jeudi 8 mai 2025

Hector Berlioz: Symphonie Fantastique, Lélio… Poitiers, Auditorium. Mardi 14 avril 2009 (création scénique)

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Hector Berlioz

(1803-1869)

Episode de la vie d’un artiste
Symphonie Fantastique

Lélio ou le retour à la vie


Mardi 14 avril 2009

Poitiers, TAP Auditorium

Création scénique mondiale

Orchestre des Champs Elysées,

Philippe Herreweghe, direction

Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil, mise en scène


Diptyque amoureux
, 1830-1832

A la source de la Fantastique (1830) et de Lélio (1832), les tourments, obsessions et peines amoureux de Berlioz. Le diptyque que forment les deux oeuvres comme les deux parties d’un même coeur, dessinent un parcours contrasté, une géographie émotionnelle qui au début, s’exalte et s’effondre; puis, en dénouement heureux, trouve la paix intérieure… : si dans la première partie symphonique (la Symphonie Fantastique), quand le pouvoir poétique de la musique est dévolu au seul chant de l’orchestre et aux voix des instruments, l’artiste est la proie du désespoir, de l’amertume et des drogues hallucinogèmes qui produisent leur lot de visions terrifiantes dont la figure de l’aimée inaccessible et hautaine (mais aussi le cauchemar sans répit du Songe d’une nuit de Sabbat), le second volet atténue les cimes de la souffrance et de la solitude endurées. Lélio est le double du héros (Berlioz?) qu’on avait connu au terme de la Fantastique, suicidaire. Il parvient à vivre et réaliser ce retour à la vie, … direction salvatrice. Plus serein, le musicien démiurge contrôle ses passions, trouve refuge et havre dans la musique… et la sainte littérature (on sait combien Berlioz fut lecteur de Goethe, Shakespeare, Virgile).


Fin et complément de la Fantastique

Lélio, succédant à la Fantastique est créé le 9 décembre 1832 à la Société des Concerts du Conservatoire à Paris, avec succès.
Dans Lélio, les moyens musicaux sont complets, proches de l’opéra: un acteur, deux chanteurs solistes, un choeur, en plus de l’orchestre.
Comme dans le poème de Verlaine, – Mon rêve familier-, où une femme rêvée inconnue, « et que j’aime et qui m’aime« , la mise en scène de Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil convoque une figure énigmatique (une blonde et mystérieuse jeune femme qui paraît régulièrement sur les vidéos projetées; en fait l’une des danseuses, Gabrielle Weisbuch), en référence aux héroïnes cinématographiques légendaires et mémorables (telle Kim Novak dans Vertigo d’Alfred Hitchcok), pour incarner cette présence lointaine et proche, qui se dérobe pour toujours revenir et hanter l’esprit de celui qui s’en laisse absorber… Sur un vaste écran vidéo, et sur la scène, l’aimée, la muse, la mort, silhouette du destin et du désir, s’affichent, « ni tout à fait la même, ni tout à faut une autre »… dit le poème. En plus des images animées, et de l’orchestre, un acteur évolue, exprime attentes et aspirations du jeune poète, entouré de cinq danseuses.
En choisissant de mettre en scène une partition inclassable, les metteurs en scène, par ailleurs codirecteurs de l’opéra français de New-York, soulignent la force suggestive expérimentale qui est inscrite dans la partition de Berlioz: ni opéra traditionnel, ni « légende dramatique » (titre de sa « Damnation de Faust« , autre opus qui est un vrai défi aux hommes de théâtre), mais « monodrame lyrique » dont le premier volet, comme un préambule, est purement symphonique. Voilà qui rend davantage difficile l’idée même de scénographie.
Présenté par l’auteur comme la fin et le complément de la Symphonie Fantastique, Lélio ou le retour à la vie est composé pendant la résidence (vécue comme une véritable incarcération) du musicien rebelle et à la Villa Medicis à Rome. Selon les didascalies laissées par Berlioz, orchestre, chanteurs, et choeur ne se voient pas: ils sont derrière la toile au devant de laquelle évolue l’acteur sur l’avant-scène. Les musiciens dissimulés expriment l’espace du rêve.

La production après sa création (scénique) mondiale à Poitiers (Auditorium), part en tournée au Brésil dans le cadre de l’année de la France au Brésil. Défi et chance pour une partition si peu présentée dans sa formulation double, dans son pays d’origine. Fidèle à son approche en profondeur des oeuvres, Philippe Herreweghe dirige l’Orchestre qu’il a fondé, l’Orchestre des Champs-Elysées qui joue sur instruments d’époque. Quelle autre formation pour ciseler l’art des nuances et des alliages de timbres, des combinaisons dramatiques inédites et audacieuses d’un compositeur majeur, à la fois dramaturge et génie de l’orchestration?

Hector Berlioz: La Symphonie Fantastique, Lélio le retour à la vie, 1832
Avec Robert Getchell (ténor), Pierre-Yves Pruvot (baryton), Marcial di Fonzo Bo (acteur), danseuses, Jeune Choeur de Paris (Geofroy Jourdain, direction), Orchestre des Champs -Elysées. Philippe Herreweghe. Jean-Philippe Clarat et Olivier Deloeuil, mise en scène. Coproduction Orchestre des Champs-Elysées

Illustrations: la danseuse Gabrielle Weisbuch, Jean-Philippe Clarac & Olivier Beloeuil (DR)

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