Jean Christophe Frisch
Le baroque tsigane de Transylvanie
France Musique
Tous les matins à 9h05
Du 8 au 12 octobre 2007
Dé(Frisch)eur
Chercheur mobile, le directeur musical de l’ensemble XVIII-XXI, Jean-Christophie Frisch, sur les traces d’un autre voyageur, Petro della Valle, dit « Il Pellegrino » (1586-1652) aux confins merveilleux de l’Orient, s’intéresse à présent aux Tsiganes de Transylvanie. Son point de recherche coïncide avec sa propre découverte du Codex Caioni datant du XVII ème siècle et retrouvé en Transylvanie. Le manuscrit, très célèbre en Turquie Ottomane comme en Roumanie, est méconnu des musicologues occidentaux. Il regroupe plusieurs pièces sacrées et profanes de Roumanie, Hongrie, et d’autres régions d’Europe Centrale dont les mythiques Carpates. L’influence de Venise s’y ressent nettement. Aux côtés des airs populaires dont probablement ceux originaires de la communauté Houtsoule (entre Ukraine et Roumanie), la majorité des oeuvres redécouvertes sont des mélodies de cour et des oeuvres sacrées dont des partitions de Schütz et de Monteverdi.
En décidant d’aborder ce répertoire ancestral où la tradition orale a permis de transmettre aujourd’hui encore, une pratique vivante, en particulier chez les Tsiganes actuels, Jean-Christophe Frisch associe à son ensemble de musique baroque, de jeunes musiciens qui ont reçu la connaissance de ce répertoire par la tradition orale. Il a sollicité aussi des chanteurs roumains possédant ce grain vocal spécifique à l’Europe centrale: Adriana Epstein (mezzo) et Ion Dimieru (baryton). En fait, le fondateur de XVIII-21 suit un chemin ininterrompu qui l’a mené de Pellegrino à Istanbul où les compositeurs majeurs à l’époque de l’art Ottoman baroque, étaient d’origine roumain: Bobvius et Cantemir, musiciens à la Cour du Sultan.
Le moine Kajoni Janos/Johannes Caianu
A la source du Codex Caioni, le moine franciscain, Joahnnes Caioni a consigné (en tablatures d’orgue) toutes les pratiques musicales liturgiques dont il était familier, dans un manuscrit demeuré jusqu’au XXème au monastère de Miercurea-Ciuc (au Nord-Est de la Transylvanie). Le trésor, environ 500 partitions ainsi regroupées, fut découvert, en 1988, pendant une campagne de restauration, dans un mur après que les moines l’ait ainsi caché, fuyant les troupes soviétiques.
Jean-Christophe Frisch a tenté de restitué les parties manquantes en particulier les voix, dont les paroles et les notes n’étaient pas indiquées, apprises par coeur par les chanteurs de l’époque de Johannes Caioni. Par comparaison avec des motets contemporains de Carissimi et d’autres compositeurs baroques du XVII ème siècle, le chercheur a pu retrouver les textes des partitions possédant le même titre.
La journée d’un mariage roumain au XVII ème siècle
Les concerts d’abord en Roumanie (du 30 septembre au 16 octobre 2007, à Bucarest, Cluj et Sibiu) et le disque (à venir d’ici l’été 2008) qui découlent de cette étude personnelle du Codex Caioni suivent un voyage thématique celui d’une journée de mariage, selon les divers lieux traversés.
France Musique:
« Le Baroque Tsigane de Transylvanie ». Du 8 au 12 octobre 2007 à 9h, Jean-Christophe Frisch raconte ses recherches sur le Codex Caioni, ses tentatives de restitution d’un manuscrit aux nombreuses lacunes, ses rencontres qui se sont réalisées en Roumanie où il travaille l’approche musicale du projet. Aux côtés des compositeurs connus tels Shütz ou Monteverdi, tout un répertoire nouveau, inédit en Europe Occidentale, surgit, surtout provenant des auteurs de la Roumanie Baroque, foyer musical très actif. Jean-Christophe Frisch tente aujourd’hui de retranscrire/traduire avec les musiciens locaux actuels, ce legs culturel à partir d’un manuscrit qui n’offre qu’un squelette lacunaire.
Lire sur le site de Jean-Christophe Frisch son journal de recherche à propos du Codex Caioni
Crédit photographique
Jean-Christophe Frisch (DR)