vendredi 29 mars 2024

Jos van Immerseel, chef d’orchestre Radio Classique, samedi 17 mai 2008 à 20h

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Jos Van Immerseel,
Chef d’orchestre



Radio Classique
Samedi 17 mai 2008 à 20h

Concert en direct de la Cité de la musique à Paris.

Bruxelles, Flagey
Lundi 19 mai 2008 à 20h

Franz Liszt: Méphisto Valse n°1

Edouard Grieg
: Concerto pour piano et orchestre

Hector Berlioz
: Symphonie Fantastique
Rian de Waal, piano (Erard). Anima Aeterna. Jos Van Immerseel, direction

Beethoven réinventé
Voilà que depuis quelques années, Jos Van Immerseel offre avec son ensemble Anima Aeterna, plusieurs lectures décapantes et dépoussiérées des oeuvres romantiques. Aux côtés des Gardiner ou Herreweghe, le souci d’exactitude instrumentale, de style et de conception du volume orchestral bouleverse notre habitude et notre connaissance des oeuvres, héritées du XIXème et de la première moitié du XXème siècle. On doit quelques versions à présent légendaires au brillant espiègle défricheur comme ce Concerto pour deux pianos de Mozart (2006), mais aussi, plus proche de nous dans le calendrier musical, un Ravel renouvelé, (Boléro, 2005) loin d’être asseptisé et squelettique: la ciselure instrumentale, le sens du timbre, la transparence et l’équilibre des pupitre, s’imposent. Nous nous souvenons de concerts symphoniques proposés Salle Pleyel en décembre 2007, déjà dédiés à l’orchestre beethovénien (entre autres, Symphonie n°5 et Concerto pour piano n°1). L’admirable pianiste et claveciniste, qui a fondé depuis plus de 20 ans déjà (1987) son propre ensemble relit avec un tempérament indiscutable nombre d’oeuvres parmi les plus jouées, comme les Symphonies de Beethoven. Au coeur de son travail musical et interprétatif, le soin apporté à la facture instrumentale. En avril 2008, paraissent Symphonies et ouvertures en un coffret discographique exhaustif de l’écriture Beethovénienne soumise au prisme Immerseel (6 cd Zig Zag Territoires). Occasion pour nous de réaliser un bilan sur une telle approche interprétative, de première importance.

En plus de l’intégrale des 9 Symphonies, Jos Van Immerseel, dévoile aussi plusieurs oeuvres complémentaires du génie beethovénien: en particulier les Ouvertures : Les Créatures de Prométhée, Coriolan, Egmont, Les Ruines d’Athènes, La Consécration de la maison). Réécouter Beethoven comme à son époque et après lui, du vivant de Berlioz par exemple (Paris, 1828) qui s’enthousiasme à la Société des concerts du Conservatoire, n’est pas une mince affaire. Retrouver la couleur orchestrale comme les sonorités de l’époque Beethovénienne et romantique n’est qu’un prétexte qui certes est déjà honorable. Mais ici les moyens servent une autre fin, poétique, esthétique, philosophique: retrouver dans sa texture d’origine, la violence de la musique, le souffle originel de sa portée révolutionnaire. Outre le choix des instruments, ce sont les données stratégiques du style: tempos, nuances dynamiques, diapason… comme également le nombre de musiciens (historiquement entre 40 et 50, sauf pour la IXème, plus ambitieuse) … déduit par la connaissance exacte des salles viennoises (jusqu’à 3.000 places) dans laquelle et pour lesquelles Beethoven a composé ses symphonies…

Violence du son romantique
En matière de tempi, les indications d’Immerseel (suiveur de Gardiner et de Norrington à ce sujet) sont nettes: il convient de cesser de jouer les partitions de façon aussi lente. De tels tempos ralentis, « boursoufflés », porteurs de cette ampleur et de ce pathos romantisants, sont inconcevables pour les instruments de l’époque de Beethoven (cordes aux gestes courts). Même les chanteurs souffrent dans la IXème Symphonie de ce point de vue.

Au coeur de la démarche du chef, il y a le choix des instruments requis. « On sait que Beethoven s’informait très précisément auprès des musiciens des capacités techniques de leurs instruments. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il pousse chaque instrument à l’extrême de ses possibilités. C’est en partie pourquoi cette musique est si révolutionnaire : par sa grande difficulté technique, mais aussi par le caractère dramatique que cela confère à la musique (et cette dramatisation est également accentuée si l’on respecte le diapason de l’époque qui était haut : au moins 440, si ce n’est plus). C’est pourquoi il est si important de jouer cette musique sur instruments d’époque. Les instruments modernes rendent cette musique plus facile… (…); ils ne sonnent évidemment pas comme il faut, avec leurs cordes métalliques » précise Jos Van Immerseel.

Fagott (basson) viennois, contrebasse avec frettes, timbales en peau naturelle, avec baguettes dures, cuivres « naturels », en technique bouchée pour les cors; cordes sans vibrato, selon la technique inspirée de la Méthode de violon de Spohr (Vienne, 1832), « réinventent » ainsi mais dans le respect originel des oeuvres, la Symphonie n°9 par exemple…

En plus de l’obtention d’une couleur sonore désormais spécifique, Anima Aeterna ressuscite l’effort et la tension qu’éprouve chaque instrumentiste, ainsi poussé dans ses extrêmes, si proche de la quête extrêmiste d’un Beethoven, expérimentateur et toujours audacieux…

Aucun doute qu’en abordant aujourd’hui Berlioz et sa Fantastique, autre manifeste révolutionnaire qui exige des instruments autant qu’à l’époque de Beethoven, Jos van Immerseel et Anima Aeterna ne dévoilent de nouvelles pépites dans les sillons de leurs champs fraîchement labourés. Concert événement.

CD
L’intégrale des Symphonies de Beethoven, par Anima Aeterna sous la baguette de Jos van Immerseel, complétée par quelques ouvertures, est publiée par Zig Zag Territoires en un coffret événement (6 cd) qui sort en mai 2008.

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