vendredi 19 avril 2024

Jean Sibelius: Symphonie n°2. Ecoute comparée France Musique, dimanche 21 février 2010 à 10h

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Jean Sibelius
Symphonie n° 2


Architecture pulsionnelle
Composée en février et mars 1901, après son poème symphonique
Finlandia, la Deuxième Symphonie n°2 en ré majeur, opus 43, est le plus
connu des opus symphoniques de Sibelius, conçue lors d’une séjour en
Italie à Rapallo. Les partisans de l’indépendance la considèrent
rapidemment comme un chant nationaliste (en particulier grâce à son
chant triomphal obtenu après une lutte âpre qui requiert toutes les
ressources des instrumentistes), qui sur le plan des caractères et des
climats se montre comme la Première Symphonie, résolument romantique.
Pourtant, le compositeur y déploie déjà cette tentation de l’éclatement
organique, composé d’une multitudes d’épisodes et de micro climats,
brossant un paysage exceptionnellement palpitant du motif.

On a tôt fait d’étiqueter la Deuxième Symphonie comme l’ultime volet
d’une période « classique », or dans son développement, l’oeuvre déroute
à plus d’un titre par la multiplicité des feux que semble allumer un
orchestre changeant, instable, aux humeurs fluides et contrastées. A
plus d’un titre, on sent que l’auteur pressent la dissolution de la
forme. Le Vivacissimo relance davantage la
capacité des cordes à vibrer, frappées
par une ivresse lyrique irrépressible, expression plus frappante encore
de l’oscillation émotionnelle du compositeur. Ici le chef doit se montrer encore
plus audacieux et vertigineux, creusant la disparité des humeurs
fulgurantes: c’est une tempête vive, acérée, et finalement dansante qui
se résout, avec la réitération du motif du premier mouvement, énoncé
aux bois, repris au violoncelle solo, comme le signe d’un souverain
contrôle à présent assumé. Chez Sibelius tout tient à ces passages
incessants et presque imperceptibles, entre la tension paroxystique et
la détente nostalgique en un motif enfoui, soudainement affleurant. Ce
n’est qu’au terme d’un regain de violence et d’énergie radicale, que
l’orchestre entonne, presque fanfaronnant son chant de victoire, lui
aussi en provenance d’un magma terrien, d’une force et d’une assise
chtonienne. Chef et musiciens doivent fouiller jusqu’au tréfond de leur âme,
pour clamer en un chant ivre et définitif, cet élan vertigineux,
miracle d’espérance jaillissante.

France Musique
La tribune des critiques de disques
Dimanche 21 février 2010 à 10h

CD

Qui a écouté
l’intégrale de Salonen des symphonies de Sibelius, salle Pleyel, à
Paris, en novembre 2007, aura saisi combien le chef finlandais, très
engagé par l’écriture flamboyante et changeante, essentiellement
pulsionnelle et versatile du compositeur, a le souci de l’équilibre de
la forme, de l’éclat et de lumière des timbres et des pupitres. Jean Sibelius: Symphonie n°2. Los Angeles Philharmonic Orchestra, direction: Esa-Pekka Salonen

Illustration: Jean Sibelius en 1939 (DR)

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