vendredi 20 juin 2025

Joseph Haydn: les Symphonies

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Joseph Haydn

Haydn, père de la symphonie

Si la symphonie classique est diversement traitée, amplifiée, peu à peu perfectionnée par de nombreux compositeurs dans la seconde moitié du XVIIIème tels que Carl Philip Emmanuel Bach, Abel, Jean Chrétien Bach (lequel influence le jeune Mozart), mais aussi Dittersdorf et Vanhal, le genre est indiscutablement élevé à son sommet préromantique, par deux sensibilités viennoises absolument géniales, Haydn et Mozart.
Pas moins de 108 symphonies pour le premier, composées entre 1759 et 1795. Jusqu’en 1769, donc pendant sa première « décennie » compositionnelle, Haydn écrit en 3 mouvements avec un orchestre réduit (cordes, 2 hautbois, 2 cors). Au cours de cette phase préliminaire où il s’agit d’explorer un genre encore neuf, Haydn développe des formules diverses : mouvements en forme de danses (12,14, 16), programme littéraire (6, 7, 8 : le matin, le midi, le soir, 1761), réactualise le concerto grosso baroque (hérité de Corelli puis de Haendel : idem).
Avec la Symphonie n°31, le plan en 4 mouvements s’impose et s’équilibre : allegro, andante, menuet, presto. Aux instruments déjà cités, Haydn amplifie le spectre instrumental, et avec lui, la palette des couleurs musicales : flûte, basson, trompettes, timbales… Le cadre sonate à 2 thèmes (le second en mineur) concerne les mouvements 1, 2 et 4. Majoritairement influencé par l’esthétique galante, Haydn n’hésite pas non plus à exacerber les accents dramatiques (ainsi la Symphonie n°39 en sol mineur).
A partir de 1770, une nouvelle étape dans l’écriture haydnienne se fait jour : la vitalité contrastée –pré romantique- du Sturm und drang-, colore désormais l’inspiration symphonique de Haydn. Les tonalités mineures, approfondissant l’intériorité et un caractère d’introspection expressive se précisent (44 « funèbre » en mi mineur, n°45 dite « les adieux » en fa dièse mineur). Une introduction lente se déploie : suspendue, ralentie, inquiète voire mystérieuse (en particulier à partir de la 53), quand le deuxième mouvement (andante) peut suivre le plan thème et variations.
Le goût de l’extraversion émotionnelle s’estompe à partir de 1772 (55 dite « le maître d’école »). Après une longue expérience qui passe par l’opéra et l’ample méditation spécifique des quatuors à cordes (opus 33, 1781). Le style de Haydn atteint un sommet avec ses 6 symphonies parisiennes (82 à 87), puis ses 12 londoniennes (93 à 104) : véritables manifestes de l’esthétique classique viennoise façon Haydn. Finesse et richesse de l’orchestration (103 « roulement de timbales »), équilibre formel (andante à variations de la 85 « La Reine »), naturel des développements (86), évidence et tendresse des lignes mélodiques, inspirées des danses et des chansons populaires (finale de la 88).
Avec Haydn, la Symphonie devient un genre classique noble que ses successeurs et suiveurs reprennent dans l’essor que le compositeur, véritable père de la symphonie, leur a légué.


Le cas Mozart

Mozart compose quant à lui 41 opus, entre 1764 et 1788. A 8 ans, le prodige écrit dans le style italien de Jean Chrétien Bach (3 mouvements, forme sonate à 2 thèmes, développements courts dans le style léger un peu expédié, dit « galant »). Sa culture est vaste et le jeune compositeur salzbourgeois emprunte aussi à Monn et à Wagenseil).
A partir de 1767, digne contemporain de Haydn, Mozart utilise le plan en 4 mouvements, (menuet en position 3 : ainsi la KV 76).
Au début des années 1770, comme Haydn, Mozart est sensible à l’exacerbation des passions dans la veine stylistique du Sturm und drang. La Symphonie en sol mineur KV183 (1773) atteste d’une affection pour les rythmes syncopés, haletants, contrastés. La forme Sonate est adoptée dans les mouvements 1, 2 et 4. Le développement est développé par un 3è thème ; la réexposition, écourtée.
La KV 297 en ré majeur (1778), utilise pour la première fois la clarinette (influence de Mannheim et de Paris). Le quatuor à cordes y est « enrichi » avec l’apport des flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, cors, trompettes par 2 et les timbales.
Le plan peut être renouvelé : la Haffner KV 385 commence par une marche et 2 menuets, dans l’esprit dans divertissement ample. Les Symphonies Linz (KV425) et Prague (KV 504) développent une introduction lente, dans l’esprit de Haydn, formule rare chez Mozart.

Le triptyque final offre tout le génie du compositeur : riche orchestration (KV543 mi bémol majeur) grâce aux clarinettes solistes (particulièrement mises en avant dans le menuet), approfondissement harmonique (sol mineur KV550), solennité monumentale et ampleur inédite, dans le finale de la Symphonie Jupiter (ut majeur KV551) : palpitation nouvelle, ambivalence des climats et des couleurs… les 3 dernières symphonies (39,40, 41) de Mozart annoncent toute l’épopée romantique avec Beethoven, Schubert (autres grands Viennois), puis Mendelssohn, Schumann, Brahms, Berlioz, Liszt, Bruckner et Mahler… mais aussi en France, Bizet, Saint-Saëns, Franck…

Illustrations: Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart (DR)

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