jeudi 28 mars 2024

Gustavo Dudamel: The Inaugural Concert (2009) Los Angeles Philharmonic (1 dvd Deutsche Grammophon)

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Adoubement d’un chef

Los Angeles, 8 octobre 2009: un nouveau chef pour le
Philharmonic de Los Angeles, porté jusque là par Esa Pekka Salonen.
Grâce à ce dernier, l’orchestre est davantage que le Berliner
Philharmoniker habitué aux créations et oeuvres contemporaines: on
décèle comparé à leurs confrères berlinois, une audace, un feu crépitant
singulier qui font toute la saveur épicée de City Noir de John
Adams (né en 1947), commande du Philharmonic de Los Angeles, et donnée
ici en première mondiale. Cela swingue avec une frénésie débraillée
(jubilation du saxophone) qui démontre d’emblée la complicité quasi
électrique qui émane des instrumentistes et du jeune maestro Dudamel. Le
duo promet et annonce de prochaines réalisations exemplaires.

Rappelons que Dudamel a fait ses débuts de chef en 2005 avec le
Philharmonique de Los Angeles: leur rencontre remonte déjà à 5 années.
Elle est passée depuis par des accomplissements mémorables comme en
2007, également au Walt Disney Concert Hall, le Concerto pour orchestre
de Bartok (avril 2007, période où le chef est nommé futur directeur
musical).
L’orchestre exprime de la partition de Adams, une course poursuite dans
les rues urbaines, un hymne trépidant par l’euphorie de ses rythmes (qui
renvoie au jazz symphonique inauguré par Darius Milhaud en 1923 avec « La
Création du monde »
), à la vie citadine et dont le thème reste « la
Californie, son paysage et sa culture ». Il s’agit aussi d’évoquer
l’ambiance des films américains des années 40, comme l’atmosphère du
Dahlia noir d’après Kevin Starr: tension, crescendos cinglants, vagues
murmurées et mystérieuses aux cordes… La relation d’Adams et de
l’Orchestre est déjà ancienne et le compositeur a livré un cycle
important d’oeuvres dont Naive and Sentimental Music.
Dans la partition tripartie d’Adams, de près de 30 minutes, véritable
poème lyrique et cinématographique, la direction de Dudamel est d’une
clarté et d’une précision captivante, qui joue des contrastes, et des
ruptures, des syncopes fulgurantes, se souciant de l’opulence du son et
de l’expressivité ténues de tous les pupitres… alchimiste de la
matière sonore et poète des gradations dramatiques, le jeune maestro
d’origine vénézuélienne, est un sensitif et un architecte… qui cultive
et transmet la flamme. Montée de température garantie pour une oeuvre
déhanchée, qui voisine souvent avec la transe jusqu’à son final
échevelé.
Même science des climats et de l’hédonisme sonore dans une Symphonie
Titan de Gustav Mahler que Dudamel connaît bien pour l’avoir appris
auprès de son mentor José Antonio Abreu au Venezula, alors qu’il n’était
encore qu’un jeune apprentis, élève au sein de l’école nationale de
musique, el Sistema. Mahler a valu au maestro, ses émotions les plus
décisives et son prix au Concours de direction Gustav Mahler à Bamberg
en 2004 (qui l’a révélé au monde).
L’oeuvre symbolique dans sa carrière depuis lors, trouve en Dudamel un
ardent défenseur qui comprend toutes les données contradictoires et si
riches d’une partition autobiographique, réglée en 1899: expérience
amère et sombre, puis tendre et enivrée, souvenirs de ses lieder (Lieder
eines fahrenden Gesellen
), couleurs funèbres de 3è mouvement,
scherzo allant et limpide, surtout matière cosmique, aérienne du premier
mouvement, véritable portique d’introduction à toute l’oeuvre
symphonique de Mahler qui en conçoit le premier schéma général à 28 ans!

Du même âge ou presque, Dudamel
nous offre une lecture dont la prise live, restitue la sincérité, la
grâce, l’humanité profonde et vivante. Quel chef et quel orchestre!

Gustav Dudamel: the inaugural concert. John Adams
(1947): City noir (2009, première mondiale). Gustav Mahler (1860-1911):
Symphonie n°1 « Titan ». Los Angeles Philharmonic orchestra. Gustav
Dudamel, direction.

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