vendredi 16 mai 2025

Joseph Haydn: Les Saisons, 1801 France Musique, le 9 septembre 2009 à 20h

A lire aussi

Joseph Haydn


Les Saisons
, 1801

« Dans La Création les anges parlent de Dieu mais dans Les Saisons seul Simon évoque le Seigneur », ainsi l’auteur, âgé de 69 ans, présente lui-même son ouvrage à l’Empereur François Ier, alors qu’il fait créer son dernier oratorio en avril 1801 à Vienne. Le livret pénétré par l’Esprit des Lumièrs permet à Haydn au terme de sa carrière de replonger dans ses souvenirs d’enfance à Rohrau, sa ville natale de basse Autriche.
Sa profonde compréhension de la terre, ses origines liées à la campagne, celle du Burgenland natif, permettent à Haydn d’assoir dans les Saisons, une évocation juste de la Nature, de peindre en teintes puissantes et franches, le sentiment direct des paysages vécus. D’origine rural, le fils de la terre sait aussi dans son oeuvre louer le mérite des travailleurs, la dignité de leur condition de paysan, une noblesse de coeur qui dépasse l’arrogance citadine.
Les vertus de la ténacité dans le travail s’allient à l’exaltation de la nature paradisiaque, éclatante manifestation du miracle divin qui permet ainsi, dans l’accord des hommes et des éléments, le cycle enchanteur des saisons. Ces mêmes saisons qui prophétisent et synthétisent surtout le cycle de la vie humaine: naissance, enfance, maturité, mort. De son printemps jaillissant à son hiver lugubre nourri de renoncement, l’homme apprend la sagesse et l’humilité. C’est à l’automne de sa vie que Haydn a souhaité dans Les Saisons, rendre grâce à Dieu et louer l’équilibre et le miracle de la destinée terrestre.

Pour autant, la première entre intimes et connaisseurs parmi un public choisi, exécutée le 24 avril 1801 à Vienne au Palais Schwarzenberg n’est qu’un succès d’estime: une révérence polie à un compositeur âgé et respecté. Pourtant l’éditeur paya à l’auteur près de 4.500 florins soit quatre fois son salaire annuel lorsqu’il était salarié des Princes Esterhazy. En réalité personne n’aurait imaginé Haydn capable de composer une nouvelle partition en oratorio dans un délai ausi court après le triomphe de son précédent La Création (1799), pas même son commanditaire, le Baron Gottfried van Swieten, responsable de la Bibliothèque impériale et grand ami du compositeur. Comme il avait veillé à la traduction vers l’allemand du Paradis Perdu de Milton pour la réalisation de La Création, Swieten avait choisi le poème de l’écrivain britannique James Thomson The Seasons. Il sélectionna les meilleurs passages propres à une mise en musique, à partir de quelques 4.000 vers.

On sait combien la fierté de Swieten avait conduit le bibliothécaire devenu traducteur adaptateur a surestimé son aide auprès du compositeur. Swieten avait même ambitionné un cycle de 3 oratorios, trilogie magnifique typiquement viennoise, culminant avec une dernier opus d’après l’épopée du Jugement Dernier. Mais cela ne fut pas possible: Swieten devait mourir en 1803, Haydn avait depuis quelques années cessé de composer, trouvant refuge dans sa maison excentré de Gumpendorf.
Haydn restait jusqu’à la fin musicien. En dehors des bénéfices indiscutables apportés par sa collaboration avec l’aristocrate bibliothécaire, il reconnaissait finalement la supériorité de son premier oratorio sur son second, ainsi que sa déclaration à son biographe Carpani en témoigne: « Dans le premier ouvrage, les personnages sont des anges; dans le second, ils ne sont que paysans ». Le divin, le païen. Le sacré et le sublime d’un côté, et de l’autre, l’humble, le modeste et le profane. Contre des réductions mensongères, constatons cependant la profondeur du message des Saisons: Haydn y peint en des tons saisissants, le miracle du Créateur au travers des Saisons, vaste et magnifique panorama.

Mercredi 9 septembre 2009 à 20h
en direct de la Philharmonie de Berlin,
dans le cadre du festival de Berlin,
et en simultané avec l’Union européenne de radios

Joseph Haydn:
Les Saisons Hob XXI:3, oratorio

Christiane Oelze : soprano, Hanne
John-Mark Ainsley : ténor, Lukas
Thomas Quasthoff : baryton, Simon
Choeur de la Radio de Berlin : dirigé par Simon Halsey
Orchestre Philharmonique de Berlin.
Direction : Sir Simon Rattle

Derniers articles

CRITIQUE, concert. BORDEAUX, Auditorium, le 15 mai 2025. FAURE : Requiem (+ Extraits de « Hamlet » d’A. Thomas et de « Tristia » de H. Berlioz). S....

Sous la direction superlative de Raphaël Pichon, l’Ensemble Pygmalion a offert une soirée d’une rare intensité à l'Auditorium de...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img