Georg Friedrich Haendel
Le Messie HWV 56, 1742
Le 23 juin 2007 à 20h30
Nice, Cathédrale Sainte-Réparate
Rossana Bertini, soprano
Pascal Bertin, contre-ténor
Jean Delescluse, ténor
Philippe Cantor, basse
Choeur Régional Provence Alpes-Côte d’Azur
Ensemble Baroque de Nice
Gilbert Bezzina, direction
Renseignements et réservations : 04 97 13 23 95 – 04 97 13 36 89
Trop en avance sur son temps
L’oratorio le plus populaire de Haendel occupe paradoxalement une place singulière dans le catalogue de ses oeuvres. Ecrit en quelques jours, du 22 août au 14 septembre 1741, l’oeuvre est créée à Dublin suscitant un triomphe sans précédent: l’audience compte près de 700 auditeurs. L’ouvrage est ensuite repris à Londres, le 23 mars 1743, où les choses se gâtèrent quelque peu.
Mais, oser mettre en musique et de façon aussi dramatique, dans un théâtre de surcroît, les textes sacrés: voilà qui en était trop pour la majorité du parterre. Il en fut ainsi lors de la création d’Israël en Egypte (1739) dont l’importance des choeurs et la mise en forme opératique d’un texte religieux, dérouta les spectateurs. Haendel connut là aussi un échec marquant.
Trop en avance sur la sensibilité de ses contemporains, Haendel allait devoir attendre encore quelques années. 1750, pour être rprécis, quand, joué chaque année dans la chapelle du Founding Hospital, Le Messie sut convaincre un nombre croissant d’auditeurs. Interprété plus de trente fois, l’oeuvre est remaniée à chaque exécution, en fonction des possibilités à disposition, des musiciens et des chanteurs occasionnels.
Un oratorio en trois parties
A l’origine réduite aux cordes, trompettes et timbales, l’orchestration fut peu à peu enrichie par adjonction de hautbois et de bassons. Grâce à la compilation opérée par Charles Jennens (collaborateur précédent pour Saul, créé en 1739), le livret du Messie est parfaitement structuré, clair et cohérent. La première partie cite les Evangiles et met en scène les Prophètes annonciateurs du Christ. Dans le deuxième partie, les textes choisies à partir des Lamentations de Jérémie et des Psaumes évoquent la Passion et la Résurrection du Christ. Enfin, en conclusion comme une apothéose riche en enseignement spirituel, la sélection de Lettres de Saint-Paul, souligne le symbolisme de la Résurrection. Le Messie n’est pas un personnage en tant que tel. Il reste néanmoins le sujet principal et est constamment présent par analogies, citations directes ou métaphores, autant d’apparentes digressions ou d’ellipses dans lesquelles excelle le génie expressif de Haendel. Le compositeur âgé de 57 ans, qui a derrière lui, une carrière prestigieuse d’auteur lyrique, a conservé un feu intérieur intact dans l’évocation des sentiments exaltés, dans la suggestion de tableaux épiques, intérieurs, poétiques ou exclamatifs.
L’oeuvre exalte la grandeur et l’omnipotence du Christ, contrairement aux Passions de Bach qui insistent sur les vertiges inquiets des fervents et sur les souffrances du Sauveur. Haendel prendra dès 1742 sa revenge avec Samson, probablement achevé au moment de la création du Messie, mais dont la création au Théâtre Royal de Convent Garden, le 18 février 1743, allait transporter les spectateurs, en particulier grâce au rôle-titre, tenu par un ténor.
Illustrations
Raphaël, La Transfiguration
Piero della Francesca, La Résurrection