Hector Berlioz Episode de la vie d’un artiste
(1803-1869)
Symphonie Fantastique
Lélio ou le retour à la vie
Mardi 14 avril 2009
Poitiers, TAP Auditorium
Création scénique mondiale
Orchestre des Champs Elysées,
Philippe Herreweghe, direction
Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil, mise en scène
Diptyque amoureux, 1830-1832
Fin et complément de la Fantastique

Dans Lélio, les moyens musicaux sont complets, proches de l’opéra: un acteur, deux chanteurs solistes, un choeur, en plus de l’orchestre.
Comme dans le poème de Verlaine, – Mon rêve familier-, où une femme rêvée inconnue, « et que j’aime et qui m’aime« , la mise en scène de Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil convoque une figure énigmatique (une blonde et mystérieuse jeune femme qui paraît régulièrement sur les vidéos projetées; en fait l’une des danseuses, Gabrielle Weisbuch), en référence aux héroïnes cinématographiques légendaires et mémorables (telle Kim Novak dans Vertigo d’Alfred Hitchcok), pour incarner cette présence lointaine et proche, qui se dérobe pour toujours revenir et hanter l’esprit de celui qui s’en laisse absorber… Sur un vaste écran vidéo, et sur la scène, l’aimée, la muse, la mort, silhouette du destin et du désir, s’affichent, « ni tout à fait la même, ni tout à faut une autre »… dit le poème. En plus des images animées, et de l’orchestre, un acteur évolue, exprime attentes et aspirations du jeune poète, entouré de cinq danseuses.
Présenté par l’auteur comme la fin et le complément de la Symphonie Fantastique, Lélio ou le retour à la vie est composé pendant la résidence (vécue comme une véritable incarcération) du musicien rebelle et à la Villa Medicis à Rome. Selon les didascalies laissées par Berlioz, orchestre, chanteurs, et choeur ne se voient pas: ils sont derrière la toile au devant de laquelle évolue l’acteur sur l’avant-scène. Les musiciens dissimulés expriment l’espace du rêve.
La production après sa création (scénique) mondiale à Poitiers (Auditorium), part en tournée au Brésil dans le cadre de l’année de la France au Brésil. Défi et chance pour une partition si peu présentée dans sa formulation double, dans son pays d’origine. Fidèle à son approche en profondeur des oeuvres, Philippe Herreweghe dirige l’Orchestre qu’il a fondé, l’Orchestre des Champs-Elysées qui joue sur instruments d’époque. Quelle autre formation pour ciseler l’art des nuances et des alliages de timbres, des combinaisons dramatiques inédites et audacieuses d’un compositeur majeur, à la fois dramaturge et génie de l’orchestration?
Hector Berlioz: La Symphonie Fantastique, Lélio le retour à la vie, 1832
Avec Robert Getchell (ténor), Pierre-Yves Pruvot (baryton), Marcial di Fonzo Bo (acteur), danseuses, Jeune Choeur de Paris (Geofroy Jourdain, direction), Orchestre des Champs -Elysées. Philippe Herreweghe. Jean-Philippe Clarat et Olivier Deloeuil, mise en scène. Coproduction Orchestre des Champs-Elysées
Illustrations: la danseuse Gabrielle Weisbuch, Jean-Philippe Clarac & Olivier Beloeuil (DR)