Gustave Charpentier
Louise, 1900
Le 5 mai 2007 à 19h
Soirée lyrique. Opéra enregistré le 15 avril 2007 à l’Opéra Bastille à Paris. Louise. Roman musical en 4 actes sur un livret de Gustave Charpentier
Mireille Delunsch, Louise
Jane Henschel, La Mère
Marie-Paule Dotti, Irma
Natacha Constantin, Camille
Anne Salvan, Gertrude
Paul Groves, Julien
José Van Dam, Le Père
Luca Lombardo, Un Noctambule, le pape des fous
François Bidault, Un Chiffonier
Orchestre et Choeurs de l’Opéra de Paris.
Sylvain Cambreling, direction
Louise demeure la grande oeuvre de Charpentier, élève de Massenet, grand prix de Rome en 1887, à l’âge de 27 ans (grâce à sa cantate Didon). Proche du peuple et des petites gens, Charpentier poursuit l’oeuvre d’un Bizet en dépoussiérant tout ce dont souffrait l’opéra vieillissant. Il se concentre sur la dignité des humbles, le sublime chez les pauvres. En peintre et poète naturaliste, il donna sa version du drame symphonique, inspiré par Berlioz (Lelio), dans La vie du poète. Le génie musical confronté à la nature, à la société, choisit ici de s’engager humainement, socialement, politiquement. En 1902, Charpentier fonde le conservatoire Mimi Pinson où les élèves reçoivent une formation musicale gratuite.
L’opéra naturaliste
Louise semble prolonger l’idéal réaliste et populaire de Zola. Créé sur la scène de l’Opéra-Comique le 2 février 1902, l’ouvrage suscita un vif débat: critiques et conservateurs furent choqués par l’obscénité et la vulgarité du sujet qui mettait en scène des personnages « interdits » jusqu’alors sur les planches lyriques: petites gens du pavé parisien, ouvriers et couturières, … Pire, Charpentier, fidèle à ses convictions socialistes voire anarchiques, souligne sans ambiguité, l’amour libre. Louise, dont la famille misérable mais travailleuse, donne un portrait des humbles soumis et honnêtes, se laisse attendrir et séduire par le Paris tentateur et bohême, celui de Montmartre, des insurgés de la Commune, des amoureux et des artistes. En elle, bat un coeur libre, émancipé, en particulier libéré de l’emprise et de la loi du père.
Ecrit comme une symphonie pour voix, sans air ni duo précisément délimité, l’opéra emprunte à Wagner, comme à Massenet dont la sensualité vibrante s’exprime ici dans le chant langoureux de l’héroïne qui s’ouvre à l’amour, avec une irrésistible innocence. Oeuvre moderne, assumée telle qu’elle par son auteur, Louise fut chantée par Mary Garden, la créatrice du rôle de Mélisande dans le Pelléas et Mélisande de Debussy (créé en 1902 à l’Opéra-Comique aussi) et fut adaptée au cinéma par Abel Ganz en 1939, dans une version qui ne séduit pas Charpentier.
Illustration
Lepage, Aux foins (1878, Paris, musée d’Orsay)