pour le public français qui ne l’imaginait jusqu’alors qu’en chanteuse exclusivement germanique.
Soprano dramatique et mezzo, disposant d’aigus éclatants comme de notes basses lugubres, Julia Varady a marqué les rôles qu’elle a choisis pour la scène par son instinct dramatique et musical, et un style impétueux, fondé sur la projection articulé du texte, et l’approfondissement psychologique de ses personnages. Elle a su préserver la vocalità impressionnante de son timbre, dans la durée, grâce à des choix de carrière, toujours médités et réfléchis. N’hésitant pas ainsi à rompre la chaîne de plus en plus astreignante de ses contrats sur les scènes internationales, l’artiste a tourné le dos au star system. Elle a pu mieux se recentrer sur l’art du lied (en particulier avec l’appui avisé de son mari Dietrich Fischer-Dieskau) et certains nouveaux rôles, heureusement fixés par le disque. Un temps critiquée parce qu’elle annulait rôle sur rôle, la diva n’a jamais autant sucité l’admiration que depuis les années 1990.

DVD

Julia Varady, « Song of passion ». Evénement d’avril et de mai 2007: Emi Classics édite un document d’anthologie comprenant deux films. Un documentaire signé Bruno Monsaingeon, recueillant la parole de Julia Varady quelques mois après sa décision d’arrêter sa carrière, retraçant la vie de la petite chanteuse roumaine, quittant la tyrannie des Ceaucescu pour rejoindre l’Allemagne, Frankfort puis Munich. Récital Wagner ensuite (Wisendonck lieder, avec la pianiste Victoria Postnikova. Enregistré en janvier 1998, à l’Orangerie Paribas à Paris). Lire notre critique du dvd Julia Varady, « Song of passion » (1 dvd Emi Classics).

CD

Verdi, Il Trovatore (Le Trouvère)
(Leonora), Orchestre de l’État bavarois, direction: Giuseppe Sinopoli (Live de février 1992, Orfeo 2003)
Mascagni, Cavalleria rusticana
(Santuzza). Avec Luciano Pavarotti. National Philharmonic Orchestra, direction: Gianandrea Gavazzeni (Decca 1996)
Strauss, Die Frau ohne Schatten (La Femme sans Ombre)
(L’impératrice). Orchestre philharmonique de Vienne, direction: Georg Solti (Decca 1992)
Johann Strauss, Die Fledermaus (La Chauve-Souris)
Avec Lucia Popp, Hermann Prey, Iwan Rebroff, Bernd Weikl, René Kollo, Orchestre de l’Opéra de Bavière, direction: Carlos Kleiber (DG 1976)


Les récitals


L’ensemble de sa discographie, concernant les récitals et les programmes thématiques, a été enregistré et édité par le label Orfeo.
Enregistrements Live en provenance du Bayerische Staatsoper de Munich (1975-1992) (Orfeo, 2004)
Tchaïkovsky: Airs d’opéras. Direction: Roman Kofman (Orfeo, 2001)
Richard Strauss: Airs d’opéras. Direction: Dietrich Fischer-Dieskau (Orfeo, 1999)
Richard Wagner. Wesendonck-Lieder, extraits de
Tristan et Isolde, du Crépuscule des dieux. Direction: Dietrich
Fischer-Dieskau (Orfeo, 1998)
Héroines de Verdi, volume 2. Direction: Dietrich Fischer-Dieskau (Orfeo, 1996)
Verdi: Héroines de Verdi, volume 1. Direction: Dietrich Fischer-Dieskau (Orfeo, 1995)
Puccini: Airs d’Opéra célèbres. Direction: Marcello Viotti (Orfeo, 1994)

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